Shein et Temu dans le viseur : l’UFC-Que Choisir alerte sur de nombreux produits dangereux
Cadmium, formaldéhyde, chargeurs défaillants… Une nouvelle étude tire la sonnette d’alarme. Selon l’UFC-Que Choisir, 69 % des produits testés sur les plateformes Shein et Temu ne respectent pas les exigences européennes. Et 57 % présentent un risque réel pour les utilisateurs.
Derrière les « bonnes affaires », des dangers bien concrets se cachent, des intoxications aux brûlures, en passant par des risques d’étouffement.
« Petits prix », grandes questions : pourquoi ces tests ont été menés
L’UFC-Que Choisir dit avoir voulu vérifier si les produits à bas prix vendus par Shein et Temu respectaient effectivement les normes européennes. Avec des partenaires européens. L’association a acheté et testé 162 articles représentatifs d’achats courants : chargeurs USB, jouets pour enfants et bijoux. L’idée était simple : confronter l’argument du « tout petit prix » aux obligations de sécurité prévues par la réglementation en vigueur.
Dès les premières séries d’analyses, le verdict tombe : près de sept produits sur dix examinés se révèlent non conformes, et plus d’un sur deux dangereux. Mais saviez-vous que ces défaillances ne se limitent pas à des marges d’erreur techniques ? L’étude décrit des anomalies lourdes, susceptibles d’exposer directement l’utilisateur à des dommages corporels, parfois graves, ou l’enfant à des substances interdites.
L’association détaille des cas concrets. Dans la famille des accessoires, un bijou affiche une teneur en cadmium jusqu’à 8 500 fois supérieure au seuil autorisé. Ce détail que peu de gens connaissent : le cadmium n’est pas seulement un mot chimique barbare ; c’est un métal lourd toxique, strictement encadré dans les bijoux pour protéger la santé. Ici, sa présence démesurée témoigne d’un manquement majeur aux règles de l’UE.
Crédit : WClarkeUK / CC BY-SA.
Crédit : Ron Dollete / CC BY-SA.
Ce que l’étude met au jour : non-conformités, substances indésirables et risques concrets
Au-delà des pourcentages, ce sont les risques de brûlure, de choc électrique, d’incendie, d’intoxication ou d’étouffement qui retiennent l’attention. L’UFC-Que Choisir insiste : ces produits ne sont pas simplement « limite », ils sont mal conçus, fabriqués avec des matériaux de mauvaise qualité, et n’offrent pas les garanties minimales attendues.
À lire aussi
Dans le segment des jouets, l’étude évoque des « petits prix, maxi-risques ». Des tests ont révélé des substances dangereuses au-delà des seuils autorisés. Exemples : des taux de formaldéhyde mesurés à 143 et 164 mg/kg, quand la teneur autorisée est de 30 mg/kg. Là encore, l’écart ne relève pas du détail. Le formaldéhyde, connu pour son caractère irritant, n’a rien à faire dans un produit destiné aux enfants à de telles concentrations.
Du côté des bijoux, outre la présence hors norme de cadmium, le constat rejoint le même scénario : des articles attractifs au premier regard, mais qui basculent dans le non-respect des exigences européennes dès que l’on observe leur composition. C’est l’un des effets pervers d’une offre de fast-retail vendue à l’échelle mondiale : la traçabilité s’effiloche, les contrôles qualité se perdent, et le client final devient l’ultime filtre de sécurité, malgré lui.
Crédit : Milda 444 / CC BY-SA.
Focus chargeurs USB : quand la sécurité électrique n’est pas au rendez-vous
Les chargeurs USB testés illustrent une autre facette du problème. Sur 54 modèles, seuls deux répondent en tous points aux normes de l’Union européenne. Rapporté à la vie quotidienne, le signal est clair : l’utilisateur n’a aucun moyen, au déballage, de distinguer un chargeur sûr d’un autre qui ne l’est pas.
Les essais évoqués par l’UFC-Que Choisir pointent des chargeurs mal conçus, assemblés avec des matériaux dégradant la protection électrique minimale. Résultat : l’association alerte sur des risques de brûlure, de choc électrique et d’incendie. Ce n’est pas anecdotique : un chargeur est un objet branché souvent longtemps, parfois sans surveillance, à proximité d’un lit, d’un canapé, ou dans une chambre d’enfant. Là aussi, l’écart entre la promesse d’un accessoire de base et la réalité technique pose question.
