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Le ministre de l’Éducation nationale se justifie sur son choix de scolariser certains de ses enfants dans le privé

Publié par Killian Ravon le 31 Oct 2025 à 17:30

Nommé ministre de l’Éducation nationale le 12 octobre par Sébastien Lecornu, Édouard Geffray a choisi la transparence sur BFMTV. Invité ce jeudi 30 octobre, il confirme que certains de ses enfants ont été scolarisés « dans le public comme dans le privé sous contrat ». Tout en martelant sa confiance « totale » dans l’école publique. Une mise au point attendue dans un débat où l’intime se mêle au politique.

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Plan rapproché d’un homme en costume sombre souriant sur un plateau télévisé, avec un fond urbain flou au crépuscule.
Sourire en direct : l’invité réagit sur un plateau d’info du soir.

Entre défense de l’universalité de l’enseignement et rappel de ses responsabilités, le ministre insiste. « Les règles y sont les mêmes », dans le public comme dans le privé sous contrat. Une phrase clé qui cadre son propos et replace la discussion sur un terrain institutionnel plus que personnel.

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Transparence assumée sur le parcours scolaire de ses enfants

Sur le plateau, Édouard Geffray n’élude pas la question. À ceux qui l’interrogent sur l’école de ses enfants, il répond « en avoir dans les deux côtés ». Certains ont étudié dans le public. D’autres dans le privé sous contrat. L’aveu, posé, vise moins à clore une polémique qu’à clarifier un choix familial dans un cadre légal connu de tous. Le ministre refuse d’opposer deux réseaux qu’il considère comme complémentaires et soumis, rappelle-t-il, aux mêmes obligations de programme, d’examen et de contrôle. Il se dit garant de la protection des élèves, de l’équité des parcours. Et de la continuité du service éducatif. Quelle que soit l’adresse de l’établissement.

Ce débat touche à l’intime et à la cohérence. Les ministres de l’Éducation sont régulièrement sommés d’« épouser » l’école publique dans leur vie privée au nom de l’exemplarité. Geffray retourne l’argument : la confiance dans l’institution ne se mesure pas à la seule inscription d’un enfant mais à l’engagement, à l’action. Et à la capacité à améliorer l’école pour tous. « Si je n’avais pas confiance, je ne lui aurais pas consacré un tiers de ma vie professionnelle », insiste-t-il. Cette ligne, à la fois personnelle et politique, place la responsabilité publique au-dessus d’un choix de scolarisation qui, lui, relève de la liberté des familles.

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Façade de l’Hôtel de Rochechouart à Paris, siège du ministère de l’Éducation nationale, photographie en plan large prise en 2019.
Le siège du ministère, rue de Bellechasse, où se décident les grandes orientations de l’école.
Crédit : Celette — CC BY-SA 4.0.

« Les règles sont les mêmes » : ce que le ministre veut vraiment dire

En répétant que « les règles y sont les mêmes », Édouard Geffray rappelle une distinction essentielle. Le privé sous contrat n’est pas une bulle autonome. Il est lié à l’État par un contrat qui l’oblige à appliquer les mêmes programmes que le public, à recruter des enseignants formé. Et à se soumettre aux mêmes examens nationaux et à l’évaluation de l’Inspection. Pour le ministre, c’est précisément cette ossature commune qui permet de juger l’ensemble du système à l’aune d’un même baromètre. Celui des apprentissages, de la réussite des élèves et de la sécurité.

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Dans le débat français, « public versus privé » sert souvent de proxy à d’autres tensions. Ségrégation sociale, carte scolaire, rythmes, remplacement des professeurs absents, climat scolaire. Geffray tente de déminer en recentrant sur le cadre légal : mêmes enseignements, mêmes règles, même finalité nationale. Mais saviez-vous que nombre d’établissements privés sous contrat accueillent aussi des élèves boursiers et sont soumis à des dispositifs d’inclusion comparables ? Le ministre laisse entendre que la frontière est peut-être moins nette qu’on l’imagine et que la qualité se joue d’abord dans les salles de classe, la stabilité des équipes. La formation et l’accompagnement des élèves.

Cour d’honneur et façade néoclassique de l’Hôtel de Rochechouart à Paris
L’Hôtel de Rochechouart, un décor historique pour une mission très contemporaine.
Crédit : Pymouss — CC BY-SA 4.0.

Répondre à une polémique ancienne : l’ombre de Stanislas et la question du « message » envoyé

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Difficile d’oublier le précédent : à son arrivée, Amélie Oudéa-Castéra avait justifié le transfert de ses enfants au collège-lycée Stanislas à Paris par « des paquets d’heures non remplacées » dans le public. Déclenchant la colère des syndicats et des oppositions. En se plaçant sur un terrain moins accusateur et plus institutionnel. Édouard Geffray cherche à neutraliser l’idée que choisir le privé serait, en soi, un désaveu du service public. Son message est autre : l’école publique est le cœur battant du système. Et elle doit rester la boussole de la Nation, mais l’existence d’un privé sous contrat, normé et contrôlé, fait partie de l’équilibre français.

