Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Actualité

IA : une étude liste 44 métiers menacés… et Bill Gates n’en voit que trois capables de résister

Publié par Killian Ravon le 23 Oct 2025 à 11:02

Deux chiffres qui claquent : 44 métiers seraient les plus exposés face aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle. Tandis que Bill Gates n’en voit que trois réellement à l’abri. Une nouvelle évaluation pilotée par l’équipe derrière ChatGPT dresse une cartographie précise des fonctions que l’IA sait déjà exécuter mieux que nous dans l’économie américaine. Et le verdict interroge autant qu’il bouscule.

La suite après cette publicité
Open-space moderne : développeur, juriste, commercial en visio et monteur vidéo, chacun assisté par un outil d’IA.
Open-space à l’ère de l’IA : du code au montage vidéo, l’assistant intelligent accélère les tâches sans effacer les métiers.

Avant d’entrer dans le détail, un point de méthode. Les chercheurs d’OpenAI se sont appuyés sur un test spécialisé, baptisé GDPval. Pour comparer l’IA à des travailleurs humains dans neuf secteurs clés. Résultat : une série de métiers – parfois très qualifiés – apparaissent particulièrement vulnérables. Et pendant que l’on dissèque ces chiffres, l’ancien patron de Microsoft avance une intuition forte. Les codeurs, les experts de l’énergie et les biologistes feraient partie des rares professions capables de tirer leur épingle du jeu. Pour l’instant. Mais savez-vous que l’évaluation révèle aussi une surprise sectorielle que peu de gens anticipaient ? Patience : on y revient à la fin.

La vidéo du jour à ne pas manquer
Développeur logiciel concentré dans un bureau à Nairobi, illustrant l’automatisation croissante de tâches techniques par les outils d’intelligence artificielle.
Un développeur au travail : la programmation, métier exposé mais en mutation rapide.
Crédit : Daudi Mukiibi / CC BY-SA 4.0.
La suite après cette publicité
Journalistes et producteurs au sein d’une salle de rédaction, où l’IA accélère dérushage et synthèses mais ne remplace pas le terrain.
Dans une newsroom, l’IA accélère sans supplanter le reportage.
Crédit : James Cridland / CC BY 2.0.

Une évaluation « GDPval » pour mesurer ce que l’IA sait déjà faire au travail

Pour ne pas rester au niveau des discours, l’équipe de ChatGPT a conçu un protocole de test qui confronte, tâche par tâche, les capacités des modèles à celles d’employés humains sur des activités à valeur économique. L’idée n’est pas de rêver d’une IA omnisciente, mais d’observer froidement où elle gagne déjà des points. C’est là tout l’intérêt de GDPval. Quitter les benchmarks académiques pour des missions concrètes. Celles qui composent des fiches de poste.

La suite après cette publicité

Neuf industries ont été retenues, non pas au hasard, mais parce qu’elles pèsent chacune plus de 5 % du PIB américain. Immobilier et location, administrations publiques, manufacture, professions scientifiques et techniques, santé et action sociale, finance et assurances, commerce de détail, commerce de gros. Et information (médias, édition, audiovisuel…). Chaque famille regroupe des métiers-type, disséqués en tâches et évalués par les algorithmes. L’IA « gagne » quand elle accomplit la tâche avec une qualité et une efficacité au moins équivalentes.

Les métiers les plus exposés : quand l’IA coche (presque) toutes les cases

La suite après cette publicité

L’étude ne parle pas d’un futur hypothétique : elle pointe 44 métiers où la substitution deviendrait crédible à court terme. Et ce n’est pas seulement la « papierasse » qui vacille. On y trouve des fonctions de terrain, d’encadrement, d’analyse… autant de profils longtemps jugés « protégés ». Parmi les plus cités, on croise des développeurs qui assemblent et révisent du code. Des enquêteurs privés s’appuyant sur des recherches documentaires, des managers chargés d’optimiser des processus, des monteurs vidéo. Et éditeurs qui traitent et peaufinent des flux d’images. Et même des avocats dont une part des missions relève d’une analyse textuelle standardisée.

