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Psychopathes : l’experte révèle trois traits discrets qui passent souvent sous les radars

Publié par Killian Ravon le 29 Oct 2025 à 2:33

Deux spécialistes décrivent des signaux moins évidents qu’on ne l’imagine pour repérer un psychopathe au quotidien. Loin des clichés de cinéma, ces indices peuvent se glisser dans des comportements ordinaires, au travail comme dans la vie privée.

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Thérapeute prenant des notes face à un patient, en consultation, dans un cabinet lumineux.

D’après la psychologue Abigail Marsh (Georgetown University), trois traits reviennent très souvent… et ils sont faciles à négliger. Un psychiatre médico-légal, Sohom Das, complète le tableau.

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Trois traits qui ne crient pas « danger », mais qui en disent long

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On associe volontiers la psychopathie à des personnalités outrancières, au verbe haut et aux gestes brusques. La réalité est plus ordinaire. Dans une vidéo pour Big Think, Abigail Marsh explique que les personnes véritablement concernées n’entrent pas toujours dans le stéréotype de l’isolement total ou de la violence manifeste. Ce sont plutôt des régularités de conduite, presque banales, qui trahissent quelque chose de plus profond. L’experte met d’abord l’accent sur une ligne de fond : un comportement antisocial qui se répète dans plusieurs sphères de la vie. Il ne s’agit pas d’un seul dérapage ou d’une seule mauvaise décision, mais d’un fil rouge qui traverse la vie amoureuse, les études, le sport, la carrière.

Ce détail que peu de gens connaissent : ce « multidomaine » compte plus que l’intensité d’un acte isolé. Ainsi, tricher en couple, tricher en cours et tricher au travail dessinent un motif. Vu séparément, chaque épisode peut paraître anecdotique. Mis bout à bout, ils racontent une constance. L’experte insiste sur le fait que cette trame n’implique pas tous les introvertis ni tous les esprits indépendants : elle parle de personnes qui enfreignent les règles dès que l’occasion se présente, quel que soit le contexte.

Deuxième signe sous-estimé : la conviction intime d’être meilleur que les autres. Ici encore, rien d’explosif en apparence. Pas besoin de discours grandiloquents : un regard condescendant, une manière d’imputer systématiquement les problèmes au reste du monde, suffisent. Dans cette logique, « les autres » seraient ignorants, « facilement dupes », éternels responsables des difficultés rencontrées. Mais saviez-vous que cette surestime de soi s’exprime souvent à voix basse, dans des remarques l’air de rien, plutôt qu’en grandes tirades ? C’est précisément ce qui la rend si simple à rater.

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Un troisième signe révélateur

Le troisième trait avancé par Abigail Marsh est, selon elle, le plus révélateur : croire que tout le monde est comme eux au fond. Dit autrement, prêter sa propre boussole morale à l’humanité entière. Lorsque quelqu’un affirme que « tout le monde est fondamentalement égoïste », il parle moins d’un constat universel que de sa propre manière de fonctionner. Cette projection peut paraître cynique, voire lucide. Elle est en fait un indice : si l’autre n’existe que comme un reflet de soi, la manipulation devient plus facile à justifier, puisque chacun « ferait pareil » à sa place.

Cabinet de consultation médical traditionnel, bureau et table d’examen, éclairage naturel sur la pièce.
Un cabinet de consultation sobre et fonctionnel, prêt à accueillir un patient pour un entretien clinique. Crédit : さかおり – Wikimedia Commons
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« Discrets », vraiment ? Pourquoi ces signes passent inaperçus

Ces trois traits ont une chose en commun : ils ne déclenchent pas forcément d’alarme instantanée. Un antisocial souriant qui s’en sort « sans casser d’œufs », quelqu’un de narcissique mais performant, une vision cynique du monde enveloppée d’ironie… pris séparément, rien ne suffit à condamner. C’est la répétition qui compte. La personne concernée peut même cultiver un vernis de normalité : une sociabilité apparente, un humour apprécié, un réseau dynamique. Ce décalage entre « ce qu’on voit » et « ce qui se répète » explique la discrétion des signaux.

Autre raison de l’angle mort : nous avons tendance à rationaliser les écarts quand ils servent nos intérêts immédiats. On pardonne une entourloupe si elle profite au groupe, on ferme les yeux sur un mensonge « pour la bonne cause ». Un psychopathe sait exploiter ces zones grises. Il avance à petits pas, teste les limites, ajuste. Comme le souligne Sohom Das, ces personnes sont souvent caméléons : elles s’adaptent, modulent leur masque, et avancent sans flamboyance inutile. Le piège, c’est qu’on attend un signal fort, alors que les indices sont diffus, disséminés.

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Dans ce contexte, la parole de l’entourage compte. Plusieurs personnes, dans des cercles différents, relèvent les mêmes « petites choses » : un mépris constant pour les règles qui s’appliquent aux autres, une manière de se victimiser quand il faut rendre des comptes, une propension à déplacer la faute comme un réflexe de défense. Là encore, ce qui pèse, c’est la cohérence de l’ensemble.

Professionnelle de santé conseillant un patient en face à face dans un bureau, documents et lit d’examen à côté.
Un entretien de santé à l’Université du Nigéria : échanges pratiques autour des habitudes et du suivi.
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Le Dr Sohom Das va plus loin sur les conséquences concrètes. Selon lui, les vrais psychopathes cherchent avant tout à exploiter les autres pour obtenir ce qu’ils veulent : argent, amitié, sexe, statut. Tout peut devenir ressource. Ils sont narcissiques, au sens où tout revient à eux : leurs besoins, leur image, leur confort. Ils maitrisent les codes sociaux assez pour paraître « normaux » lorsque cela sert, et pour se délester des liens dès qu’ils n’ont plus d’utilité.

