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« Extrêmement ingénieux » : un réseau soupçonné de vider des rayons high-tech sans alerter personne a été démantelé

Publié par Killian Ravon le 18 Déc 2025 à 17:40

À Saint-Herblain, près de Nantes, une enseigne d’électroménager a vu défiler des voleurs capables d’agir en plein jour sans déclencher la moindre alarme. Derrière ces vols répétés, les enquêteurs ont remonté la piste d’une équipe mobile, structurée, et surtout étonnamment méthodique.

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Policiers en civil escortant deux suspects menottés dans une galerie commerciale, arrière-plan flouté.
Interpellation d’un duo soupçonné d’une série de vols dans des magasins high-tech, après des mois d’enquête.

Et un détail, à la fin, explique pourquoi autant de magasins se sont fait surprendre.

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Rayon d’un magasin d’électronique avec machines à café, étiquettes prix et cartons en réserve, vue en biais » Crédit : Wolfmann / Wikimedia Commons.
Rayon d’un magasin d’électronique avec machines à café, étiquettes prix et cartons en réserve, vue en biais » Crédit : Wolfmann / Wikimedia Commons.
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Une série de vols qui paraît « invisible » au premier regard

Au départ, les faits ressemblent à ces histoires de vol à l’étalage qui exaspèrent les commerçants. Sauf qu’ici, la chronologie finit par intriguer. Trois cambriolages en cinq mois, en plein jour, dans une enseigne de Saint-Herblain (Loire-Atlantique), et des disparitions qui ne se résument pas à deux accessoires glissés dans une poche.

Dans les magasins ciblés, on parle d’ordinateurs et de téléphones. Des objets à forte valeur, très demandés, et faciles à écouler. Le genre de produits qui disparaît vite des stocks… mais qui laisse aussi, normalement, des traces. Sauf que, cette fois, l’impression dominante est celle d’un passage propre, rapide, presque « normal ». Comme si les auteurs avaient su se fondre dans le décor, là où la vigilance s’émousse.

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Ce détail, que peu de gens connaissent, compte beaucoup dans les affaires de commerce. Plus l’acte ressemble à une scène banale, plus il devient difficile de repérer ce qui cloche en temps réel. Et c’est précisément ce qui a rendu la série si déroutante au début.

Sept mois d’enquête pour mettre des visages sur un mode opératoire

Face à la répétition des faits, la Section de recherches de Nantes s’empare du dossier. D’après les éléments révélés dans le sujet du JT, il aura fallu sept mois aux enquêteurs pour identifier les suspects. Un délai qui dit quelque chose du niveau de prudence et d’adaptation de l’équipe recherchée.

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Le lieutenant-colonel Clément, commandant en second de la Section de recherches de Nantes, décrit un procédé « extrêmement particulier et extrêmement ingénieux ». L’enjeu, pour les forces de l’ordre, n’est pas seulement d’arrêter des individus. Il s’agit de comprendre comment ils s’y prennent, comment ils se déplacent, et surtout comment ils parviennent à agir sans attirer l’attention ni déclencher les systèmes censés protéger les rayons.

L’enquête finit par dessiner une structure avec des rôles distincts. Pas seulement des exécutants, mais aussi un circuit derrière, destiné à absorber la marchandise et à la faire disparaître du territoire.

« Allée d’électroménager en magasin, petits appareils alignés et boîtes en bas de rayonnage, perspective en largeur »
« Allée d’électroménager en magasin, petits appareils alignés et boîtes en bas de rayonnage, perspective en largeur » Crédit : Wolfmann / Wikimedia Commons.
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Une équipe itinérante, des magasins partout en France, et un préjudice lourd

À mesure que les investigations avancent, l’affaire prend une dimension nationale. Les suspects ne seraient pas cantonnés à un seul département. Le compteur grimpe à 35 magasins cambriolés partout en France, en sept mois, pour un préjudice estimé à 200 000 euros.

Le caractère itinérant est central. Une équipe mobile change d’enseigne, change de zone, évite de s’installer. C’est le type de trajectoire qui complique les rapprochements, car les incidents se ressemblent sans toujours être immédiatement reliés. Pour les magasins, la sensation est la même partout : une perte nette, brutale, et souvent constatée après coup.

