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Qu’est ce que la peste dansante, l’épidémie qui a fait rage en 1518 ?

Publié par Jessy le 29 Mai 2019 à 5:24
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Le XVIème siècle est perçu comme un renouveau intellectuel. Les historiens s’accordent à dire qu’en France, le siècle a débuté avec l’avènement du roi François 1er en 1515 et se termine en 1610, année du meurtre d’Henri IV. Mais en 1518, un fait aussi surprenant que meurtrier a touché Strasbourg : la peste dansante. Un retour sur cet événement qui a duré environ trois mois est possible grâce aux nombreuses oeuvres scientifiques relatant ce phénomène, mais aussi grâce à John Waller, qui relate les faits dans The Dancing Plague.

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À Strasbourg, une étrange épidémie de danse fait des centaines de morts

Le XVIème a été un tournant dans l’histoire de l’Europe et de la France. Historiquement, les spécialistes s’accordent à dire que ce siècle est marqué par la Renaissance, née en Italie. Pour de nombreux historiens, le XVI ème siècle aurait commencé en 1492, à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. En France, on situera le XVIème siècle en 1515, année de l’avènement de François 1er. Mais trois ans plus tard, un événement important se passe à Strasbourg, qui reste encore un mystère aujourd’hui.

Si la presse quotidienne avait était aussi présente en 1518 qu’elle l’est aujourd’hui, voici ce que les citoyens français, mais aussi du monde entier, auraient pu lire : « Strasbourg : une étrange épidémie de danse fait des centaines de morts » . Un titre aussi énigmatique qu’insolite. Et pourtant, au début du XVI ème siècle, la ville de Strasbourg a connu une épidémie qui reste, encore aujourd’hui, un mystère. Et c’est Frau Toffea qui a ouvert le bal d’une danse meurtrière, le 14 juillet 1518. Selon le médecin Paracelse, la femme est la première victime de la folie dansante, une sorte de « patient zéro » , qui s’est mis à danser sans pouvoir s’arrêter. Malgré les supplications de son mari, cette dernière dansera pendant six jours et six nuits. Parfois, cette dernière s’endormait de fatigue, mais son répit ne durait que peu de temps. À son réveil, la femme dansait de nouveau. Ses pieds étaient en sang, et la fatigue de plus en plus éprouvante.

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Alors on danse

Ce qui aurait pu être perçu comme une « transe passagère » , se transforme rapidement en « flashmob mortel » . Le 25 juillet, 50 personnes environ sont touchées par cette danse incontrôlable. Mais à l’époque, les médecins ont fait des théories à l’image des connaissances de l’époque, et ont conclus que la maladie était due à « un sang trop chaud » . Loin d’être vue comme une maladie dangereuse et mortelle, la ville décide d’en faire une sorte de spectacle. Le conseil de la ville décide de laisser de l’espace à ces danseurs, qui seront accompagnés par des musiciens professionnels, engagés pour les suivre nuit et jour.

Mais en mettant les danseurs sur le devant de la scène, la ville n’a fait qu’exposer un peu plus la maladie dans les rues de Strasbourg, contaminant de plus en plus de citoyens. Au total, environ 400 personnes seront touchées, avant que le conseil de la ville décide de les envoyer à Saverne, où les malades assistent à une cérémonie en l’honneur de Saint Guy, connu pour être le protecteur des malades de chorée (mouvements anormaux, comme l’explique LeMonde). Au final, il faudra plusieurs semaines avant que l’épidémie ne cesse, après avoir fait des centaines de morts.

Un « Flashmob » meurtrier

Aujourd’hui encore, les historiens n’ont pas de réponse concrète sur les causes de cette épidémie dansante qui a eu lieu au début du XVIème siècle. Certains médecins ont été appelés sur les lieux, à l’époque de l’épidémie, et ont tous conclus à un phénomène de « sang chaud » . Une explication qui semble aujourd’hui aussi insolite que l’événement. À l’époque, les médecins ont statué que la maladie « du sang chaud » devait être combattue non pas par les saignements (une pratique qui se faisait pour de nombreuses maladies), mais belle et bien par la danse. Une erreur de jugement qui a conduit à la contamination de plus de 400 personnes.

Lorsqu’on parle d’une épidémie de danse, on n’imagine pas que cette dernière ait pu être aussi meurtrière. Au départ perçue comme un bienfait, les autorités ont vite déchanté lorsque la « peste dansante » évoluait un peu plus chaque jour dans les rues de Strasbourg, faisant de plus en plus de morts. Les citoyens atteints de cette maladie suppliaient, criaient, imploraient pour que cette danse douloureuse et meurtrière s’arrête. Au plus fort de l’épidémie, 15 personnes pouvaient mourir par jour. Des décès dus à la fatigue extrême, aux crises cardiaques et aux arrêts cardio-vasculaire. Pour autant, tous ces décès n’étaient pas rapprochés de la « peste dansante » . Trois mois après le début de l’épidémie enclenchée par Mme Toffea, la « peste dansante » disparu aussi vite qu’elle était venue, sur une note amère face aux nombres inquiétant de décès.

Les causes de la « peste dansante » toujours inexpliquées

500 ans se sont écoulés depuis cet épisode insolite, et les réponses à l’épidémie restent floues. La « peste dansante » de Strasbourg n’est pas la seule épidémie recensée, mais la mieux documentée. Entre 1200 et 1600, environ 20 faits similaires ont été recensés. À l’époque, plusieurs hypothèses ont été avancées, notamment la possession démoniaque, le culte hérétique, l’hystérie collective ou encore l’ergotisme, c’est à dire l’empoisonnement par du seigle. Alors hystérie collective ou contamination alimentaire, les raisons de cette folie dansante ne seront jamais expliquées. Pour autant, la « peste dansante » est aujourd’hui reprise en exemple, et est comparée aux rave parties. Mais dans les rave parties, les danseurs utilisent de la drogue récréative, servant à entrer dans une euphorie désirée et assumée. Ces derniers dansent, parfois jusqu’à l’épuisement. Mais les effets des drogues récréatives sont éphémères. En 1518, certains citoyens atteints de cette folie n’ont pas pu s’arrêter, et seule la mort a mis fin au supplice.

Parmi toutes les théories conduisant Madame Toffea à danser malgré son gré, celle mettant en cause l’ergotisme semble la plus probable. En effet, ce champignon affectant le blé aurait pu contaminer plusieurs personnes dans le village. Sans mettre en cause Mme Toffea dans l’évolution de l’épidemie, il semblerait que le virus ait pu touché plusieurs habitants. Rappelons qu’à l’époque, les conditions agricoles étaient différentes, et les produits n’étaient pas protégés contre les virus, insectes, et champignons. Aujourd’hui, l’ergotisme a disparu comme maladie humaine, grâce aux techniques modernes de nettoyage des grains. Mais cela reste une maladie présente dans le domaine vétérinaire.

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