Braquage du Louvre : Les experts estiment qu’il est peu probable que les bijoux soient retrouvés un jour
Leur plan semblait sorti tout droit d’un film. Armés de tronçonneuse, d’une grue et deux deux-roues, quatre individus ont réussi à pénétrer dans le musée du Louvre en plein jour, alors que l’établissement était ouvert au public. En à peine sept minutes, ils ont dérobé plusieurs bijoux royaux d’une valeur historique inestimable.
Alors que les voleurs courent toujours et qu’une vaste enquête est en cours, une question hante désormais les esprits : que va-t-il advenir de ces trésors ?
Un vol mystérieux et méthodique
Impossible, pour l’instant, de savoir pourquoi ces pièces ont été visées. La vérité ne sera connue que lorsque les auteurs seront arrêtés.
Pour Donna Brett, historienne de l’art à l’Université de Sydney, plusieurs scénarios sont envisageables.
« Il peut s’agir d’un vol commandité pour un collectionneur privé, mais ce type de butin sert aussi parfois de monnaie d’échange dans le cadre de trafics internationaux« , explique-t-elle.
Une hypothèse partagée par Margo van Felius, spécialiste du crime organisé à l’Université Griffith, qui imagine un vol sur commande : « Peut-être qu’une seule pièce était visée, mais les voleurs ont saisi l’occasion d’en prendre d’autres. »
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Quels bijoux ont été dérobés ?
Neuf objets étaient visés, huit ont disparu. Seule la couronne de l’impératrice Eugénie, sertie d’or, d’émeraudes et de diamants, a été retrouvée à l’extérieur du musée, probablement abandonnée dans la précipitation.
Les autres pièces, toutes issues du XIXe siècle, appartenaient à la royauté française ou à l’Empire : tiares, colliers d’émeraudes et de saphirs, broches et nœuds de corsage, autrefois portés par Marie-Amélie, Hortense, Marie-Louise et Eugénie.
Seront-ils un jour retrouvés ?
Selon plusieurs experts, les chances de retrouver les bijoux intacts sont infimes. Le détective d’art néerlandais Arthur Brand estime que les voleurs chercheront probablement à démonter les pièces pour vendre pierres et métaux séparément.
« Si la police les arrête rapidement, le butin pourrait encore être récupéré. Mais au-delà d’une semaine, il est presque certain qu’ils auront déjà tout démonté », prévient-il.
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Même son de cloche chez Tobias Kormind, directeur de 77 Diamonds : « Ces bijoux sont trop reconnaissables. Les voleurs tailleront sûrement les pierres différemment pour effacer toute trace de provenance. » En clair, les pièces originales pourraient bien ne jamais réapparaître.
Un butin trop célèbre pour être revendu
Pour Alexandre Giquello, président de la maison Drouot, même démontés, ces joyaux sont pratiquement impossibles à écouler. « Les coupables doivent comprendre la gravité de leur acte. Ces objets sont connus dans le monde entier. Les démonter ou les vendre, c’est s’exposer à des peines très lourdes », explique-t-il.
Un parallèle est souvent fait avec le vol de la Joconde en 1911 : son auteur, incapable de revendre l’œuvre, l’avait gardée sous son lit. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs promis que la France mettrait tout en œuvre pour les retrouver.
Quelle est la valeur estimée du butin ?
Briser les bijoux pour en vendre les pierres n’aurait rien de rentable. Comme le rappelle Margo van Felius, leur valeur ne réside pas seulement dans les diamants ou l’or, mais dans leur histoire. « En détruisant leur provenance, on détruit aussi ce qui les rend précieux », souligne-t-elle.
Une idée appuyée par Donna Brett : « D’après Scotland Yard, les objets volés ne se revendent souvent qu’à 10 % de leur valeur réelle. » Le ministère de la Culture a quant à lui évoqué des pièces d’une valeur historique « inestimable », rappelant qu’elles incarnent une partie du patrimoine national.
À noter : les voleurs n’ont pas touché au célèbre diamant du Régent, exposé dans la même galerie. Ce joyau est estimé à plus de 92 millions d’euros.
