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Routes “lumineuses” en Malaisie : l’idée qui faisait rêver… avant le retour brutal à la réalité

Publié par Killian Ravon le 18 Oct 2025 à 2:28

En Malaisie, des tronçons ont été choisis pour expérimenter un marquage photoluminescent capable d’émettre une lueur après exposition à la lumière du jour. Sur l’idée, la promesse est simple. Remplacer ou limiter l’éclairage public classique en aidant les automobilistes à mieux lire la chaussée dans l’obscurité. Tout en réalisant des économies d’énergie.

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Route rurale de Malaisie de nuit, chaussée mouillée, bordée de jungle, avec une ligne centrale photoluminescente verte qui brille faiblement sous un ciel couvert.

Cette peinture spéciale, incorporant des pigments qui emmagasinent la lumière. Et la restituent la nuit, a déjà séduit plusieurs villes dans le monde, souvent pour des pistes cyclables ou des zones à vitesse réduite. En Malaisie, l’ambition était plus grande. L’appliquer sur des routes peu ou pas éclairées pour renforcer le guidage visuel des conducteurs.

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Pourquoi cette lueur rassure au premier coup d’œil

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Dans un environnement tropical, où les averses et les brouillards nocturnes ne sont pas rares. Une ligne centrale et des bords de chaussée qui brillent peuvent, en théorie, aider à garder le cap. La perception de la trajectoire s’améliore, les repères latéraux restent visibles plus longtemps et l’œil trouve immédiatement l’axe de la route.

L’attrait psychologique est réel : une route sombre avec un marquage lumineux paraît moins hostile. Pour de nombreux conducteurs, cela réduit la fatigue visuelle. En évitant de “chercher” la chaussée au dernier moment, surtout loin des zones urbaines.

Skyline de Kuala Lumpur au crépuscule avec traînées lumineuses sur l’autoroute.
Kuala Lumpur au début de la nuit ; les lumières de la circulation dessinent la chaussée. Crédit : PxHere/Commons.
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Les promesses d’une facture énergétique allégée

La Malaisie, comme beaucoup de pays, s’interroge sur le coût de l’éclairage public. Allumer des lampadaires toutes les nuits pèse sur les budgets locaux et sur la consommation électrique. Le marquage photoluminescent semblait proposer un compromis : un investissement initial dans la peinture. Puis moins d’appareillages, moins de maintenance, moins de kWh.

À l’heure des plans d’économies d’énergie, la solution avait donc tout pour séduire. Une route plus lisible, une facture énergétique moindre, et un symbole technologique facile à mettre en avant.

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Le vrai test commence quand la météo s’en mêle

Sur le terrain, la théorie croise les réalités tropicales. L’humidité élevée, les averses intenses, les projections de boue, la végétation qui repousse vite. Et les micro-usures liées au trafic pèsent sur la durabilité du marquage. Pour que la lueur reste visible toute la nuit, il faut une charge lumineuse suffisante le jour, une surface propre et un contraste qui ne s’affadit pas.

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Or, sur certains tronçons, les conducteurs ont signalé une luminosité inégale selon les heures, la météo ou l’état de propreté de la peinture. La visibilité perçue n’est pas toujours constante, surtout en cas de fortes pluies ou de chaussée ruisselante, quand les reflets des phares et du film d’eau perturbent la lecture.

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Autoroute malaisienne de nuit avec file de voitures et catadioptres visibles.
La North–South Highway en circulation nocturne : lecture de voie par les rétroréfléchissants. Crédit : Brandon Lim/Commons.

Sécurité : un outil d’appoint, pas un substitut total

Les experts de la sécurité routière rappellent qu’aucun marquage ne remplace des lampadaires correctement dimensionnés là où la route l’exige. La lumière structure l’espace, révèle les abords, signale la présence de piétons, d’animaux, de véhicules arrêtés. Le marquage photoluminescent agit surtout comme un guide de trajectoire ; il ne “éclaire” pas le décor.

