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Le saviez-vous ? Les Tortues peuvent respirer… par l’anus

Publié par Killian Ravon le 23 Août 2025 à 13:00

Quand l’hiver saisit les rivières et les lacs, certaines tortues aquatiques disparaissent sous une épaisse couche de glace. Elles n’ont pourtant pas disparu de la carte. Elles s’installent simplement au fond de l’eau, là où la température reste plus stable, et y passent de longues semaines à hiberner. Reste une question simple et vertigineuse : comment ces animaux parviennent-ils à respirer dans un environnement pauvre en oxygène ?

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Tortue d’eau douce immobile au fond d’un lac, sous une fine couche de glace avec bulles d’air et herbiers.

Au premier regard, la situation semble insoluble. Les poumons ne sont pas d’une grande utilité sous la glace, et remonter à la surface n’est plus une option. Pourtant, ces reptiles ont développé une stratégie de survie parfaitement calibrée pour cette saison extrême. Elle s’appuie sur la physiologie particulière de la tortue, sur sa manière de gérer l’énergie et, surtout, sur une forme de respiration que l’on ne voit pas venir.

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Un corps qui s’adapte au froid

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La tortue est un animal ectotherme. Concrètement, cela signifie que sa température corporelle dépend étroitement de la température extérieure. Quand les eaux refroidissent, l’ensemble de son organisme ralentit. Cette adaptation n’a rien d’un détail : elle conditionne tout, de la digestion aux mouvements, en passant par la respiration.

Ce ralentissement généralisé permet un tour de force. En diminuant ses activités, la tortue réduit mécaniquement ses besoins en énergie. Et qui dit moins d’énergie dit aussi moins d’oxygène nécessaire. Le cœur bat plus lentement, les muscles se mettent en veille, les déplacements se raréfient. Toute la machine se met en mode économie.

Tortue d’eau douce immobile sur une planche, gros plan sur la tête tachetée.
Tortue d’eau douce au soleil — illustration du comportement calme en hiver. Crédit : Pixabay (licence Pixabay).
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Moins d’oxygène, moins d’énergie

Sous la glace, l’oxygène disponible se fait rare, mais il ne disparaît pas complètement. Les eaux calmes des lacs et des rivières en contiennent encore, surtout à proximité des surfaces en contact avec l’eau. Pour tenir tout l’hiver, les tortues aquatiques n’ont donc pas besoin d’énormes volumes d’air, seulement d’un apport modeste et régulier, en cohérence avec leur métabolisme ralenti.

Ce rapport ajusté entre besoins et ressources est le cœur de leur survie. Là où d’autres animaux mourraient d’asphyxie, ces reptiles jouent la carte de la sobriété. Et c’est précisément parce qu’elles consomment peu qu’elles peuvent rester longtemps sans reprendre une respiration « classique ». La clé est ailleurs, dans l’exploitation d’autres surfaces du corps capables de capter l’oxygène dissous.

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Une autre façon de respirer, discrète et efficace

Au fond de l’eau, ces tortues n’ouvrent pas la bouche pour « avaler » de l’air. Elles laissent plutôt l’eau circuler contre des zones très vascularisées de leur corps. Les échanges gazeux se font alors en douce, sans grand mouvement ni dépense inutile. Cette approche n’a rien de spectaculaire, et c’est peut-être ce qui la rend si efficace au cœur de l’hiver.

On est loin de la respiration ample et rythmée des mammifères. Tout se joue à bas bruit, à l’échelle des capillaires, sur des surfaces cutanées ou internes adaptées. L’eau passe, l’oxygène file dans le sang, et le dioxyde de carbone est évacué au même rythme. Cette respiration alternative suffit, parce que tout le reste tourne au ralenti.

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Tortue de Floride posée au bord d’un étang
Tortue aquatique en bord d’eau — visuel contextuel pour la période froide. Crédit : Pixabay (licence Pixabay).

Des espèces bien connues des naturalistes

Ce comportement n’est pas une lubie isolée. On le retrouve chez plusieurs espèces de tortues aquatiques. Parmi elles, la tortue de la Mary River, en Australie, régulièrement citée et malheureusement en danger d’extinction. Les spécialistes évoquent aussi la tortue de Fitzroy, également en Australie, et la tortue peinte, très répandue au Canada.

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Ces exemples montrent que l’adaptation n’est pas cantonnée à une zone du globe. Des eaux froides canadiennes aux cours d’eau australiens, le même besoin de survivre à des conditions difficiles a conduit à des solutions voisines. L’environnement change, les méthodes convergent. La nature a souvent plusieurs chemins pour atteindre le même résultat.

