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« C’était quand même assez violent » : un jeune homme contaminé par la variole du singe nous raconte ce qu’il a vécu (vidéo)

Publié par Lou Tabarin le 14 Août 2022 à 19:35
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Comme si le Covid ne suffisait pas, voilà que la menace de la variole du singe plane au dessus du continent européen. Le virus Monkeypox fait de plus en plus parler de lui car les contaminations augmentent et les premières décès surviennent. Au 11 août 2022, Santé publique France fait état de 2.6733 cas recensés en France.

Le Tribunal du Net est parti à la rencontre de Tristan (nom modifié), qui a accepté de revenir sur son expérience avec la variole du singe, attrapé en juillet dernier. Boutons, état de santé, séquelles et suivi médiocre des autorités sanitaires… découvrez son interview en exclusivité ci-dessous :

Une maladie coriace à laquelle il ne s’attendait pas

Tristan est un jeune homme d’une vingtaine d’années. Comme toutes les personnes de son âge, il profite de son temps libre pour sortir voir des amis. Mais rien ne l’avait préparé à ce qui lui est arrivé en plein l’été.

« Ça a commencé par un ganglion sur le cou » , évoque-t-il dans un premier temps. S’ajoutent à cela de la fièvre et une fatigue extrême. Inquiet pour son état de santé, Tristan pense avoir une angine et consulte son médecin. Celui-ci est formel : il présente tous les symptômes de la mononucléose, une maladie infectieuse très contagieuse.

Malgré un test positif, l’état de santé de Tristan se dégrade et des boutons apparaissent sur son corps et dans sa gorge. « Ils étaient extrêmement douloureux » , se souvient-il. C’est à ce moment-là qu’il commence à songer à la variole du singe.

Le jeune homme ne s’attendait pas à attraper cette maladie. « J’avais lu que ça s’attrapait quand on était multipartenaire, qu’on avait des relations sexuelles » , dit-il avant d’avouer qu’il n’avait pas eu de rapports à risques. Après réflexion, Tristan pense avoir attrapé la variole du singe lors d’une soirée alcoolisée après la Pride de Paris, survenue le 25 juin dernier. Il évoque un « contact de salive » , autrement dit, d’un bisou échangé avec quelqu’un.

Variole du singe

Il dénonce une gestion catastrophique de la situation 

Après un test PCR dans la gorge, un échantillon de l’un de ses boutons et une série de questions, Tristan est déclaré positif à la variole du singe. Commence alors une très longue période d’isolement. Ce n’est que trois semaines après ses premiers symptômes que le jeune homme a pu retrouver un semblant de liberté. « J’ai dû rester deux semaines complètement isolé, c’est-à-dire que personne ne me voit, personne ne me touche, même la vaisselle, même le linge » , explique-t-il, en ajoutant que tant que les boutons ne guérissent pas, il faut impérativement resté confiné chez soi.

Aujourd’hui, le jeune homme n’a plus de symptômes, si ce n’est une gorge plus sensible qu’avant d’avoir la variole du singe. Il garde cependant un souvenir amer du suivi des autorités sanitaires, et dénonce un gros manque d’organisation. « Ce n’est pas à moi de témoigner sur ce genre de choses. Normalement, on devrait avoir de la communication à ce sujet parce que même si ça ne faisait qu’un mois que la maladie a débuté, on voyait que le nombre de cas commençait à être plus important » , déplore Tristan.

Si le jeune homme a réussi à s’informer sur la variole du singe, c’est avant tout grâce aux divers témoignages de malades sur les réseaux sociaux. « Si je ne les avais pas lus, jamais je n’aurais eu le réflexe de me faire tester » , avoue-t-il. Du côté de l’ARS (Agence Régionale de Santé), son avis est plus critique. « J’avais lu dans une fiche que j’allais être appelé par l’ARS pour un suivi. Parce que ça reste une maladie où on doit s’isoler, où on a pu être cas contact avec des personnes » , nous explique-t-il avant d’ajouter qu’il n’a jamais reçu cet appel.

Avec du recul, Tristan recommande à tout le monde de se faire vacciner contre la variole du singe. « Il y a une chose entre en entendre parler et l’avoir. Quand on l’a, c’est extrêmement douloureux » , rappelle-t-il, à l’heure où de nouveaux centres ouvrent un peu partout en France.

« Je ne mérite pas qu’on me fasse culpabiliser pour avoir eu cette maladie »

Dans un article du Parisien, Corentin, un jeune homme de 27 ans, a dénoncé le cyberharcèlement qu’il subissait depuis qu’il a témoigné sur Twitter. Cet ancien malade de la variole du singe évoque des messages homophobes particulièrement violents. Interrogé sur la question, Tristan, qui a également partagé son histoire sur le réseau social, nous explique qu’une infime partie des commentaires étaient malveillants.

Au milieu des nombreux messages de soutien, Tristan a trouvé des « messages culpabilisants » à connotation homophobe. Il donne un exemple : « j’ai une personne qui m’a dit ‘excusez-moi de vous déranger, je ne veux pas paraître malsain mais je crois que vous l’avez attrapé par la sodomie’ » . Un autre internaute lui a envoyé : « ça s’étonne d’avoir la variole du singe mais après ça ne fait pas attention » . Des commentaires auxquels le jeune homme ne prête pas attention, puisqu’il considère que « ce n’est pas plus une maladie qu’un rhume, une angine ou une grippe » .