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Primark : Intimidation, pression et sous-effectif… Quand la mode pas cher rime avec enfer !

Publié par Jessy le 11 Août 2019 à 17:00
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En quelques années, Primark est devenu un magasin de référence pour toutes les personnes aimant s’habiller pour pas cher. Tee-shirt à 8 euros, Jupe à 10 euros… De plus en plus de magasins ouvrent leur portes, et attirent toujours plus de monde. Mais très vite, Primark a été réputé comme « une usine »  où il ne fait pas bon de travailler. Des employés du Primark de Toulouse et de Dijon témoignent, avec toujours les mêmes anecdotes. Par soucis d’anonymat, leurs prénoms ont été modifiés !

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Une ambiance « happy » sur le floor, et angoissante dans les vestiaires !

Le magasin de prêt-à-porter attire énormément de monde chaque jour. En moyenne, 40 cabines et 26 caisses sont là pour vous accueillir. Les vendeurs doivent être sympas et serviables. Mais dans les couloirs des magasins, le discours des employés est différent du sourire qu’ils affichent sur « le floor » . Actu.fr est allé à la rencontre de certains employés du Primark de Toulouse. Notre rédaction s’est concentrée sur les vendeurs de Dijon. « Il faut que je cache le logo, on n’a pas le droit de se promener dans le centre commercial de la Toison d’Or avec les t-shirts officiels. Si un manager nous voit, on peut être sanctionné pour faute«  explique Manon, qui travaille à Dijon. Même sentence à Toulouse pour Marie, qui doit se changer lorsqu’elle part en pause.

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Dans les vestiaires, les fins de journées sont souvent rythmées par des soupirs. Les employés se hâtent de partir, et ne veulent pas rester une seconde de plus dans le magasin. Des anecdotes sur leur journée, un client irrespectueux, un manager qui met la pression, ou un directeur qui brille par ses réflexions désagréables. « L’ancien directeur était fourbe. Quand il avait un employé dans le viseur, on ne lui laissait pas 2 mois avant qu’il pose sa démission. Et les managers étaient bien souvent derrière lui … «  explique Martin, qui a travaillé au Primark de la Toison d’Or pendant un été. Ce dernier n’a pas tenu très longtemps sous la pression de ses managers.

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Toute la journée tu plieras !

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Lorsque vous entrez dans ce magasin, que remarquez-vous en premier ? Des rayons bien rangés ? Des vendeurs accueillants ? Non, bien sûr … Les vêtements forment une pile de plusieurs modèles de t-shirts, les pantalons sont par terre et les vendeurs ont la tête baissée sur leur table de pliage. « Comme c’est pas cher, les clients ne s’embêtent pas à replier. Ils foutent le bordel, et s’en vont comme si on était des chiens » explique un employé de Toulouse. Même ambiance à Dijon, où les vendeurs sont rarement disponibles pour les clients, qui s’agacent de les voir plier. Et certains sont même très désagréables : « Une fois, un homme m’a lancé le pull que son fils venait d’essayer, et lui a dit ‘Il est là pour ça, donc c’est pas à toi de le faire’ Et il n’avait pas tord… J’étais là que pour ça » relate alors Mathieu. Un bazar perpétuel, que les employés doivent continuer à ranger pendant 1 heure après la fermeture du magasin. Une usine avec environ 300 fourmis par magasin, qui plient et ramassent derrière des clients irrespectueux. Ils sont rabaissés, insultés et parfois menacés.

