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« Posez toujours cette question » : le conseil d’un médecin pour éviter les erreurs médicales

Publié par Killian Ravon le 03 Sep 2025 à 2:32

Être face au médecin et repartir sans réponse claire, avec des doutes et l’impression de ne pas avoir été vraiment écouté, c’est une expérience frustrante. Entre l’effet « blouse blanche », le jargon médical et un temps de consultation qui dépasse rarement la vingtaine de minutes, le dialogue peut vite se réduire à l’essentiel, parfois au détriment de la compréhension.

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Patient présentant un journal de symptômes à son médecin pendant une consultation, dans un cabinet moderne et lumineux.

Résultat, on se promet de « mieux préparer le prochain rendez-vous » sans trop savoir par où commencer. Bonne nouvelle, une stratégie très simple peut tout changer, sans conflit ni dramatisation, et elle tient en deux temps : préparer avant, recadrer pendant.

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Pourquoi a-t-on si souvent le sentiment de ne pas être entendu ?

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Dans le cabinet, chacun a son rythme. Le médecin pense par hypothèses, élimine des pistes, suit des protocoles. Le patient, lui, vit ses symptômes de l’intérieur, avec leurs nuances, leurs aléas, leur impact très concret sur la vie quotidienne. Quand ces deux temporalités ne s’alignent pas, le malentendu guette. Vous cherchez une explication à ce que vous ressentez, le professionnel cherche d’abord une probabilité clinique. Ce décalage n’est pas une faute, c’est une mécanique de raisonnement. L’objectif, c’est donc de faire atterrir vos informations dans ce cadre de pensée, sans vous perdre dans des détails ni rester dans le flou.

Avant le rendez-vous : tenir un vrai journal de symptômes

L’idée n’est pas d’écrire un roman, mais de consigner ce qui aide à raisonner. Un journal de symptômes commence au premier signe inhabituel et suit une ligne simple : quand ça apparaît, combien c’est intense, ce qui aggrave ou soulage, et comment cela perturbe vos activités. Cette précision change tout. Dire « je suis fatigué(e) » laisse la porte ouverte à mille interprétations; écrire « chaque après-midi vers 14 heures, une fatigue écrasante me tombe dessus et me ralentit au travail » ancre le problème dans le temps, la sensation et les conséquences. Ce niveau de détail, recommandé par le Dr Karan Rajan (médecin auprès du NHS), passe du ressenti brut à une donnée clinique exploitable.

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Comment présenter son histoire sans s’éparpiller

Trois éléments suffisent pour dérouler un récit clair. D’abord, le début des symptômes avec un repère daté ou situationnel. Ensuite, la courbe : stable, en poussées, ou aggravation progressive. Enfin, les déclencheurs ou modulateurs repérés au fil des jours, qu’il s’agisse d’un effort, d’un repas, d’un stress, d’un médicament ou d’un cycle particulier. En quelques phrases courtes, vous offrez une trame que le praticien peut questionner et compléter. Cela évite les détours, tout en gardant l’essentiel de ce que vous vivez.

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Médecin écoutant un patient pendant une consultation
Un patient explique ses symptômes face à son médecin dans un cabinet calme. Crédit : Pixabay/Maximilianovich — Licence Pixabay (usage libre).

Pendant l’entretien : installer un vrai aller-retour

Une consultation n’est pas un monologue. Plus l’échange est interactif, plus le diagnostic gagne en précision. Pour rester dans un format compact, formulez d’abord votre besoin principal : comprendre l’origine probable, écarter un risque, obtenir un examen, vérifier un traitement. Puis résumez votre journal en une minute. L’objectif n’est pas d’accaparer le temps, mais de donner des briques fiables au raisonnement. Cela « réveille » le pilote automatique du praticien et le ramène sur vos priorités concrètes.

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Le rôle clé des exemples concrets

Les exemples sont vos meilleurs alliés. Un symptôme décrit avec un moment précis, un contexte et une conséquence quotidienne a plus de poids qu’une série d’adjectifs. Une douleur « sourde et diffuse » peut rester floue; une douleur « qui s’installe 30 minutes après le déjeuner, au côté droit, et m’oblige à m’allonger dix minutes » devient un indice. C’est exactement le type de formulation que le Dr Rajan recommande, car elle réduit l’ambiguïté et oriente naturellement le raisonnement clinique.

