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Mort d’une immense actrice : le monde du cinéma est en deuil

Publié par Elsa Fanjul le 24 Sep 2025 à 10:09

Actrice fétiche de Visconti et Fellini, partenaire de Burt Lancaster, Alain Delon, Henry Fonda, Jean-Paul Belmondo ou Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale est morte à 87 ans en région parisienne. Monument du cinéma des années 1960, elle a imposé un mélange unique de force, de douceur et d’insolence qui a marqué durablement l’imaginaire collectif.

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Des origines tunisiennes à la révélation à Venise

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Née à Tunis en 1938 de famille sicilienne, Cardinale grandit entre soleil et Méditerranée. En 1957, son élection comme « plus belle Italienne de Tunisie » l’amène à la Mostra de Venise : les professionnels la remarquent, Mario Monicelli lui offre rapidement une première apparition dans Le Pigeon (1958). La famille s’installe à Rome ; la jeune femme se forme, passe par le Centro Sperimentale, affine sa diction et sa présence face caméra. Très vite, son regard sombre, sa voix légèrement voilée et sa prestance hypnotisent les cinéastes.

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L’ascension : comédie italienne et premiers rôles marquants

Au tournant des années 1960, Cardinale multiplie les tournages : comédie à l’italienne, fresques historiques, drames sociaux. Elle tourne avec Abel Gance (Austerlitz), puis avec Luchino Visconti dans Rocco et ses frères (1960), où, même dans un rôle modeste, elle imprime l’écran. Sa trajectoire s’accélère : présence aux sélections cannoises 1961, collaborations avec Jean-Paul Belmondo, Gian Maria Volontè, Jacques Perrin. Le public découvre une actrice qui conjugue élégance, naturel et tempérament.

1963, année-sommet : Le Guépard, Huit et demi, La Panthère Rose

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Année charnière, 1963 installe Cardinale parmi les stars mondiales.

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  • Dans ** Le Guépard ** (Palme d’or), Visconti la filme en Angelica Sedara, éclatante au cœur d’une aristocratie en déclin. La fameuse scène du bal (47 minutes, 36 jours de tournage) devient un manifeste d’élégance, aux côtés de Burt Lancaster et Alain Delon.
  • Chez Federico Fellini dans ** Huit et demi **, elle incarne l’archétype de la star, miroir du fantasme d’artiste que questionne le maestro.
  • Dans ** La Panthère Rose ** de Blake Edwards, aux côtés de Peter Sellers et David Niven, Cardinale traverse avec aisance le terrain de jeu hollywoodien.
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L’icône western : Il était une fois dans l’Ouest (1968)

Avec Sergio Leone, Cardinale devient Jill McBain, héroïne centrale d’un western épique porté par Ennio Morricone. Face à Henry Fonda et Charles Bronson, elle impose une figure féminine souveraine, rare dans le genre : digne, stratégique, décidée. Cette performance, devenue culte, scelle son statut international. L’image de Jill – robe battant au vent, port altier – est entrée au panthéon des figures féminines du cinéma.

Belle, libre… et actrice

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Cardinale a toujours revendiqué une liberté de choix : refuser la nudité imposée, sélectionner ses rôles, préserver son image sans l’aseptiser. Elle navigue entre Italie, France, États-Unis, tourne avec Richard Brooks (Les Professionnels, 1966), revient à Visconti (Sandra, 1965 ; Violence et Passion, 1974), retrouve Belmondo (Cartouche, 1962 ; plus tard Le Ruffian). Dans les années 1970, elle ose des détours plus légers ou populaires mais reste valeur sûre du box-office européen.

Années 1980–2000 : ciné d’auteur, hommages et théâtre

Dans les années 1980, Cardinale poursuit des aventures de tournage mémorables, comme ** Fitzcarraldo ** (Werner Herzog, 1981) aux côtés de Klaus Kinski. Les décennies suivantes la voient alterner films d’auteur et œuvres populaires, avant des hommages majeurs :

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  • Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à Venise (1993),
  • Ours d’or d’honneur à Berlin (2002),
  • Hommages cannois, dont l’affiche iconique du 70ᵉ Festival (2017) qui célèbre « joie, liberté, audace ».
    Elle se tourne aussi vers le théâtre, servant Tennessee Williams ou Alberto Moravia, et reste présente au cinéma jusqu’aux années 2020.

Une présence qui a redéfini le féminin à l’écran

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Ce que Cardinale apporte au 7ᵉ art dépasse la seule beauté. Elle compose des femmes maîtresses de leur destin, sans perdre l’aura romanesque. Dans Le Guépard, elle catalyse les mutations sociales ; dans Il était une fois dans l’Ouest, elle déplace la focale du western vers une héroïne stratégique ; chez Fellini, elle devient symbole de la célébrité observée et interpellée. Cette modernité – autorité tranquille, sensualité assumée, humour discret – a inspiré des générations d’actrices.

Engagements et transmission

Au-delà des plateaux, Cardinale a multiplié les engagements : soutien à des causes sanitaires et sociales (Unesco, associations), sensibilisation culturelle, mécénat. En 2023, la Fondation Claudia Cardinale est créée pour aider de jeunes artistes à émerger. Son parcours public a toujours privilégié la dignité, loin du spectaculaire.

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Une filmographie-collier de perles

Difficile de résumer plus de 150 œuvres sans oublier des jalons :

  • Comédies et aventures (Cartouche, La Scoumoune, Les Professionnels),
  • Fresques et drames (Rocco et ses frères, Le Guépard, Violence et Passion),
  • Cinéma d’auteur exigeant (Huit et demi, Fitzcarraldo),
  • Incursions hollywoodiennes (La Panthère Rose, Le Plus Grand Cirque du monde).
    À chaque étape, Cardinale a cultivé un capital de sympathie et une rigueur de jeu qui lui valent, encore aujourd’hui, une admiration intacte.
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Adieu à une reine d’écran

« Tu ne te rends pas compte de ce qu’un homme peut avoir de plaisir à regarder une fille comme toi », dit Cheyenne à Jill dans Il était une fois dans l’Ouest. La réplique, aujourd’hui, résonne comme un au revoir : Cardinale n’était pas qu’une image, mais une évidence de cinéma. Sa disparition laisse un vide, mais ses films – de Visconti à Leone, de Fellini à Edwards – continuent de vivre, de séduire, d’enseigner ce que peut être une star : une présence, un mystère, une liberté.

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