Classe moyenne en 2025 : à partir de quel salaire en France pouvez-vous vraiment vous y ranger ?
Où commence la classe moyenne en 2025 ? L’Observatoire des inégalités a tracé des repères clairs en s’appuyant sur des données Insee 2022 : des seuils de revenus différents selon la composition du foyer.
Ni riches ni pauvres, les ménages concernés se situent « entre les 30 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches ». Mais saviez-vous que votre lieu de vie et la taille de votre foyer changent fortement la donne ?
Ce que recouvre vraiment la « classe moyenne »
Définir la classe moyenne paraît simple : c’est le cœur de la société, entre les plus modestes et les plus aisés. Dans les faits, la frontière bouge sans cesse, notamment depuis la flambée des prix qui a rongé le niveau de vie de nombreux Français ces dernières années. Beaucoup s’y reconnaissent par réflexe, mais s’y retrouvent-ils réellement lorsque l’on met les chiffres sur la table ? C’est tout l’intérêt du cadrage retenu par l’Observatoire des inégalités : positionner les classes « moyennes » entre les 30 % des revenus les plus faibles et les 20 % du haut de l’échelle. Autrement dit, on parle d’un large ventre mou, ni privilégié, ni en difficulté extrême.
Reste un piège : regarder seulement le salaire. Un montant isolé ne dit pas grand-chose du niveau de vie si l’on ne tient pas compte de la composition du foyer. À revenus identiques, un couple sans enfant n’a pas les mêmes marges qu’un couple avec deux ados. Autre variable clé, trop souvent oubliée : la localisation. Les charges, le loyer ou les transports pèsent différemment à Paris, en périphérie d’une métropole ou dans une petite ville. Ce détail que peu de gens connaissent : à revenu égal, un changement de territoire suffit parfois à faire glisser un ménage d’une catégorie à l’autre.
Crédit : Santeri Viinamäki / Wikimedia Commons.
Seuils pour une personne seule : quand êtes-vous « moyen », « aisé » ou « riche » ?
Pour une personne seule, l’Observatoire des inégalités fixe un couloir de revenus qui permet de se situer sans se tromper. Si vous gagnez entre 1 600 et 2 900 euros par mois, vous entrez dans la classe moyenne. Au-delà de 2 900 euros, vous basculez parmi les aisés, et en franchissant 4 000 euros mensuels, vous êtes considéré comme riche. À l’inverse, en-dessous de 1 000 euros par mois, vous rejoignez la zone du seuil de pauvreté.
À lire aussi
Ces repères ont un mérite : ils parlent à tous. Le salarié à temps plein, l’indépendant aux revenus variables, ou encore l’agent public peuvent confronter leur salaire mensuel à ces bornes et obtenir une photographie sociale cohérente. Mais ne perdez pas de vue que l’on parle ici d’une personne seule, sans autre charge que la sienne : le même revenu n’offre pas les mêmes marges à deux ou à quatre sous le même toit.
Crédit : Santeri Viinamäki / Wikimedia Commons.
En couple sans enfant : où commence la classe moyenne du foyer ?
Dès que l’on additionne deux revenus, le curseur change. Pour un couple sans enfant, la classe moyenne débute lorsque le revenu du ménage atteint 2 400 euros, et s’étend jusqu’à 4 400 euros. Au-dessus, le foyer se range parmi les aisés à partir de 6 000 euros, tandis qu’il est regardé comme pauvre sous le seuil de 1 500 euros par mois.
Ces paliers racontent quelque chose de très concret : à deux, certains frais fixes (logement, abonnements, équipements) sont mutualisés, ce qui améliore le pouvoir d’achat à revenu équivalent. C’est pourquoi le tunnel « moyen » se déplace vers le haut tout en restant réaliste. Mais il existe aussi des effets de seuil : un couple qui grimpe légèrement au-dessus de 4 400 euros ne devient pas soudainement confortable partout en France. Selon la localisation, ce léger dépassement peut se traduire par un budget toujours tendu, surtout si l’on prépare un projet d’achat ou que l’on supporte un loyer élevé.
