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L’émouvant poème d’un jeune homme souffrant de dépression

Publié par Leïla le 09 Sep 2014 à 13:36
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La dépression fait partie des maladies psychiques les plus répandues. En France on estime que 19% de la population a déjà été touchée ou connaîtra, au cours de sa vie, un épisode dépressif. Un jeune homme, Patrick Roche souffre de cette maladie depuis de nombreuses années.  Afin de témoigner des épreuves qu’il endure et des difficultés qu’il rencontre à s’éloigner de cette horrible maladie, il a composé un poème.

Dans cette création originale, il compare la relation qu’il entretient avec la dépression à une relation de couple. Le texte émouvant nous montre à quel point le jeune homme souffre de cette situation contre laquelle il ne peut malheureusement rien.

Conseil Conjugal

« Chaque jeudi, je vois une conseillère conjugale, avec ma dépression.

Elle me chuchote à l’oreille de rester au lit un jour de plus. Elle presse sa main sur ma poitrine, fébrile à l’idée que je puisse m’évader des couvertures.

Après m’être extrait de la douche, son odeur me colle toujours à la peau. Comme les crises d’angoisses à minuit, comme tutoyer le pharmacien, comme l’appétit que je n’ai pas, mais ça va, j’ai déjà mangé une barre de céréales aujourd’hui.

Nos sessions chez la conseillère conjugale durent 50 minutes. Nous avons passé ce temps à ressasser les mêmes problèmes devant elle. On a eu des hauts et des bas, depuis le lycée, mais cette fois-ci, on a tenu une bonne année. Ça doit vouloir dire qu’entre nous, ça devient sérieux.

Elle me demande si j’ai de l’appétit. Non, je ne mange pas, mais elle me préfère maigre, c’est plus facile pour elle d’être la grande cuillère, c’est comme si je disparaissais en elle, comme si son corps avalait le mien.

Elle me demande si j’ai vu mes amis récemment. Non, pas depuis un bout de temps, on reste souvent à la maison. Mes amis sont un peu la troisième roue du carrosse quand nous sortons ensemble. C’est ce qui arrive quand on est en couple avec la même personne depuis longtemps.

Elle me demande s’il y a eu du changement entre nous, depuis que j’ai commencé le Zoloft. Elle plante ses ongles dans l’accoudoir, grince des dents, elle me repose la question. Elle en devient jaloux, mais Zoloft me fait du bien. Elle m’emmène petit-déjeuner le matin, me fait manger du pain perdu.

Elle a perdu son sang-froid, m’a accusé de lui être infidèle, a menacé de sortir les ciseaux, alors j’ai menacé de prendre plus de Zoloft — tout le

Zoloft. D’un seul coup. J’ai failli le faire.

Elle me demande si c’est le soir où un ami m’a emmené aux urgences. « Oui, mais c’était juste cette fois-ci ». Et l’infirmier a interdit les visites, m’a coupé du Zoloft ; ça nous a rapprochés, de passer du temps en tête-à-tête, comme un couple.

Notre conseillère pense que je reste avec elle uniquement parce que mon père traitait ma mère de pute, ou parce que parfois, il m’arrive encore de souhaiter d’être hétéro, ou parce que je n’ai jamais eu de relation sérieuse. Elle ne comprend pas que cette relation est la plus sérieuse que j’ai eue.

Elle nous dit que le temps est écoulé, revenez la semaine prochaine. Elle murmure « d’accord », à travers mes lèvres, claque la porte derrière nous. Notre conseillère dit qu’il y a eu des progrès ces dernières semaines. Qu’elle et moi resteront probablement toujours ensemble, mais que j’aurai un peu plus d’indépendance, bientôt.

Dernièrement, j’ai commencé à réfléchir à cela. Des matins où je me réveille, et j’ai faim. Mon corps se souvient comment se lever de lui-même, comment laisser ses bras s’éloigner de sa taille pour quelques heures, pour que je puisse finir un poème.

Regarder Parks and Recreation.

Manger un sandwich.

Faire le lit sans y ramper à nouveau, même lorsqu’elle me dit que sans elle, je serais une coquille vide, grinçante, une ruine à l’abandon.

Parfois, je pense encore qu’elle a raison, mais la semaine dernière, je suis monté sur la balance, et j’ai pris un kilo.

Ce n’est qu’un kilo, mais c’est le mien. C’est entièrement moi. »

 

Source  et traduction : madmoizelle.com 

 A DÉCOUVRIR : LA DÉPRESSION EST LA MALADIE N°1 CHEZ LES ADOLESCENTS 

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