Heures creuses : pourquoi vos plages vont changer dès le 1ᵉʳ novembre (et ce que ça va changer chez vous)
Les heures creuses vont connaître une réorganisation d’ampleur à partir du 1ᵉʳ novembre. Initiée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et mise en musique par Enedis, cette réforme déplace une partie des consommations vers la journée, notamment l’après-midi en été, pour coller aux pics de production solaire.
Concrètement, 11 millions de foyers en option heures pleines/heures creuses verront leurs créneaux évoluer progressivement, sans aucune démarche à faire.
Pourquoi une réforme des heures creuses maintenant ?
Depuis plus de soixante ans, les heures pleines/heures creuses reposaient sur une idée simple : encourager la consommation nocturne, période historiquement « creuse » pour le réseau. Mais le paysage énergétique a changé. Selon la CRE, de « pas mal » de plages dites creuses ne correspondent plus aux besoins du système électrique, tandis que d’autres, utiles aux consommateurs comme au réseau, ne sont pas valorisées. Avec la montée en puissance du mix renouvelable, et en particulier du photovoltaïque, les périodes de forte production se déplacent vers la mi-journée en été.
L’objectif affiché est de rééquilibrer la consommation au moment où l’électricité est la plus abondante et la moins carbonée. D’après Enedis, ce repositionnement permettrait de transférer environ 5 GW de consommation vers l’après-midi pendant les mois les plus ensoleillés. Ce chiffre donne une idée de l’enjeu : il s’agit de lisser la demande pour limiter les pointes du matin et du soir, et d’éviter les prix négatifs qui apparaissent quand l’offre solaire est très élevée alors que certains usages, comme les chauffe-eau, restent programmés la nuit.
Mais saviez-vous que ce glissement répond aussi aux nouveaux usages ? Avec le télétravail, une part croissante de la consommation domestique se fait désormais en journée. La réforme « rattrape » ces pratiques, pour que le signal tarifaire suive les habitudes réelles des foyers et les contraintes locales du réseau.
Crédit : Christophe Finot / CC BY-SA 3.0
Qui est concerné et quand le changement se fera-t-il sentir ?
Cette évolution touche 11 millions de clients sur 14,5 millions disposant de l’option HP/HC. Elle ne s’appliquera qu’aux ménages équipés d’un compteur communicant Linky. Les fournisseurs ont informé leurs clients un mois avant la bascule ; Enedis procédera à distance aux modifications, sans intervention chez vous.
La réforme s’étale en deux phases : entre novembre 2025 et juin 2026, puis de décembre 2026 à octobre 2027. Au total, 1,7 million de clients verront d’abord leurs créneaux repositionnés dans les périodes autorisées, puis 9,3 millions basculeront dans un schéma saisonnalisé. Le gestionnaire de réseau vise un rythme industriel : 300 000 clients par mois, environ 10 000 par jour.
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Ce détail que peu de gens connaissent : les horaires d’HP/HC ne seront pas uniformes. Ils pourront varier d’un bâtiment à l’autre, voire d’un appartement à l’autre, selon les contraintes locales du réseau. C’est Enedis qui fixe ces créneaux, pas votre fournisseur, précisément pour optimiser la stabilité électrique au plus près du terrain.
Crédit : Clicsouris / CC BY-SA 3.0
Ce qui change concrètement sur vos plages horaires
Première étape : un recentrage des heures autorisées. Entre novembre 2025 et juin 2026, certaines plages aujourd’hui considérées comme creuses disparaîtront des grilles possibles. En été, il n’y aura plus d’heures creuses de 7 h 00 à 10 h 00 ni de 18 h 00 à 23 h 00. En hiver, la fenêtre 7 h 00–11 h 00 et 17 h 00–21 h 00 sortira du périmètre des HC. L’idée est claire : décourager l’usage aux moments où le système est naturellement tendu, pour mieux valoriser les plages vraiment creuses.
Deuxième étape : la saisonnalité. De décembre 2026 à octobre 2027, l’immense majorité des clients concernés passera à des HC différenciées entre la période estivale (1ᵉʳ avril–31 octobre) et la période hivernale (1ᵉʳ novembre–31 mars). En été, attendez-vous à voir des heures creuses en journée, notamment entre 11 h 00 et 17 h 00, quand le solaire injecte massivement sur le réseau. En hiver, l’accent restera davantage sur la nuit, où la demande baisse.
