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Sondage : 77% des Français souhaitent que les HLM soient réservés en priorité aux personnes de nationalité française

Publié par Killian Ravon le 25 Sep 2025 à 16:33

Le logement social revient au cœur de la conversation publique. Un sondage CSA réalisé pour CNEWS, Europe 1 et le Journal du Dimanche indique qu’une nette majorité de Français soutient l’idée de réserver en priorité l’attribution des HLM aux personnes de nationalité française. Cette proposition, défendue de longue date par le Rassemblement national, s’invite ainsi à nouveau dans l’actualité. Et structure les discussions sur la préférence nationale en matière d’accès au parc social.

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Façades de plusieurs immeubles HLM au crépuscule, fenêtres éclairées et ciel dégradé bleu-orangé.

Ce signal d’opinion est robuste : il traverse les catégories, les territoires et les profils. Tout en révélant des écarts marqués selon l’âge et les affinités politiques. Au-delà du fracas médiatique, il interroge la façon dont la France veut organiser l’accès à un bien rare. Un logement abordable, dans un contexte de crise du logement social et de faible rotation.

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Hommes, femmes : des niveaux de soutien très proches

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Le premier enseignement tient à la faible différence entre les sexes. D’après l’enquête, 77 % des femmes interrogées, comme 76 % des hommes, se disent favorables à cette priorisation. Cette quasi-égalité statistique suggère que le sujet dépasse les clivages de genre. Ce sont plutôt les expériences résidentielles, le ressenti face à la rareté et la perception d’équité qui orientent les réponses.

Ces chiffres s’inscrivent dans une séquence où les enjeux de pouvoir d’achat, de sécurité et de stabilité résidentielle se mélangent. Le logement social, perçu comme un filet de sécurité, cristallise des attentes de justice et de clarté dans les critères d’attribution.

Façade d’immeuble parisien avec balcons
« Paris, immeubles d’habitation : un parc résidentiel très sollicité » — Crédit : Joenomias/Pixabay
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Des écarts générationnels très nets

Le contraste le plus spectaculaire apparaît selon l’âge. Les 18-24 ans sont 87 % à soutenir l’idée, loin devant les 65 ans et plus, à 72 %. Cet écart étonne : la tranche la plus jeune, souvent confrontée à des loyers élevés, à des revenus d’entrée de vie active et à des difficultés d’accès au parc privé, exprime une demande de priorité nationale plus affirmée que les seniors. On peut y voir la traduction d’une compétition ressentie autour des biens rares et d’un désir de règles simples et lisibles.

Du côté des catégories socioprofessionnelles, l’appui varie aussi : 71 % chez les CSP+, 84 % chez les CSP-, 75 % chez les inactifs. Là encore, la relation au parc social — selon que l’on s’en sent proche ou non — semble peser dans la balance.

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Clivages politiques : quasi-unanimité à l’extrême droite, réticences à gauche

Sans surprise, les affinités politiques polarisent les réponses. Les sympathisants de droite se déclarent 87 % favorables, ceux d’extrême droite montent à 98 %. À gauche, l’approbation recule : 35 % chez les Écologistes, 47 % au PS, 58 % à LFI. Ces différences reflètent des visions opposées de la solidarité, de la citoyenneté et du droit au logement, mais aussi des lectures concurrentes des chiffres disponibles sur l’occupation réelle des HLM.

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Le Rassemblement national défend depuis longtemps la préférence nationale dans le parc social, y voyant un levier d’ordre et d’équité. Les formations de gauche lui opposent l’universalité des droits sociaux et la priorité au besoin plutôt qu’à la nationalité.

Grand immeuble contemporain de logements avec balcons
« Ensemble résidentiel moderne : densité et demande soutenue » — Crédit : GAIMARD/Pixabay

Que disent les données sur l’occupation des HLM ?

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Pour prendre la mesure concrète de la situation, il faut regarder les données disponibles. Les dernières grandes références de l’Insee remontent à 2013. À cette date, la part des logements sociaux occupés par des familles immigrées est estimée autour de 19,9 %. Si l’on restreint aux familles de nationalité étrangère — certains immigrés ayant acquis la nationalité française —, l’Union sociale pour l’habitat avance environ 12 %.

Toujours en 2013, la France comptait 2,7 millions de ménages immigrés ; 31 % d’entre eux vivaient dans un HLM. En miroir, parmi 25,3 millions de ménages non immigrés, 14 % habitaient un logement social. Cela se traduisait, à l’époque, par environ 837 000 HLM occupés par des familles immigrées contre environ 3,5 millions par des familles non immigrées, sur un total proche de 4,3 millions de logements sociaux.