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Et plus le temps passe, plus l’impression d’une montée en puissance s’impose. L’équipe ne se contente pas d’un seul scénario. Elle ajuste, elle teste, elle va plus loin.

Quand les méthodes évoluent… et que la nuit devient un terrain d’action

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Selon les enquêteurs cités par TF1, le groupe serait allé « de plus en plus loin » dans ses méthodes. Et surtout, il se serait mis à voler davantage de nuit, avec une particularité qui change tout pour la sécurité classique : des intrusions par les toits.

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Dans ce type d’enseignes, les accès sont pensés pour encadrer les flux de clients et les livraisons. Le toit, lui, n’est pas l’entrée « naturelle » d’un magasin. Mais c’est justement ce qui peut en faire un point faible si l’attaque est préparée. Les enquêteurs expliquent que les voleurs découpaient une partie du toit, descendaient en rappel à l’intérieur de la grande surface, et emportaient les objets « dans un temps record ».

On comprend alors pourquoi l’affaire n’est pas traitée comme une simple succession de larcins. Ici, il est question de bande organisée et d’une capacité à frapper vite, puis à disparaître.

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Intérieur de boutique de smartphones avec mur d’accessoires, comptoir vitré et clients, éclairage blanc uniforme
« Intérieur de boutique de smartphones avec mur d’accessoires, comptoir vitré et clients, éclairage blanc uniforme » Crédit : Thdgdgcgjf / Wikimedia Commons.

La revente, les receleurs et une destination annoncée vers l’Est

Le volet « après-vol » est tout aussi structuré. D’après les informations du reportage, le butin était expédié et revendu par trois receleurs vers les pays de l’Est.

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Cette mécanique éclaire un aspect souvent sous-estimé : voler ne suffit pas. Il faut écouler. Et écouler vite. Dans les produits high-tech, la valeur peut chuter rapidement au fil des sorties de nouveaux modèles. Avoir un circuit de revente prêt, des intermédiaires identifiés, et une logistique efficace, fait une énorme différence.

Deux hommes âgés de 35 et 24 ans, de nationalité géorgienne, déjà connus en Europe pour des vols similaires, sont suspectés d’être à la tête du réseau.

Comptoir de magasin high-tech avec imprimante, terminaux de paiement et accessoires, vue horizontale sur le plan de travail
« Comptoir de magasin high-tech avec imprimante, terminaux de paiement et accessoires, vue horizontale sur le plan de travail » Crédit : LG2 mini 333 / Wikimedia Commons.
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Une opération conjointe et une réponse attendue côté magasins

Le démantèlement intervient à la suite d’une opération conjointe menée le 9 décembre par la Section de recherches de Nantes et l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) de Rennes.

Dans la foulée, les enseignes touchées cherchent évidemment à rassurer. Le groupe Fnac-Darty explique vouloir mieux s’équiper et évoque notamment des générateurs de brouillard et des dispositifs de lutte contre l’intrusion, avec l’appui de télésurveillants.

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Sur le plan judiciaire, les deux têtes de réseau ont été placées en détention provisoire le lundi 15 décembre. Le vol en bande organisée est passible de quinze ans de prison, rappelle TF1.

Couloir de centre commercial avec enseignes lumineuses et ascenseurs, perspective centrale, ambiance intérieure nette et éclairée
Couloir de centre commercial avec enseignes lumineuses et ascenseurs, perspective centrale, ambiance intérieure nette et éclairée » Crédit : TeaLaiumens / Wikimedia Commons.

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Le détail final qui explique pourquoi les portiques ne sonnaient pas

Jusqu’ici, on pourrait croire à une équipe uniquement « rapide » et opportuniste. Mais ce qui a réellement surpris les enquêteurs, c’est la combinaison de la ruse et de la technique.

D’après TF1, les suspects se faisaient d’abord passer pour de simples clients dans des magasins Fnac, Darty et Boulanger, en se servant directement en ordinateurs ou téléphones. Et surtout, ils utilisaient un dispositif artisanal installé sous leurs vêtements pour désactiver les antivols et franchir les portiques sans les faire sonner, avant de prendre la fuite. C’est cette astuce, à la fois simple et redoutablement efficace, qui a donné au dossier son caractère « extrêmement ingénieux »… avant que le groupe ne bascule aussi, selon les enquêteurs, vers des intrusions nocturnes par les toits et des descentes en rappel.

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