Dans ce jeu d’équilibriste, la communication compte. Dire « j’ai des enfants scolarisés dans le public et le privé » peut être entendu comme un aveu d’écart, ou, au contraire. Comme une preuve de pragmatisme et de connaissance fine des deux réalités. Geffray assume ce pari : parler sans détour, puis rappeler que la mesure d’un ministre ne se fait pas au carnet d’adresses d’un chef d’établissement. Mais aux réformes qu’il porte et à la stabilité qu’il garantit. À ses yeux, l’universalité de l’enseignement n’est pas une posture : c’est un mandat.

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Un haut fonctionnaire du système scolaire devenu ministre

Avant d’occuper le perchoir de la rue de Grenelle, Geffray a traversé la maison. Ancien directeur de cabinet à la Justice, il devient directeur général des ressources humaines au ministère de l’Éducation, puis directeur de l’enseignement scolaire de 2019 à 2024. Il a ainsi connu plusieurs ministres, de Jean-Michel Blanquer à Pap Ndiaye, jusqu’à sa nomination par Sébastien Lecornu. Ce CV, très « système », explique sans doute le ton de sa défense : moins politique que gestionnaire, attachée aux cadres communs, à la protection des élèves et à la continuité du service public.

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Cette trajectoire confère au ministre une double obligation : maîtriser l’architecture de l’institution et produire des résultats visibles. Dans un contexte qu’il qualifie lui-même d’« extrêmement inquiétant », avec des fractures sociales qui se reflètent dans l’école, il avance trois priorités. Redresser les apprentissages, stabiliser les équipes, sécuriser les parcours. Le débat public/privé, pour lui, ne doit pas phagocyter l’agenda. L’urgence reste de faire lire, écrire, compter et respecter le cadre à tous les élèves, partout, au-delà des appartenances d’établissement.

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Vue large de la façade du ministère de l’Éducation nationale à Paris, prise depuis la rue, en haute résolution.
Une institution au cœur d’un débat sensible : public, privé… et mêmes règles.
Crédit : Paris 16 / Celette — CC BY-SA 4.0.

Public, privé sous contrat : ce que regardent les familles… et ce que promet le ministre

La réalité des familles est souvent plus simple que les joutes politiques. Elles scrutent la qualité de l’enseignement, la présence d’un professeur devant la classe, le climat scolaire, l’accompagnement individuel, l’offre linguistique ou artistique, les options. Elles composent avec une carte scolaire parfois contraignante, des temps de transport, des horaires de garderie, des projets personnels. Dans ce quotidien, la promesse publique – un cadre commun d’enseignement, des règles partagées, des diplômes nationaux – est un repère.

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Geffray le sait : pour que la confiance s’installe, il faut que les promesses soient tenues. Ceci passe par le remplacement des absences, la lutte contre les inégalités de niveau, la sécurisation des espaces scolaires, l’attention portée aux élèves à besoins particuliers, la protection des élèves en cas de harcèlement ou de violences, et un dialogue apaisé avec les équipes. « Être là pour tous les élèves de ce pays », répète-t-il. En creux, un message : l’école publique est la colonne vertébrale, et le privé sous contrat doit marcher au même pas, sous le même regard de l’État.

Entrée et cour du Collège Stanislas à Paris
Privé sous contrat : un cadre commun, une gouvernance distincte.
Crédit : Jean-Christophe Windland — CC BY 3.0.

Ce détail que peu de gens retiennent quand on parle « public-privé »

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Dans le vacarme des débats, une nuance disparaît souvent : le contrat qui lie le privé à l’État. Il garantit des programmes communs, des examens identiques, une inspection possible, une obligation de résultat qui ne diffère pas de celle du public. C’est cette charpente qui permet à un ministre d’affirmer que « les règles sont les mêmes », sans pour autant nier les différences de publics, de projets d’établissement, de culture interne. Le cadre commun – cette « grammaire » nationale de l’école – est ce qui rend la comparaison possible et ce qui autorise, aussi, la critique quand des écarts apparaissent.

En ramenant la conversation à cette grammaire, Édouard Geffray parie sur la raison plus que sur la posture. Il sait que le sujet émeut au-delà des clivages et touche à l’égalité républicaine. Sa réponse, elle, tient en une ligne : la loyauté à l’égard de l’école publique ne se décrète pas par une adresse d’inscription mais par un cap : consolider un service public d’éducation qui tienne partout, et un contrat qui oblige les acteurs privés à la même exigence.

: Façade d’un bâtiment du Collège-Lycée Stanislas à Paris
Stanislas, l’établissement privé sous contrat souvent cité dans le débat.
Crédit : Bahazeb — CC BY 3.0.
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Que retenir ?

Derrière la polémique sur la scolarité de ses enfants, la phrase à retenir est peut-être la plus simple : « Les règles y sont les mêmes ». C’est le cœur de la défense d’Édouard Geffray : un ministre qui revendique une expérience « des deux côtés » pour mieux rappeler qu’en France, l’école – publique ou privée sous contrat – relève d’un même cadre national et d’une même promesse : l’égalité des chances.

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