On l’oublie souvent, mais les exigences européennes en matière d’appareils électriques ne reposent pas sur du formalisme : elles traduisent des années de retours d’expérience et d’accidents évités. Quand un produit n’est pas conforme, ce n’est pas une virgule mal placée sur une fiche technique ; c’est un niveau de protection qui n’existe pas ou ne fonctionne pas comme prévu.
Crédit : Meanwell Packaging / CC BY 2.0.
Jouets et bijoux : des écarts massifs aux normes, des dangers bien identifiés
La partie jouets de l’étude accroche l’œil parce qu’elle touche à un public particulièrement vulnérable. Le formaldéhyde dosé plus de quatre fois au-dessus du seuil maximal autorisé n’est pas le fruit du hasard : cela renvoie à des procédés de fabrication ou à des fournitures qui échappent aux standards. L’association invite d’ailleurs à « réfléchir à deux fois » avant d’offrir un jouet acheté sur ces plateformes, tant les résultats révèlent un défaut de sécurité.
Les bijoux n’échappent pas au constat. Dans ce secteur, les métaux lourds sont strictement encadrés. L’exemple d’un bijou contenant du cadmium à une teneur monumentale par rapport au plafond autorisé frappe les esprits, et pour cause : porté au contact de la peau, parfois longtemps, un accessoire truffé de substances interdites ou strictement limitées devient un facteur d’exposition.
À lire aussi
Ce détail que peu de gens connaissent : les normes européennes ne concernent pas uniquement des caractéristiques visibles, comme les dimensions d’une petite pièce susceptible de provoquer un étouffement. Elles adressent aussi la toxicité potentielle, la migration de substances, la tenue mécanique et l’inflammabilité. Lorsqu’une étude fait ressortir des dépassements multiples, c’est toute la chaîne de mise sur le marché qui se retrouve interpellée.
Crédit : Tess Mattew / CC BY-SA.
« Obligations du DSA » : la pression européenne, et la réponse de Temu
L’étude souligne aussi les insuffisances de réaction de Shein et Temu, soumis aux obligations du Digital Services Act (DSA). Le message est clair : en tant que places de marché, ces plateformes doivent davantage agir face aux contenus illicites et aux produits dangereux signalés.
Temu a réagi dans un communiqué, affirmant prendre très au sérieux la sécurité des produits. Concernant les références pointées par l’étude, la plateforme indique les avoir rapidement retirées et avoir informé les vendeurs concernés. Elle dit rester déterminée à offrir une expérience d’achat sûre, à respecter les réglementations européennes en matière de sécurité des produits, et à maintenir des processus de conformité.
Ces éléments, rappelés par l’UFC-Que Choisir, s’inscrivent dans un contexte européen où la surveillance des places de marché s’intensifie. Sans extrapoler, un point ressort : quand 57 % des articles testés sont jugés à risque, la discussion ne porte pas sur des cas isolés, mais sur une tendance lourde. Or l’esprit du DSA est justement de pousser les plateformes à prévenir, détecter et retirer rapidement ce qui contrevient au cadre.
Ce que révèle vraiment cette enquête, en filigrane
Le tableau d’ensemble dessiné par l’étude n’oppose pas simplement « bons plans » et « règles trop strictes ». Il met en perspective l’écart entre des promesses marchandes et l’impératif de sécurité. Non, un prix bas ne justifie pas une non-conformité. Non, un catalogue pléthorique ne justifie pas un contrôle laissé à la discrétion du client.
Ce n’est pas non plus une attaque contre un pays d’origine : c’est une photographie de pratiques qualité insuffisantes sur des articles concrets. Et lorsque l’on parle d’électricité, de produits chimiques ou de jouets, les marges d’erreur ne se discutent pas. Pour la plupart des consommateurs, un chargeur USB ou un puzzle pour enfant devraient rester des achats banals. Les chiffres avancés par l’UFC-Que Choisir rappellent qu’ils ne le sont pas toujours.
Dernière précision qui change tout, et que l’étude place au centre de sa démonstration : sur 54 chargeurs USB testés, seulement deux modèles sont pleinement conformes aux normes de l’Union européenne. C’est la révélation qui clôt le tableau et mesure l’ampleur du problème : au-delà des pourcentages, la sécurité minimale attendue par la réglementation fait défaut, parfois massivement, sur des produits d’usage quotidien.