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Dans les zones droites et peu fréquentées, l’outil peut être utile. Dans les secteurs accidentogènes, aux intersections ou sur des routes sinueuses, le besoin d’un éclairage public bien conçu demeure. Le consensus qui se dessine : réserver ces peintures à des contextes bien définis et à des vitesses maîtrisées, en les combinant à d’autres aménagements.

L’entretien, le nerf de la guerre

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Autre réalité : l’entretien. Pour que la peinture reste performante, il faut surveiller son encrassement, son adhérence et son pouvoir luminescent dans le temps. Cela implique des campagnes de nettoyage, des retouches périodiques, et une planification budgétaire qui ne s’arrête pas au jour où on déroule le pot sur l’asphalte.

S’ajoute la question des normes : visibilité minimale, résistances, compatibilité avec les pluies tropicales, comportement au roulage intensif. Les autorités doivent s’assurer que le marquage répond aux standards de lisibilité et de sécurité, de jour comme de nuit, sous ciel clair comme sous précipitations.

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Échangeur de l’autoroute LDP à Puchong illuminé la nuit.
Autoroute LDP à Puchong : un paysage nocturne urbain typique de la région de Kuala Lumpur. Crédit : angys/Commons (CC BY-SA 4.0).
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L’équation budgétaire qui complique tout

Sur une feuille Excel, la solution peut sembler avantageuse. Dans la caisse réelle, l’addition change. Il faut comparer le coût de la peinture à celui d’un éclairage public classique, sans oublier les travaux, la maintenance, le remplacement des sections abîmées, ni les opérations de nettoyage indispensables au maintien de la luminosité.

De plus, les marchés publics exigent de cadrer précisément la performance attendue : durée de la lueur, niveau de candela, visibilité sous pluie, résistance au passage répété des pneus et des poids lourds. À chaque exigence, un surcoût potentiel.

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Avenue de Kuala Lumpur la nuit, circulation et éclairage urbain.
Avenue nocturne à Kuala Lumpur : un autre visage de la conduite de nuit en zone dense. Crédit : Aumars/Commons.

Quand l’innovation se heurte aux attentes des conducteurs

L’expérience montre aussi que la perception des usagers compte autant que la fiche technique. Une partie des automobilistes apprécie l’effet “piste qui brille”, d’autres jugent la lueur trop discrète ou trop dépendante de la météo. En communication publique, cette ambiguïté complique la montée en charge d’un projet au niveau national.

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Le risque politique est clair : présenter une solution comme une alternative aux lampadaires peut susciter des attentes fortes, voire des critiques si la route paraît moins sûre. Il faut donc cadrer l’usage : pas un remplacement généralisé, plutôt un complément intelligent dans des contextes bien identifiés.

Ce que l’essai malaisien a vraiment appris

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Au terme de l’expérimentation, la Malaisie a surtout acquis un retour d’expérience précieux : le marquage photoluminescent peut rendre service, mais il ne peut pas, à lui seul, répondre à toutes les contraintes d’une route non éclairée. L’environnement, le climat et la maintenance pèsent lourd dans la balance, plus que dans des pays tempérés où ces peintures ont souvent été popularisées d’abord sur des pistes cyclables.

Le pays a donc revu ses ambitions : continuer à innover, mais en ciblant mieux les typologies de voies, en hiérarchisant les besoins, et en associant la peinture à d’autres leviers comme la réduction de vitesse ou des catadioptres plus performants.

Grande artère de Kuala Lumpur au crépuscule avec ciel bleu profond.
Autoroute à Kuala Lumpur au crépuscule : la transition jour-nuit, moment clé pour la lisibilité de la route. Crédit : Aumars/Commons.
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Une peinture spécial

Ce qui a fait basculer le dossier, c’est l’addition. Selon les éléments communiqués localement, la peinture photoluminescente testée revenait environ vingt fois plus cher qu’un marquage routier traditionnel. À ce niveau de surcoût, l’idée d’en faire une alternative large aux lampadaires n’était plus tenable : les autorités ont mis un coup d’arrêt au déploiement massif, préférant conserver ces peintures comme outil ciblé, au cas par cas, plutôt qu’un standard national.

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