Un détail rarement formulé : pour garder cette façade, il faut un réseau relativement large mais peu profond. Les relations s’usent vite, remplacées par d’autres. D’où une impression paradoxale : un carnet d’adresses fourni, des soirées animées, mais peu de fidélité réelle, peu de relations durables. Le psychiatre résume : manipulation et opportunisme structurent la manière d’être, plus que la violence pure ou l’isolement spectaculaire.

Ce portrait peut sembler dur. Il ne s’agit ni d’un test de poche ni d’un diagnostic. L’intérêt, ici, tient à l’hygiène relationnelle que suggèrent ces repères : repérer l’exploitation récurrente, prendre au sérieux la dévalorisation systématique des autres, se méfier d’une vision du monde où chacun n’est qu’un pion.

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À ne pas confondre : introversion, indépendance, et ces traits-là

Abigail Marsh le répète : être introverti ou peu bavard n’a rien à voir avec la psychopathie. Beaucoup de gens préfèrent les petits comités, les soirées calmes et la discrétion. Ce sont des préférences sociales, pas des indices de danger. De même, défendre ses intérêts, parfois avec fermeté, ne suffit pas à cocher la case « psychopathe ». La frontière passe ailleurs : dans la constance d’un comportement antisocial multi-situationnel, dans une supériorité affichée au-dessus de tout le monde, et dans l’idée que « tout le monde fonctionne comme moi ».

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Il est utile de rappeler que nous avons tous, un jour ou l’autre, rationalisé une erreur ou blâmé autrui trop vite. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas l’écart ponctuel : c’est la structure de personnalité que trahissent des conduites répétées. C’est aussi l’absence de remise en question quand les mêmes scénarios se rejouent, quelle que soit la scène. D’où l’intérêt de croiser les regards : ce qu’un proche observe dans la sphère intime rejoint ce qu’un collègue remarque au bureau.

Mais saviez-vous que ces confusions sont entretenues par notre imaginaire collectif ? Les films nous ont appris à chercher un regard fixe, un sourire inquiétant, des gestes mécaniques. Dans la vraie vie, un psychopathe peut avoir de l’esprit, du charisme, une conversation brillante. Les signes évidents laissent place à de petits indices, incompris s’ils ne sont pas reliés entre eux.

Main du thérapeute palpant l’articulation du pied d’un patient durant une évaluation clinique.
Focus sur l’examen clinique : repérer tensions et appuis pour guider le plan de prise en charge.
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Thérapeute observant un patient courant sur tapis pour analyse de la marche dans une salle équipée.
Observation de la foulée : un outil clinique pour comprendre douleurs, posture et prévention des blessures.

Comment ces indices se traduisent dans la vie courante

Dans la vie amoureuse, l’infidélité justifiée par la « faute » de l’autre peut revenir comme un refrain. Au travail, contourner les règles pour un avantage personnel devient un réflexe « pragmatique ». En amitié, l’entourage se renouvelle au gré des opportunités et des bénéfices attendus. On retrouve chaque fois la même matrice : exploiter, se placer au-dessus, projeter sur autrui sa propre manière d’agir.

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Le discours qui accompagne ces actes suit souvent une logique bien huilée. Si un projet échoue, c’est qu’« on a été mal entouré ». Si une relation se brise, c’est que « l’autre ne comprenait rien ». Et si une faute est pointée, c’est une « attaque » injuste. Ce déni répété peut être confondu avec de la confiance en soi. Il s’agit plutôt d’une imperméabilité à la responsabilité, doublée d’un cynisme tranquille : puisque, « au fond », tout le monde fait pareil, pourquoi s’embarrasser d’états d’âme ?

Ce détail que peu de gens connaissent : la « cohérence » du monde qu’ils décrivent les protège d’une remise en cause. Si tout le monde est égoïste, la manipulation n’est plus une faute, mais un simple réalisme. Si les autres sont naïfs et « faciles à duper », il devient presque moral de les « aider à comprendre la vraie vie ». Le récit se referme sur lui-même, et les autres finissent par douter de leur propre perception.

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Patient allongé sur divan face à un psychothérapeute prenant des notes, scène iconique de consultation.
Image symbolique de la psychothérapie : le divan, le dialogue et l’écoute active au cœur de la relation.

Le mot des deux experts, en clair

Abigail Marsh propose donc trois petits cailloux à suivre : un antisocial qui s’exprime partout, une supériorité qui déresponsabilise, et la croyance que tout le monde est pareil. Sohom Das rappelle ce que cela produit : une exploitation méthodique des gens et des relations. Ensemble, ces deux regards mettent le doigt là où on ne regarde pas assez : sur la banalité des signes. Pas de grand fracas, mais des routines qui s’additionnent.

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Reste une précaution essentielle : rien de tout cela ne remplace une évaluation clinique. On ne « diagnostique » pas un proche avec une liste aperçue en ligne. En revanche, prêter attention à ces constantes peut aider à poser des limites, à protéger son intégrité, à refuser des dynamiques où l’on se sent instrumentalisé. C’est aussi un garde-fou contre nos propres rationalisations : si l’on se surprend à excuser toujours les mêmes entorses, on peut s’interroger sur ce qu’on accepte vraiment.

Et la révélation principale, la voici : derrière des airs parfaitement ordinaires, la clé n’est pas un « regard froid » ni une réplique glaçante, mais cette idée-pivot — penser que tout le monde est comme eux. C’est le signe le plus discret… et le plus parlant.

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