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« C’est comme diviser pour mieux régner »

 

Mais ce pliage ne vient pas de nulle part. Les managers eux-mêmes mettent une pression énorme aux employés, pour que leur département soit irréprochable. En effet, les magasins sont découpés en plusieurs départements : 6 pour les hommes, 8 pour les femmes, 1 pour les accessoires… À chaque département son manager, et à chaque manager sa façon de travailler. « Environ tous les trois à cinq mois, les équipes changent. Quand on s’entend un peu trop bien avec nos collègues, ils nous séparent. C’est un peu comme diviser pour mieux régner » explique Mathieu. De son côté, Clara ne veut plus entendre parler de Primark : « J’ai été en contrat étudiant là-bas pendant environ 1 an. Pour les grandes vacances, j’ai voulu passer de 8 heures à 35 heures. Ils me l’ont refusé. Ils n’ont pas écouté mes arguments, ils m’ont simplement dit de retourner plier » raconte la jeune femme avant d’ajouter, « parce que oui, les managers eux-mêmes le disent, et surtout aux étudiants : tu es ici pour plier, encaisser et ranger. Rien d’autre » .

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Un management qui ressemble à une cours d’école !

Avec Primark, il faut finalement se méfier de tout. Les managers ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Mais à cause de leur grade, certains vont parfois trop loin. D’autres sont gentils, mais doivent suivre les ordres du patron. Une pression qui influe énormément sur le travail de certains employés. « La pression des managers se fait ressentir sur le travail en caisse. Quand un client me posait une question et que le manager était juste derrière moi, je perdais tous mes moyens. Et bien entendu, le manager ne se privait pas pour me rabaisser ‘sur le ton de l’humour’ devant les clients«  se rappelle une employée de Dijon.

« Il faut demander pour aller aux toilettes »

Clara, Primark de Dijon

Des managers qui se moquent, qui rabaissent et qui ne sont pas présents pour leurs employés. « Si on a besoin d’aller aux toilettes, il faut demander à un manager. Et si ce dernier refuse, alors nous devons rester à notre poste de travail » explique une employée. « Pendant un temps, la direction a posté des managers aux pointeuses : ils devaient s’assurer qu’on allait directement à la surface de vente, sans passer par les toilettes«  explique Marie. Et oui, à Primark, la pause pipi, ce n’est pas pour n’importe qui.

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Intimidation et coups bas

La liste s’allonge pour Primark. Jérémy a travaillé pendant 1 an dans l’enseigne de Dijon : 3 mois en CDD, et ensuite en CDI pour un contrat étudiant. « Au début, j’aimais bien. Conseiller les clients, toucher à la mode… Mais très vite, mon fort caractère n’a pas plu aux managers. Un de mes managers m’a rabaissé devant mes collègues lors d’un debrief. Je ne me suis pas laissé faire, et je lui ai dit ‘Je ne suis pas ton chien ni ta sous-merde. Ne me parle jamais comme ça devant qui que ce soit, ou on jouera au même jeu » relate l’ancien employé. Une semaine après, ce dernier commençait à ressentir une pression de la part de ses différents managers, et des RH : « Ils me surveillaient, regardaient la moindre erreur, me faisaient des réflexions. Les plus gueulards me donnaient des ordres, sans même me regarder. Ils étaient toujours à deux ou trois, pour avoir quelqu’un comme témoin. Ils ont gardé la version de ma manager, qui ne m’est jamais revenue aux oreilles… »

Cette pression a bien failli avoir raison de lui. « Pendant deux samedis, j’ai eu des congés. Avant mon retour, j’ai téléphoné pour qu’on me communique mes horaires. Et lorsque que je suis arrivé, mon directeur m’a convoqué dans son bureau. On était seul, et il m’a rabaissé«  se souvient Jérémy. « Tu n’arriveras à rien dans la vie » , « te bourrer la gueule, tu sais faire, mais venir à 6 heures non » et d’autres réflexions qui ont mis l’étudiant hors de lui. « Quand j’ai vérifié mes horaires, j’ai vu qu’il s’était trompé de semaine. J’ai tenté de lui expliquer, mais il n’a jamais voulu m’écouter. Pendant deux semaines, j’ai été surveillé pendant que je pliais des piles entières de t-shirts, seul… Les autres employés avaient interdiction de venir m’aider, sous prétexte qu’une personne suffisait » . Parfois, l’intimidation va plus loin : « Si on a un différent avec un manager, on est convoqué en entretien devant deux ou trois managers, jamais seul à seul. Et là, c’est l’intimidation. On nous fait savoir que des gens qui cherchent du travail, il y en a… » ajoute une employée de Toulouse.