Une information étonnante… et une autre qui surprend

Les actualités autour des tortues réservent parfois d’autres surprises. Une tortue alligator a ainsi été repérée dans un lac au Royaume-Uni. L’apparition de cet animal impressionnant est tout sauf banale, et l’espèce est souvent décrite comme effrayante et invasive. Si le signalement a fait parler, il rappelle surtout qu’avec les relâchers illégaux et les introductions accidentelles, des espèces peuvent se retrouver loin de leur aire d’origine.

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Ce fait divers ne dit rien des prouesses respiratoires des tortues en hibernation, mais il illustre à quel point ces reptiles fascinent, qu’on parle de leur présence inattendue ici ou de leurs techniques de survie ailleurs. Entre performances physiologiques et gestion humaine parfois hasardeuse, le sujet « tortues » n’en finit pas d’étonner.

Deux tortues peintes se reposant sur des herbes aquatiques
ortue peinte (espèce citée) sur végétation aquatique — Crédit : U.S. Fish & Wildlife Service / Wikimedia Commons (domaine public/PD).

Pourquoi leur stratégie fonctionne si bien

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Pour tenir des semaines sous glace, tout repose sur la cohérence du système. D’un côté, un métabolisme qui se met en veille et consomme peu. De l’autre, des échanges gazeux discrets mais constants via des surfaces du corps capables de capter l’oxygène dissous. Le résultat est une économie générale, où chaque calorie et chaque molécule d’air comptent.

Dans cet état, les poumons ne sont plus la voie royale. Les tortues n’en ont pas besoin de la même manière que le reste de l’année. En restant immobiles, en évitant les efforts, elles limitent la production de déchets métaboliques et s’épargnent des besoins respiratoires excessifs. Tout est une question d’équilibre, réglé pour durer.

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Tortue de la Mary River en Australie, vue rapprochée
Tortue de la Mary River (espèce citée, menacée) — Crédit : Marilyn Connell / Wikimedia Commons.
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Le rôle central d’une zone… très spéciale

Il reste à comprendre quelle est la zone du corps qui permet ces échanges hivernaux. La réponse est souvent méconnue du grand public, et c’est ce qui la rend si frappante. Elle implique un orifice commun à plusieurs fonctions, propre aux reptiles et à d’autres vertébrés, et particulièrement vascularisé chez les espèces concernées.

C’est dans cette région que l’eau peut circuler au plus près des vaisseaux, que l’oxygène se faufile vers le sang, et que les échanges respiratoires se maintiennent malgré le froid. La nature ne s’embarrasse pas de nos catégories : ce qui compte, c’est que ça marche, hiver après hiver, sous la glace des lacs et des rivières.

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Des noms à retenir

On retient souvent les cas les plus emblématiques. La tortue de la Mary River reste un symbole, autant pour son comportement que pour son statut menacé. La tortue de Fitzroy et la tortue peinte montrent que cette capacité se rencontre sous des latitudes très différentes. À l’inverse, la tortue alligator fait parler d’elle pour d’autres raisons, lorsqu’elle apparaît dans des lacs où on ne l’attend pas, comme au Royaume-Uni.

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Ces espèces ne sont pas interchangeables. Chacune illustre une facette d’un même défi : tenir sous l’eau froide pendant l’hibernation, sans accès direct à l’air libre. Si leur environnement s’y prête et si l’hiver n’est pas trop rude, cette stratégie peut durer assez longtemps pour les conduire tranquillement jusqu’au printemps.

Tortue de la Fitzroy, vue de trois-quarts dans l’eau
Tortue de Fitzroy (espèce citée) — Crédit : Bernard DUPONT / Wikimedia Commons (CC BY-SA).

Ce que cela nous apprend sur la nature

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Au-delà de l’anecdote, ce phénomène rappelle une idée simple. Quand le milieu impose des contraintes extrêmes, la vie teste des solutions originales. Les tortues aquatiques ne trichent pas avec les lois de la physiologie. Elles les exploitent jusqu’aux limites, en misant sur ce que leur corps sait faire de mieux quand tout doit ralentir.

On peut trouver cela amusant, voire déroutant. C’est surtout un cours grandeur nature sur l’évolution et l’ingénierie du vivant. Là où nous verrions un problème insoluble, ces reptiles ont trouvé une voie de contournement élégante, presque silencieuse, taillée pour l’hiver.

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Alors, comment font-elles vraiment ?

À la toute fin, il faut bien nommer les choses. En période d’hibernation sous la glace, plusieurs tortues aquatiques ne s’appuient plus principalement sur leurs poumons. Elles réalisent des échanges gazeux via des surfaces internes très vascularisées, situées au niveau du cloaque. C’est ce qu’on appelle la respiration cloacale. Autrement dit, ces tortues peuvent effectivement « respirer par l’anus » pour économiser l’oxygène et tenir tout l’hiver jusqu’au retour des beaux jours.

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