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« Un lynchage pas possible avec des actes de barbarie, des viols, une brûlure de cigarette » : Johann Zarca raconte l’enfer vécu par Chicha, un travesti prostitué du bois de Boulogne

Publié par Romane TARDY le 16 Juil 2022 à 11:14
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Zyed mène une vie difficile. Le soir, il devient Chicha, une prostituée du bois de Boulogne. En manque d’argent, elle décide de monter dans une voiture pour une passe à domicile. Malheureusement, son client lui réservait un sort horrible. Frappée, violée, elle a succombé de ses blessures peu de temps après cette nuit d’enfer.

C’est Johann Zarca, romancier qui fréquentait le même groupe de parole que Zyed, qui a tenu à conter la terrible dernière nuit de Chicha dans son ouvrage La Nuit des Hyènes. Retrouvez dans la vidéo ci-dessous son interview exclusive pour le Tribunal Du Net.

La nuit de l’enfer de Chicha

Zyed, homme toxicomane et alcoolique, tente de s’en sortir. En grande difficulté financière, il se prostitue et se travestit au bois de Boulogne sous le nom de Chicha. Dans la nuit du 8 au 9 août 2020, sa vie va basculer. Un client en voiture s’arrête devant Chicha et va lui proposer une passe à domicile. Malgré sa réticence, elle embarque dans le véhicule.

Arrivée au domicile de l’automobiliste, d’autres hommes l’attendaient. C’est alors que le cauchemar a commencé pour Chicha qui est tombée dans un véritable guet-apens. « Cela a été un lynchage pas possible avec des actes de barbarie, des viols, il y a eu une brûlure de cigarette sur son épaule, ils l’ont mis dans une baignoire, ils l’ont bâillonnée » .

Malgré toutes ses blessures, Chicha n’est pas allée à l’hôpital et a rejoint son groupe de parole pour raconter ce qui lui était arrivé. Elle se serait notamment présentée avec « un oeuf d’autruche sur le front » et « des dents cassées » .

Peu de temps après, Chicha a rendu son dernier souffle dans sa chambre près de Clichy. Ces blessures lui ont sûrement été fatales : « elle serait morte de commotion cérébrale » .

Une histoire vraie mêlée à un travail de romancier

Si cette histoire est passée inaperçue dans les médias, Johann Zarca, qui fréquentait le même groupe de parole que la victime, a tenu à la rendre visible. Il en a donc fait un roman intitulé La nuit des Hyènes. Pour rédiger son récit, il a collecté des témoignages auprès des membres du groupe de parole mais aussi de collègues de Chicha.

Ce procédé n’a pas été évident : « J’ai essayé d’approcher ses copines mais c’était assez compliqué mais c’était un petit peu comme si j’étais intrusif, on m’a un peu envoyé baladé et j’ai pas insisté plus que ça (…) Un mec comme moi qui arrive pour poser des questions et qui plus est a potentiellement une tête de keuf ça prêtait pas à vouloir me confier des choses, ce que je comprends » .

 
 
 
 
 
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Puis, Johann Zarca a fait son travail de romancier pour compléter le récit. « Tous les éléments que j’ai sont dans mon livre, le problème c’est que j’ai énormément de zones d’ombre et c’est là qu’intervient mon boulot de romancier, c’est vraiment d’interpréter, d’imaginer ces zones d’ombre » .

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Par exemple, on ne connaissait pas exactement le nombre d’agresseurs de Chicha, Johann Zarca a décidé d’en mettre trois et a dû imaginer comment ils étaient et ce qu’ils ont dit à leur victime. « Je les ai bestialisés, animalisés » .

Pour sa part, il estime, malgré un certain manque d’éléments probants, qu’il pourrait s’agir d’un meurtre « putophobe » et même « raciste » . « Je ne sais pas si ceux qui ont fait ça avaient l’intention de tuer mais il y a eu des actes de barbarie et des viols » , a-t-il précisé. « C’est le meurtre de quelqu’un de très vulnérable » , a-t-il ajouté.

Le monde de la prostitution en perdition

Johann Zarca explique que le monde de la prostitution, qu’il a déjà étudié à travers ses précédents romans comme Le Boss de Boulogne, se paupérise de plus en plus. Ce milieu devient donc aussi extrêmement dangereux.

Ces dernières années plusieurs meurtres de prostituées, ont, à l’inverse de celui de Chicha, été médiatisés. Johann Zarca cite notamment la disparition de Vanessa Campos. Dans la nuit du 16 au 17 août 2018, dans le bois de Boulogne, Vanessa Campos, travailleuse du sexe trans, a été abattue à seulement 36 ans. Elle s’était opposée à un groupe d’hommes armés d’un révolver. Il évoque également Jessyca Sarmiento, prostituée d’origine péruvienne, morte renversée par une voiture avec trois hommes à bord au Bois de Boulogne le 21 février 2020.

Ces meurtres interviennent dans un contexte d’augmentation des violences contre les travailleuses du sexe qui serait une conséquence directe de la loi de 2016 de pénalisation des clients. Le confinement n’a pas non plus aidé le milieu du travail du sexe qui s’est retrouvé dans une situation encore plus précaire.