Ces ordres de grandeur invitent à la nuance. Les ménages immigrés recourent plus au parc social que les ménages sans ascendance migratoire, mais la majorité des logements sociaux restent occupés par des ménages non immigrés. La montée en charge du parc a d’ailleurs continué : au 1ᵉʳ janvier 2024, on dénombrait 5,4 millions de HLM en France.

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Immeuble d’appartements vu d’en bas
« Habitat collectif : la question des attributions reste sensible » — Crédit : MrJayW/Pixabay

Une photographie qui attend sa mise à jour

Une nouvelle enquête logement est en cours. Elle est cruciale, car les réalités des années 2020 ne se superposent pas forcément à celles de 2013. Les évolutions démographiques, la crise du logement, la tension dans certaines métropoles et la diversification des profils des demandeurs ont pu modifier les équilibres. En attendant ces chiffres officiels, d’autres éclairages tentent d’affiner le tableau.

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C’est le cas de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, dont le directeur, Nicolas Pouvreau-Monti, avance une lecture plus récente : 35 % des immigrés vivraient en logement social, contre 11 % des personnes sans ascendance migratoire. Il souligne aussi des taux très élevés chez certains groupes : autour de 57 % pour les immigrés sénégalais et maliens. Selon lui, les familles monoparentales avec plusieurs enfants — souvent prioritaires dans les critères d’attribution — sont surreprésentées dans certaines migrations sahéliennes.

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Derrière l’opinion, la réalité d’un bien rare

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Le débat n’oppose pas seulement des valeurs. Il se cale sur un stock limité et une rotation faible, alors que les demandes avoisinent plusieurs millions, toutes files confondues. La question de la priorité traduit cette tension collective : pour beaucoup, elle cristallise l’exigence de lisibilité et de prévisibilité des règles. Pour d’autres, elle risque de contourner le principe fondamental de l’attribution au besoin, pilier historique du logement social.

Sur le terrain, les bailleurs jonglent avec des critères multiples : ressources, composition familiale, urgence sociale, ancienneté de la demande, situation géographique. L’éventuelle introduction d’une priorité nationale poserait des arbitrages délicats avec les obligations existantes, y compris les quotas SRU et les objectifs de mixité sociale.

Façades colorées à Menton, habitat dense
« Côte d’Azur : tension immobilière et accès au logement » — Crédit : lecreusois/Pixabay
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Priorité nationale : quelles conséquences pratiques ?

Si une telle mesure voyait le jour, elle devrait s’articuler avec l’architecture juridique actuelle : Constitution, droit européen, jurisprudence en matière de non-discrimination. Elle supposerait de définir précisément ce que couvre la priorité, comment elle se combine avec la hiérarchisation des besoins, et quels garde-fous préserver pour les situations d’urgence.

D’un point de vue opérationnel, les commissions d’attribution devraient adapter leurs grilles. Les délais pourraient varier selon les profils ; certaines files d’attente se tendraient, d’autres se desserreraient. Les collectivités seraient mécaniquement associées à la mise en œuvre, avec des effets potentiels sur la cohésion territoriale.

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Lotissement résidentiel à Erquinghem-Lys
« Lotissement du Nord : illustration de l’habitat collectif en périphérie » — Crédit : Velvet/CC BY-SA 4.0

Ce que montre — et ce que ne montre pas — l’enquête d’opinion

Un sondage mesure un état d’opinion à un instant T, pas une politique publique. L’adhésion à une priorité nationale dit une attente de justice face à la pénurie, mais ne tranche pas les détails d’application ni les effets concrets. L’essentiel reste donc à venir : la mise à jour des données officielles, la confrontation des scénarios juridiques et l’évaluation coût-bénéfice sur la fluidité des attributions.

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En creux, l’enquête confirme un besoin de clarté : qui a droit à quoi, sur quels critères, et dans quels délais. C’est sur ce terrain que se jouera la confiance.

Selon le sondage CSA réalisé en ligne les 23 et 24 septembre auprès d’un échantillon représentatif de 1 010 personnes de 18 ans et plus (méthode des quotas), 77 % des Français se disent favorables à ce que l’attribution des logements sociaux soit réservée en priorité aux personnes de nationalité française. Les niveaux de soutien atteignent 87 % à droite et 98 % à l’extrême droite, tandis qu’ils sont 35 % chez les Écologistes, 47 % au PS et 58 % à LFI. Chez les 18-24 ans, l’approbation grimpe à 87 %, contre 72 % chez les 65 ans et plus.

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1 commentaire

  • v
    vitamines13
    26/09/2025 à 14:13
    Tout à fait d'accord !

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