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« Nous ne sommes pas là pour conseiller les clients »

Le rythme infernal des journées qui n’en finissent pas, un bruit assourdissant, des managers intimidants… Bref, une ambiance de travail qui fait rêver… « Nous n’avons pas le droit de porter des vêtements de marques, sauf si la marque est totalement cachée. Nous avons droit à 10% de remises à Noël. Nous sommes, comme les clients nous appellent, des pingouins : habillés de la même manière, à faire toujours la même chose, et à suivre les managers comme des toutous » . Quant au travail, les employés plient, déballent, remballent, rangent, ramassent… Mais le conseil client n’est pas l’objectif premier. Marie explique : « Le matin, il faut faire la manutention des cartons, puis la mise en rayon. Le soir, c’est ce qu’ils appellent ‘le clean’. Alors on ramasse en permanence, on range » , quitte à ne pas voir les clients, et à ne pas les conseiller. « Lors de la journée de formation, ils nous disent qu’on devrait passer moins de deux minutes avec un client sur le floor » ajoutent trois autres employés !

« On passe notre journée à plier, aligner, replier, ramasser … Et à chaque fois, sur la même pile de t-shirts »

 

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Même si les clients sont parfois irrespectueux, le magasin veut se donner une image très sérieuse, parfois à la même hauteur que des magasins « comme Adidas, Lacoste, Father and Son » spécifie Clara. Le problème, c’est que dans un magasin de 7 000 m2, 300 employés par jour et plus de 10 000 clients à la journée, les rayons ne restent jamais « clean » très longtemps.

Abandons de poste, démissions, arrêts maladie …

Bien que les conditions de travail laissent à désirer, l’enseigne Primark se développe et attire beaucoup de monde. Abandons de poste, arrêts maladie, dépressions, démissions… Dans certains magasins, les têtes changent parfois d’une semaine à l’autre. « Pendant un temps, on voyait des CDD rester pendant leur période d’essai. Une fois cette période finie, on ne les voyait plus »   relate Carla. De son côté, Jérémy met en cause le management : « Quand je suis partie, car j’avais trouvé un travail en 35 heures (contre 8 heures à Primark), le directeur des ressources humaines a voulu me menacer, m’insultant de ‘bon à rien’ et me répétant que je n’y arriverai jamais dans la vie » . Selon certains employés du Primark de Dijon, l’ancien directeur se serait fait virer pour faute grave. « Ce dernier volait dans les caisses, et laissait accuser les employés » explique une source anonyme. Des conditions de travail infernales, des magasins en sous-effectif, et jamais un remerciement de la part des managers. Pour Alexandre, le changement de directeur est plutôt positif, même si pour lui : « La direction y est pour quelque chose dans la pression des employés. Mais ils ne font que suivre les règles qu’on leur impose plus haut. C’est pyramidale, et nous, on est tout en bas de la chaîne » 

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De son côté, la direction de Primark Toulouse, approchée par Actu.fr, affirme « Nous enquêterons toujours de manière approfondie sur toute plainte et prendrons les mesures appropriées pour y répondre […] Nous sommes heureux de constater qu’une partie très significative de nos collaborateurs reste longtemps chez nous et peut bénéficier des opportunités de carrière que nous offrons » . A contrario, certains employés affirment : « Ils nous promettent des augmentations de poste qu’on ne voit jamais aboutir » .

Intimidation, pression, manque de respect, sous-effectif, abandon de poste, mauvais management… Voilà ce qui se passerait réellement dans votre magasin Primark préféré.

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