Médecin et patient assis, discussion clinique
Un échange posé pour clarifier les symptômes avant le diagnostic. Crédit : Pixabay/Maximilianovich — Licence Pixabay (usage libre).
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Quand le premier diagnostic ne convainc pas

Il arrive qu’on sorte du cabinet avec un diagnostic de travail ou une hypothèse « probable ». C’est normal, la médecine avance souvent par étapes. En revanche, repartir inquiet ou dubitatif, ce n’est pas une fatalité. Il ne s’agit pas de contester pour contester, mais de clarifier. Parfois, une explication courte du médecin suffit à lever le doute. Parfois, la piste proposée ne colle pas avec l’histoire que vous avez vécue. Dans ce cas, rester précis, calme et orienté problème permet d’éviter la crispation et d’ouvrir la porte à d’autres hypothèses.

Pourquoi cette méthode fonctionne vraiment

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Le temps médical est contraint et le cerveau humain, y compris celui d’un expert, aime les raccourcis. Ce n’est pas un défaut, c’est une stratégie cognitive. Offrir un journal clair, des exemples datés et des attentes explicites aide à contrer les biais les plus courants, comme l’ancrage sur la première idée plausible, la disponibilité (ce qu’on a vu récemment) ou la fermeture prématurée d’une enquête clinique. En posant les bonnes questions, vous obligez le raisonnement à retester ses fondations et, si besoin, à changer de voie.

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Le cadre émotionnel compte autant que les faits

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Face à un médecin, on peut se sentir impressionné, craindre de « déranger » ou d’être jugé « anxieux ». C’est humain. Verbaliser une inquiétude concrète, en lien avec un symptôme précis, replace l’échange dans le factuel et vous évite de rentrer chez vous avec un non-dit. Dire « ce qui m’inquiète, c’est d’être à nouveau cloué(e) par cette fatigue au bureau demain » n’accuse personne; cela cadre le problème à résoudre et justifie une explication plus personnalisée.

Salle d’attente de clinique avec chaises et comptoir
La salle d’attente : premier temps de la consultation. Crédit : Harrison Keely — CC BY 4.0.

Le piège des mots trop génériques

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« Mal, fatigue, palpitations, vertiges » : ces mots servent de porte d’entrée, mais ils ne suffisent pas. La clé, c’est l’opérationnalisation. À quoi ressemble ce « mal » sur 10, combien de temps dure-t-il, dans quelles circonstances est-il revenu, qu’avez-vous essayé et avec quel effet. En transformant une étiquette vague en variables observables, vous facilitez l’accès aux bonnes pistes et, surtout, vous accélérez la suite si des examens s’imposent.

Médecin discutant avec une patiente au cabinet
Un médecin prend le temps d’expliquer le diagnostic et les prochains examens.
Crédit : National Cancer Institute — Domaine public (US Gov).

Comment rester assertif sans être conflictuel

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L’assertivité n’est ni l’agressivité ni la soumission, c’est la clarté. Elle tient dans quelques phrases simples : remercier pour l’explication donnée, redire brièvement ce que vous avez compris, poser la question qui manque. Cette structure évite l’escalade émotionnelle, laisse la porte ouverte aux nuances et montre que vous êtes un partenaire du soin, pas un adversaire. Beaucoup de médecins apprécient cette posture, parce qu’elle gagne du temps et réduit le risque de malentendu.

Le moment clé : obtenir une justification personnalisée

Les protocoles existent pour une raison. Ils garantissent un socle commun. Mais votre situation a des spécificités. Demander une justification personnalisée n’est pas une remise en cause du savoir médical; c’est la dernière étape d’un bon partenariat de soin. Une réponse individualisée intègre votre âge, vos antécédents, vos contraintes de vie et les données que vous avez patiemment apportées via votre journal. Cette personnalisation permet souvent de débloquer l’échange et d’aboutir à un plan d’action clair.

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Professionnel de santé mesurant la tension d’un patient
Prise de tension artérielle pour dépister une hypertension ou une « blouse blanche ».
Crédit : rawpixel.com — CC0 (domaine public).

Ce qu’il faut retenir

Au terme d’une consultation, on devrait toujours repartir avec une hypothèse compréhensible, un pourquoi, un prochain pas. Si ce n’est pas le cas, il existe une manière respectueuse et très efficace de relancer le raisonnement sans braquer personne. D’abord, vous préparez le terrain avec un journal de symptômes précis et des exemples concrets. Ensuite, vous ancrez l’échange dans vos priorités du moment.

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Et si un doute sérieux persiste, vous terminez par les trois questions qui forcent l’expertise à explorer les alternatives, à vérifier les angles morts et à personnaliser la conclusion. Concrètement, vous demandez, dans cet ordre, ce que cela pourrait être d’autre, s’il existe des tests que vous n’avez pas encore effectués, et pourquoi ce diagnostic est considéré comme normal pour vous. En procédant ainsi, vous transformez une consultation ordinaire en un vrai dialogue clinique et vous réduisez le risque d’erreur de diagnostic sans dramatiser la situation.

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