Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Interviews

« J’étais devenue la méchante, la sorcière » : Sylvie Brunel, professeure et géographe, rétorque face à son étiquette de climatosceptique (Vidéo)

Publié par Felix Mouraille le 02 Oct 2022 à 20:34
Partagez ce contenu sur Facebook
Partagez ce contenu sur Whatsapp
Partagez ce contenu sur Twitter
Partagez ce contenu par mail

Depuis ses passages à la télévision et plus généralement dans les médias, Sylvie Brunel a été étiqueté climatosceptique par l’opinion publique. Entre ses réponses maladroites et les propos sortis de leur contexte, la géographe n’était plus audible. Nous l’avons rencontré pour connaître son ressenti face à cette situation et son avis sur l’actualité qui la concerne. Découvrez linterview en exclusivité de l’écrivaine ci-dessous :

A lire aussi : « C’était quand même assez violent » : un jeune homme contaminé par la variole du singe nous raconte ce qu’il a vécu (vidéo) 

L’étiquette « climatosceptique » colle à la peau de Sylvie Brunel

Il suffit d’une prise de parole maladroite à la télévision pour qu’un téléspectateur se fasse un avis définitif à votre sujet. C’est ce qu’a vécu Sylvie Brunel en juin dernier notamment suite à un passage sur BFMTV. « Le monde tropical rigole en nous entendant nous affoler pour ces quelques degrés de température«  ,  déclarait la géographe au sujet des fortes chaleurs de cet été.

L’écrivaine a conscience d’avoir « fait une connerie » mais elle trouve cet acharnement et ce « délit de sale gueule » absolument « injuste et dégueulasse« . « La vision du monde est binaire : soit vous êtes bon, soit vous êtes méchant. Alors que j’ai passé toute ma vie à me demander comment faire pour que les gens vivent mieux » , a confié la professeure de géographie à la Sorbonne.

Pendant que les réseaux sociaux s’acharnent, la géographe a aussi observé que certains collègues s’écartaient d’elle suite à ses propos. « J’étais très surprise de voir que certaines collègues, que j’apprécie par ailleurs beaucoup, se désolidarisaient de moi » . Mais en dehors des plateaux de télévision et des réseaux sociaux, Sylvie Brunel a dû ensuite affronter la vraie vie. La professeure de géographie à l’Université Paris-Sorbonne pouvait s’attendre à une rentrée mouvementée avec ses élèves. Pourtant, la géographe assure que leurs « préoccupations à tous est comment assurer leurs cours dans de bonnes conditions ? Comment apporter des réponses aux questions de nos étudiants qui sont anxieux ? Et donc on ne parle pas tellement de ce qui se passe dans les médias, il y a vraiment deux mondes » .

Les médias ont une part de responsabilité

Dans cette accumulation des problèmes, Sylve Brunel pointe du doigt le rôle pervers qu’ont joué les médias. L’écrivaine prend souvent en exemple la tribune accordée dans Le MondeLe média avait décidé de titrer en 2019 avec une de ses citations : « le changement climatique n’est pas forcément une mauvaise nouvelle » . « J’ai envie de dire au gens du Monde ‘est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?’ Vous m’aviez demandé de montrer dans quel cas on pouvait bénéficier du changement climatique » .

Ces dernières semaines, la polémique qui a fait jaser c’est le discours tenu par Christophe Galtier et le comportement de Kylian Mbappé autour de la question des déplacements du PSG. L’entraineur du Paris Saint-Germain a fait la fameuse blague de mauvais goût sur le char à voile qui a embrasé le monde médiatique et politique. « Les médias cherchent aujourd’hui le scandale, le sujet qu’on va chercher à amplifier des masses et on va créer en plus des haines autour de ça » , a analysé Sylvie Brunel.

Abonnez vous à la Newsletter TDN

Le monde politique s’est aussi immiscé dans cette affaire comme la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, « M.Galtier, vous nous avez habitués à des réponses plus pertinentes et plus responsables – on en parle ? » . Suite à cet épisode, des députés Nupes ont même déposé une proposition de loi pour interdire les jets privés sur le territoire. Pour la géographe Sylvie Brunel, on consacre trop de temps à « des choses anecdotiques » qui en plus de ça « stigmatisent les pauvres » .

A lire aussi : « Je suis un monstre, je ne mérite pas de vivre » : Abigaïl nous parle sans complexe du trouble de la personnalité borderline (vidéo) 

« Les paysans ce sont les premières victimes de la faim »

Maintenant, la géographe souhaite que les priorités changent. Dans son ouvrage Pourquoi les paysans vont sauver le monde ?, Sylvie Brunel met en avant le taux de suicide record et les problèmes économiques des paysans. Alors que, selon l’écrivaine, ce sont eux qui contiennent une grande partie des solutions.

Les paysans ce sont les premières victimes de la faim, ils sont souvent oubliés, méprisés et critiqués alors que ce sont eux qui nous nourrissent.{…} Ils nourrissent les animaux dont on a besoin dans les prairies. Une prairie, ça capte autant de carbone qu’une forêt quand c’est bien géré. Et ensuite dans la chimie verte on peut trouver toutes les réponses qui nous permettent de nous passer des carburants fossiles : épis de mais, sucre…

Le rôle et la situation des paysans sont des sujets qui tiennent à coeur à Sylvie Brunel. Des sujets qu’elle va vouloir partager sur les médias où elle n’est plus la bienvenue depuis quelques mois. Mais la géographe assure avoir appris de ses erreurs et ne commettra pas deux fois le même faux pas : « quand j’irais dans les médias, j’essaierais de prendre le temps et si on ne me le laisse pas je n’irais plus. Je préfère ne rien dire plutôt qu’être sauvagement traitée » .

A lire aussi : « Un lynchage pas possible avec des actes de barbarie, des viols, une brûlure de cigarette » : Johann Zarca raconte l’enfer vécu par Chicha, un travesti prostitué du bois de Boulogne