Crédit : Avij / Wikimedia Commons.
Famille avec enfants : le cas d’école du couple et de deux ados
Là où la classification bouge le plus, c’est quand on ajoute des enfants au foyer. Pour rendre la mesure lisible, l’Observatoire des inégalités prend l’exemple d’un couple avec deux enfants de plus de 14 ans. Résultat : sous 2 500 euros par mois, le foyer est considéré comme pauvre. Il entre dans la classe moyenne entre 4 000 et 7 400 euros, puis devient riche dès lors que les revenus dépassent 10 100 euros.
Ce cadrage illustre parfaitement le rôle des échelles d’équivalence implicites : un ado a des besoins et des coûts plus proches d’un adulte que d’un jeune enfant. Alimentation, transport, équipements scolaires et numériques : les dépenses grimpent vite. Autre réalité : les frais invisibles mais récurrents (assurances, loisirs, vêtements) peuvent, selon la région et les habitudes du foyer, avaler une large part du revenu disponible. En clair, un couple parent de deux grands enfants, classé « moyen » à 5 000 euros, ne vit pas la même chose dans une grande métropole et dans une petite ville.
À lire aussi
Pourquoi le simple « salaire » ne suffit pas à vous classer
On l’a compris, réduire l’appartenance à la classe moyenne à un salaire brut ou net mensuel, c’est oublier la réalité des foyers. La composition familiale change tout : charges, dépenses contraintes, marges de manœuvre. La localisation amplifie ou atténue les effets d’un même revenu. Et la conjoncture pèse sur l’ensemble : hausse des prix de l’énergie, tickets de caisse, loyers, carburants… Autant de lignes budgétaires qui ont évolué récemment, parfois de manière brutale.
C’est d’ailleurs pour clarifier ces ambiguïtés que l’Observatoire des inégalités propose des tranches de revenus par type de ménage. Le principe n’est pas de coller une étiquette figée, mais d’offrir un repère robuste et comparable d’un foyer à l’autre. Libre à chacun de se situer, en gardant en tête que des écarts de coût de la vie existent entre territoires. Un couple « moyen » à 4 200 euros pourra se sentir à l’aise en province, mais serré dans une zone très tendue, surtout si un projet d’épargne vient s’ajouter aux dépenses courantes.
Crédit : Santeri Viinamäki / Wikimedia Commons.
Comment vous situer, concrètement, sans vous tromper
La première étape consiste à identifier le type de foyer qui vous correspond : personne seule, couple sans enfant, couple avec deux enfants de plus de 14 ans (l’exemple retenu pour donner un ordre de grandeur). La seconde : confronter votre revenu mensuel aux seuils qui s’y appliquent. Si vous êtes seul, 1 600 à 2 900 euros vous classent dans la classe moyenne ; si vous êtes en couple sans enfant, 2 400 à 4 400 euros ; avec deux grands enfants, 4 000 à 7 400 euros.
Ensuite, nuancer. Posez-vous la question de votre localisation et de vos dépenses contraintes. Un loyer lourd ou des trajets coûteux peuvent vous faire ressentir une pression budgétaire plus forte que ne le suggère votre rang statistique. À l’inverse, des charges modérées et une bonne maîtrise des dépenses peuvent donner de l’aisance à un foyer rangé dans la moyenne. Enfin, gardez en tête une subtilité : les repères sont tirés de chiffres Insee 2022, forcément un temps en retard sur la vie réelle, surtout après un épisode d’inflation marqué.
Crédit : Santeri Viinamäki / Wikimedia Commons.
La nuance finale qui change la lecture des chiffres
Ces repères ont l’avantage d’être clairs et comparables. Mais la révélation à ne pas manquer est la suivante : tout ce cadrage repose sur des données Insee 2022. Elles sont robustes, mais ne prennent pas en compte le contexte inflationniste de 2023 et 2024. En clair, votre position statistique peut être exacte sur le papier tout en paraissant « décalée » dans votre quotidien. C’est pour cela que la classe moyenne reste une photographie : utile pour se situer, à compléter par votre réalité de foyer et de lieu de vie.