Le cœur de l’immobilier apparaît étonnamment touché. Concierges, gestionnaires de copropriété et d’associations de propriétaires, agents et courtiers immobiliers, employés de locations. Autant de profils dont les cycles d’activité (prise de rendez-vous, qualification de leads, génération d’annonces, vérification de documents) se prêtent très bien à l’automatisation. Côté manufacture, on retrouve des superviseurs de production et des ingénieurs (mécanique, industriel) dont de nombreuses tâches passent par de la modélisation. Du contrôle qualité ou du reporting assisté par IA.

À lire aussi

Le secteur tertiaire touché

La suite après cette publicité

Les fonctions support sont également en première ligne : officiers de conformité, gestionnaires de services administratifs, chefs d’équipe dans des bureaux mêlant secrétariat et saisie, assistants médicaux s’occupant de planning et de codage de dossiers, gestionnaires de services de santé qui compilent indicateurs et protocoles standards. Dans la finance, la liste additionne analystes, conseillers, gestionnaires et commerciaux de produits financiers, précisément là où l’IA excelle à agréger des données, simuler des scénarios et rédiger des notes claires.

Même les métiers de l’information ne sont pas épargnés : techniciens audio-vidéo, producteurs, rédacteurs et journalistes, monteurs et éditeurs voient une portion croissante de leur chaîne de valeur – dérushage, transcription, premier montage, briefs et synthèses – prise en charge par des outils génératifs. Est-ce la disparition accélérée du geste créatif ? Pas forcément : la frontière se déplace vers la direction artistique, la sélection et la validation. Mais la pression est là.

Infirmière en exercice à l’hôpital militaire d’Ouakam, exemple de tâches de santé partiellement assistées par IA.
Santé : assistance par l’IA, le soin reste humain.
Crédit : SETAF-Africa / CC BY 2.0.
La suite après cette publicité

Des « scores de victoire » qui varient selon les secteurs (et réservent une surprise)

Tout n’est pas uniforme. L’équipe a mesuré un taux de victoire de l’IA différent selon les secteurs. Dans l’immobilier et la location, il atteindrait 49 %, très proche d’un « un cas sur deux » où la machine fait au moins aussi bien. Dans le secteur public, le score grimpe même à 52 % : beaucoup de tâches y sont réglementées, documentées et répétitives, un terrain idéal pour des modèles entraînés sur de vastes corpus.

À l’inverse, la famille « information » – qui inclut reporters et monteurs vidéo – affiche un 33 % de victoires, soit l’un des plus bas. C’est contre-intuitif pour une industrie saturée de contenus numériques, mais cela rappelle un point crucial : l’IA performe remarquablement sur la mise en forme et la synthèse, moins sur la collecte originale, le terrain ou la vérification en contexte. Ce détail que peu de gens connaissent : l’IA peut briller dans des tâches « visibles » (titres, résumés, premiers cut), tout en restant en retrait dès qu’il s’agit de prioriser, ordonner et garantir une information de première main.

La suite après cette publicité
Équipe de post-production vidéo devant les écrans ; l’IA accélère le dérushage et le premier montage.
Audiovisuel : IA partout dans la chaîne, le choix éditorial fait la différence.
Crédit : Michelle Fequiere-Weston / CC BY 2.0.

Ce que Bill Gates pense des métiers qui « tiendront » face à l’IA

Le point de vue de Bill Gates tranche : selon lui, trois familles gardent un avantage dans la durée : les codeurs (au sens large, capables de dialoguer avec des systèmes complexes et d’architecturer des solutions), les spécialistes de l’énergie (où la physique, l’ingénierie des systèmes et les contraintes d’infrastructure imposent de l’expérimentation et de la conception hors écran) et les biologistes (dont la recherche jongle avec du vivant, du laboratoire et de la validation expérimentale). Gates ne dit pas que ces métiers sont intouchables – ils sont déjà augmentés par l’IA – mais qu’ils absorbent mieux la technologie que d’autres.

La suite après cette publicité

À l’autre bout du spectre, il place dans la zone rouge les rôles de données et d’administration, la relation client basée sur des scripts, ou les chaînes d’assemblage où chaque geste est décomposable en étapes standards. Autrement dit, tout ce qui peut être décrit, simulé et répété à grande échelle fournit un terrain de jeu royal aux modèles. Là encore, GDPval confirme : plus une tâche est normée, plus l’IA score haut.

