Finie la règle des 19 °C : voici la vraie température idéale pour votre logement
L’hiver s’installe et, avec lui, revient la même question : à combien faut-il régler le chauffage pour rester au chaud sans voir sa facture exploser ? Depuis plus de quarante ans, la consigne officielle est claire : 19 °C dans les logements. Mais ce chiffre est-il encore adapté à nos modes de vie, à l’évolution des bâtiments et à la crise énergétique actuelle ? Plusieurs experts affirment aujourd’hui qu’il est temps de nuancer cette règle, parfois trop rigide. Alors, faut-il réellement abandonner la fameuse barre des 19 °C ? Et quelle température adopter pour concilier confort et sobriété ?
La règle des 19 °C remise en question
Cette recommandation ne date pas d’hier. Elle remonte à la crise pétrolière des années 1970, quand la France cherchait à réduire au maximum sa dépendance énergétique. L’objectif n’était pas tant le confort des habitants que la préservation des ressources. À l’époque, les logements étaient beaucoup moins isolés, les fenêtres souvent en simple vitrage, et les besoins en chauffage bien plus élevés.
Or, cinquante ans plus tard, le contexte a radicalement changé. Les normes de construction imposent désormais des performances thermiques renforcées, les chaudières sont plus efficaces, et les thermostats programmables se sont généralisés. En parallèle, nos habitudes de vie ont évolué : télétravail, loisirs à domicile, temps passé assis ou devant des écrans… autant de situations où la sensation de froid se fait plus vite sentir.
C’est ce que confirme Nick Barber, consultant en gestion énergétique, pour qui 19 °C est « une température théorique qui ne convient pas toujours aux besoins réels des ménages ». Son confrère Brad Roberson, spécialiste des systèmes de chauffage, va plus loin : « Aujourd’hui, l’équilibre optimal entre confort et maîtrise des dépenses se situe autour de 20 °C. » Un degré de plus, certes, mais qui change beaucoup de choses dans la perception du confort thermique.
Car le problème est là : la sensation de chaleur n’est pas universelle. Elle dépend de plusieurs paramètres :
- L’isolation : un appartement mal isolé semblera froid même à 21 °C.
- L’humidité : un air humide accentue l’impression de froid, même si le thermostat affiche la bonne température.
- L’activité : rester immobile devant un ordinateur n’a rien à voir avec cuisiner ou bricoler.
Ainsi, réduire le confort à un simple chiffre est une erreur. Les 19 °C imposés ne sont pas toujours suffisants pour garantir un bien-être réel, en particulier dans les foyers avec enfants, personnes âgées ou individus fragiles.
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Pourquoi 20 °C devient le nouveau standard
Si 19 °C était une règle pratique, 20 °C s’impose désormais comme un compromis raisonné. Voici pourquoi :
- Une consommation encore maîtrisée : chaque degré supplémentaire au-dessus de 19 °C entraîne environ 7 % de consommation d’énergie en plus. Passer à 20 °C reste raisonnable, contrairement aux 22 ou 23 °C de certains foyers, qui font bondir la facture.
- Un confort accru : beaucoup de personnes trouvent 19 °C trop frais, surtout en position statique. À 20 °C, cette gêne disparaît, sans tomber dans l’excès.
- Une gestion facilitée : grâce aux thermostats intelligents, il est possible de cibler les pièces, programmer les horaires et éviter les gaspillages.
Les experts recommandent également de ne pas chauffer toutes les pièces de la même manière :
- Salon et pièces de vie : 20 °C, température idéale pour un espace convivial.
- Chambres : 16 à 18 °C, favorisant un meilleur sommeil.
- Salle de bain : 22 °C au moment de l’utilisation, puis baisser ensuite.
- Couloirs et entrées : 17 °C suffisent.
Cette approche différenciée permet d’économiser sans sacrifier le confort. Elle s’appuie sur un constat simple : nous ne vivons pas de la même façon dans chaque espace de la maison.
Comment optimiser son chauffage au quotidien
Adopter 20 °C comme référence ne suffit pas. Encore faut-il utiliser intelligemment son système de chauffage. Quelques conseils simples permettent d’allier confort et économies :
- Installer un thermostat programmable : il règle automatiquement la température selon vos habitudes et évite de chauffer inutilement la nuit ou en votre absence.
- Améliorer l’isolation : fenêtres double vitrage, combles bien isolés et joints étanches font la différence.
- Exploiter la chaleur naturelle : laisser entrer le soleil en journée, fermer les volets et tirer les rideaux épais la nuit.
- Fermer les portes : cloisonner les espaces chauffés limite les pertes de chaleur.
- Utiliser des tapis : ils réduisent la sensation de froid au sol et améliorent le confort global.
Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), ces gestes simples peuvent réduire la facture annuelle de chauffage de 10 à 15 %.
Des températures trop basses, un risque pour la santé
Si certains ménages sont tentés de descendre sous les 19 °C pour économiser davantage, les médecins mettent en garde. Des intérieurs trop froids présentent des risques sanitaires réels, surtout pour les plus fragiles :
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- Maladies respiratoires : l’air froid favorise les infections et fragilise les voies respiratoires.
- Fatigue et troubles du sommeil : une chambre trop froide perturbe le repos.
- Tensions cardiovasculaires : le corps doit fournir plus d’efforts pour se maintenir à 37 °C, ce qui peut être dangereux pour les personnes âgées ou cardiaques.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande ainsi de maintenir au minimum 18 °C dans les pièces de vie, et un peu plus pour les personnes vulnérables.
Un nouveau paradigme énergétique
La question du chauffage ne se limite plus à un chiffre figé. Elle reflète un enjeu plus vaste : comment concilier confort domestique et sobriété énergétique dans un monde en transition écologique.
Alors que la facture d’électricité et de gaz reste au cœur des préoccupations, les comportements évoluent : adoption massive des pompes à chaleur, développement des énergies renouvelables, multiplication des aides à la rénovation énergétique.
Dans ce contexte, la règle des 19 °C n’est pas obsolète, mais elle doit être interprétée avec souplesse. 20 °C apparaît comme une solution pragmatique, tenant compte à la fois des impératifs économiques, du confort psychologique et des recommandations sanitaires.
Le vrai luxe : être bien chez soi
En définitive, l’important n’est pas de se conformer à une règle universelle, mais de trouver le juste équilibre adapté à son logement, à ses habitudes et à sa santé.
Oui, 19 °C reste une bonne base pour réduire la consommation énergétique. Mais 20 °C offre souvent le confort manquant, surtout dans les moments de repos ou de télétravail prolongé. L’essentiel est de combiner cette règle de bon sens avec des gestes simples d’efficacité énergétique.
Après tout, le vrai luxe n’est pas de chauffer sans compter, mais de vivre dans un intérieur agréable, chaleureux et sain, sans culpabiliser chaque fois que le chauffage se déclenche. Cet hiver, la règle à retenir n’est donc pas un chiffre gravé dans le marbre, mais une logique : chauffer intelligemment, en fonction de ses besoins réels.