Point rassurant : vous conserverez au moins cinq heures d’heures creuses la nuit. Cette garantie est précieuse pour les usages programmables comme le chauffe-eau ou, dans certains foyers, la recharge de petits équipements. Elle évite d’opposer frontalement la logique de déplacement vers la mi-journée et les habitudes nocturnes qui gardent du sens en période froide.
Crédit : Raoul Rives / CC BY-SA 4.0
Faut-il agir de votre côté ? Vos habitudes à ajuster (ou pas)
La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez rien à faire pour enclencher la réforme : le changement se fera automatiquement sur votre Linky. Vous serez averti en amont par votre fournisseur, mais le calendrier d’exécution reste du ressort d’Enedis.
En revanche, il peut être pertinent de reprogrammer certains appareils pour coller aux nouvelles plages locales. C’est particulièrement vrai pour le chauffe-eau à contacteur HP/HC : si votre ballon ne se déclenche plus à la meilleure période, vous risquez de rater des heures moins chères et plus utiles au réseau. Même logique pour les lave-linge ou lave-vaisselle : les décaler sur vos nouvelles HC maximisera l’intérêt économique et systémique.
Mais saviez-vous que les horaires exacts ne sont pas uniformes au sein d’une même commune ? C’est la raison pour laquelle comparer avec le voisin peut être trompeur. La référence reste l’information transmise par votre fournisseur, calée sur les paramètres définis à distance par Enedis pour votre point de livraison.
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Enfin, un mot sur les véhicules électriques : si votre habitude était de charger la nuit, la garantie de cinq heures de HC nocturnes demeure. En été, si votre installation et vos usages s’y prêtent, profiter d’une partie de l’après-midi peut devenir plus avantageux. L’idée est d’aligner la consommation avec la production solaire : bon pour votre facture, utile pour le réseau.
Pourquoi ce basculement est plutôt une bonne nouvelle
Pour les fournisseurs d’énergie, l’équation est transparente : avec la part des énergies renouvelables qui progresse, il est logique d’inciter à consommer quand l’électricité abonde. L’été, la production solaire est élevée ; l’hiver, la nuit reste le refuge des vraies creux. En rapprochant le signal tarifaire de cette réalité, on diminue les épisodes de prix négatifs et on soulage un réseau mis à l’épreuve par les pointes.
Côté consommateurs, l’intérêt est double. D’abord économique : mieux cibler les usages programmables aux nouvelles HC aide à stabiliser la facture. Ensuite collectif : déplacer la demande vers les heures solaires réduit les émissions associées au kWh consommé, puisque la production bas carbone est davantage mobilisée.
Ce qui peut surprendre : la réforme ne change pas votre option tarifaire elle-même, mais repositionne ses plages. Vous restez en HP/HC, simplement avec des horaires plus cohérents avec l’équilibre offre-demande d’aujourd’hui. Et comme le système est piloté à distance par Enedis, il reste évolutif : si les contraintes locales changent, les plages pourront de nouveau s’ajuster.
Crédit : Cocollector / CC BY-SA 4.0
Crédit : Lamiot / CC BY-SA 3.0
Ce qui arrive exactement à partir du 1ᵉʳ novembre
Dès le 1ᵉʳ novembre 2025, la première vague démarre. 1,7 million de clients verront leurs HP/HC recalées dans les fenêtres autorisées, en retirant notamment les créneaux matin/soir jugés non creux. Entre décembre 2026 et octobre 2027, 9,3 millions de clients basculeront ensuite vers des horaires saisonniers, avec des HC d’été concentrées autour de la mi-journée, et des HC d’hiver plus nocturnes. Le tout se fera à distance, au rythme de 300 000 compteurs par mois environ.
Dernier point clé, souvent oublié : les heures seront différentes d’un immeuble à l’autre. Si vous habitez en copropriété, il est donc normal que votre voisin ne voie pas exactement les mêmes créneaux s’afficher. C’est le principe d’une gestion fine par contrainte locale.
Et la révélation à garder pour la fin : même avec des HC en plein après-midi l’été, vous garderez au moins cinq heures de nuit en heures creuses. Autrement dit, la réforme ne vous obligera pas à tout déplacer en journée ; elle ajoute de nouvelles opportunités au bon moment… sans vous retirer la marge nocturne qui fait l’ADN du dispositif.