Bureau d’avocat avec documents et bibliothèque ; l’IA prend en charge recherche et modèles de rédaction.
Droit : l’IA industrialise la recherche, l’argumentation reste clé.
Crédit : Tony Wong / CC BY 2.0.

À quoi ressemble, concrètement, la « zone à risque » des 44 métiers

La suite après cette publicité

Plutôt que d’aligner des puces, imaginons une journée type sur quelques postes cités. Dans un cabinet d’avocats, une part significative du travail consiste à rechercher des précédents, dépouiller des pièces, rédiger des mémos et standardiser des documents. L’IA excelle à indexer, classer et synthétiser des textes juridiques, puis à proposer des brouillons solides. Le geste d’interprétation, de stratégie et de plaidoirie, lui, reste au centre des compétences humaines – mais la charge des tâches amont se réduit.

À lire aussi

Chez un développeur, entre la génération de code, les tests unitaires et l’écriture de documentation, l’IA a déjà transformé le quotidien. Elle sait proposer des snippets, déboguer par hypothèses, expliquer des erreurs et accélérer des refactors. Le métier se déplace vers l’architecture, la revue de sécurité et l’intégration fine. Un détail peu visible : les équipes qui s’en sortent le mieux sont celles qui orchestrent les modèles (prompts, vérifs, garde-fous) plutôt que de les subir.

Dans un service client, le flux d’e-mails et de conversations est une mine pour les assistants conversationnels : classification des demandes, réponses standardisées, escalade vers l’humain quand ça coince, résumés de conversation pour le suivi. L’humain garde la main sur les cas sensibles et l’empathie – ce qui, paradoxalement, revalorise les profils capables de gérer les situations ambiguës.

La suite après cette publicité

La santé et l’immobillier concernés

Dans l’immobilier, la mise en marché d’un bien s’appuie sur des modèles qui génèrent des annonces ciblées, optimisent les photos et simulent des prix à partir d’une masse de références. Les opérations (contrats types, vérifs documentaires, relances) sont automatisées. Le métier reste essentiel au moment des visites, de la négociation et de l’accompagnement émotionnel – mais l’IA fait chuter le temps passé sur le reste.

Dans la santé, on observe un déplacement comparable : infirmiers praticiens, secrétaires médicaux et managers voient une partie du codage des actes, de la planification et du suivi de dossier assistée par IA, tandis que le soin et la relation demeurent humains.

La suite après cette publicité

Alors, disparition ou transformation ? La nuance qui change tout

Dire que ces 44 métiers vont « cesser d’exister » serait excessif. Ce que montre la mesure, c’est que des morceaux de ces fonctions – souvent routiniers. Parfois experts – peuvent être pris en charge par l’IA. Deux mouvements se superposent. Une automatisation de tâches (qui compressent certains postes). Et une augmentation de compétences (qui renforcent ceux qui s’approprient la technologie). Les gagnants ? Ceux qui déplacent leur proposition de valeur vers la décision, l’éthique, le design et la relation. Toutes activités plus difficiles à formaliser.

La suite après cette publicité

Il faut aussi rappeler une limite. Un 33 % de « victoires » dans l’information ne signifie pas l’insignifiance de l’IA dans les rédactions. Au contraire, elle bouleverse la chaîne de production… mais bute sur la vérification, la priorisation et la confiance. Dans d’autres secteurs, des contraintes réglementaires et responsabilités légales tempèrent également l’adoption totale.

Reste la question qui fâche : quels métiers pour demain ? Les trois familles mises en avant par Bill Gatescode, énergie, biologie – ne sont pas seulement techniquement robustes. Elles agissent comme des plateformes pour le reste de l’économie. Et la révélation glissée par l’étude, que l’on garde pour la fin, est la suivante : le secteur qui score le plus haut n’est pas la tech, mais… l’administration publique, avec un 52 % de « victoires ». Un rappel brutal : l’IA ne transforme pas seulement les startups ou les banques, elle interpelle la façon même dont nos institutions opèrent au quotidien.

Rejoignez nos 875 726 abonnés en recevant notre newsletter gratuite

N'oubliez pas de cliquer sur l'email de validation pour confirmer votre adresse email. Si vous ne l'avez pas recu vérifiez dans vos spams.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *