Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Automobile

Ferrari veut ressusciter les échappements latéraux : un brevet qui fleure bon la Dodge Viper

Publié par Killian Ravon le 26 Oct 2025 à 8:03

Ferrari a déposé début février un brevet dévoilé mi-octobre par la WIPO qui remet au goût du jour des échappements latéraux sous les portières. Le document décrit un dispositif capable d’évacuer les gaz tout en absorbant une partie de l’énergie d’un choc frontal.

La suite après cette publicité
Prototype de GT Ferrari rouge à moteur avant, échappement latéral visible sous la porte, photographiée de trois-quarts en paddock au soleil couchant.

Une idée à la fois technique et esthétique qui évoque immédiatement la Dodge Viper, et qui laisse penser à une future GT à moteur avant chez Ferrari.

La vidéo du jour à ne pas manquer

La suite après cette publicité
Ferrari 599XX Evo rouge et gris en appui sur circuit, avec évacuation latérale des gaz visible sous la porte côté droit.
Ferrari 599XX Evo : une référence de Maranello déjà passée aux échappements latéraux sur piste.
Crédit : Alexandre Prévot / Wikimedia Commons.

Un brevet qui ravive une configuration culte

La perspective de voir revenir des sorties d’échappement sous les portières n’a rien d’anodin. Dans le brevet déposé le 8 février 2025 et publié le 16 octobre, Ferrari présente une architecture baptisée « Road car with side exhausts » qui canalise les gaz depuis le bloc jusqu’aux bas de caisse, avec une sortie orientée vers le bas, à la hauteur des portes. Le texte précise qu’il s’agit d’une voiture à moteur avant, équipée de deux conduits d’échappement latéraux cheminant entre les roues avant et l’habitacle. De quoi exclure d’emblée les berlinettes à moteur central et les supercars les plus radicales de la gamme.

La suite après cette publicité

Au-delà du style, le cœur du concept se situe dans son rôle structurel. Ce conduit, intégré au châssis, doit limiter les mouvements des roues avant en cas d’impact et absorber une fraction de l’énergie lors d’un choc frontal. Autrement dit, l’élément n’est pas qu’un tuyau : il participe à la sécurité passive, ce qui permettrait, selon la description, de simplifier d’autres renforts et donc de réduire le poids. Ferrari insiste en outre sur une fabrication « simple et économique » qui ne souffrirait pas des défauts traditionnellement associés aux échappements latéraux.

Pourquoi les échappements latéraux avaient disparu

L’idée a longtemps fasciné, mais elle a quasiment disparu de la production de série. La raison est double. D’un côté, il y a la question thermique : la proximité avec les passagers, surtout à la descente du véhicule, a fait de ces sorties un piège à mollets bien connu sur certaines icônes. De l’autre, la contrainte aérodynamique et la complexité d’intégration ont pesé lourd face aux architectures plus classiques, avec lignes d’échappement arrière, catalyseurs volumineux et silencieux travaillés pour le confort.

À lire aussi

La suite après cette publicité

Historiquement, les side pipes ont pourtant façonné la silhouette de légendes. Les Jaguar XKSS, Shelby Cobra ou encore Mercedes-McLaren SLR ont exhibé ces canules sans complexe, à une époque où la réglementation acoustique et thermique était plus permissive. Dans l’ère moderne, quelques exceptions ont persisté, comme le Mercedes Classe G en versions AMG, qui laisse apparaître ses embouts sous les portes arrière. Mais pour une sportive moderne, combiner normes, performances et agréments restait jusqu’ici un casse-tête. C’est précisément ce verrou que le brevet au cheval cabré ambitionne de faire sauter.

Dodge Viper RT/10 rouge de profil lors d’un concours d’élégance, canules latérales caractéristiques sous la porte.
Dodge Viper : l’icône moderne des échappements latéraux, disparue en 2017 mais jamais oubliée.
Crédit : Matti Blume / Wikimedia Commons.

Quand Maranello sonne comme Detroit : l’ombre de la Dodge Viper

La suite après cette publicité

Difficile de ne pas penser à la Dodge Viper en découvrant ce schéma. Depuis les années 1990, l’américaine a fait des échappements latéraux sa signature visuelle et sonore. Non contente de les exhiber, elle les plaçait au plus près de l’habitacle, avec une sonorité rauque qui renforçait l’expérience brute du V10. L’ultime génération s’est éteinte en 2017, emportant avec elle cette configuration devenue rare. Voir Ferrari remettre cette idée sur la table a donc une portée symbolique : ce n’est pas un simple clin d’œil rétro, c’est la promesse d’un caractère mécanique assumé, et possiblement d’une GT plus démonstrative que jamais.

Mais saviez-vous que certaines Ferrari de piste s’y étaient déjà frottées ? La 599XX Evo, version affûtée et réservée aux journées circuit au début des années 2010, avait opté pour une évacuation latérale spectaculaire. À l’époque, l’objectif était avant tout aérodynamique et thermique. Cette expérience interne pourrait servir de tremplin au système breveté, qui, lui, revendique en plus un véritable rôle structurel en cas de choc.

La suite après cette publicité

Moteur avant, V12 et 12Cilindri en ligne de mire

L’un des passages clés du brevet mentionne clairement le moteur avant. À Maranello, cela renvoie à l’univers des grandes GT, là où le V12 règne encore. L’actualité récente a d’ailleurs remis ce bloc sur le devant de la scène, avec la 12Cilindri qui perpétue la noblesse mécanique chère à la marque. Imaginer une version dérivée – coupé ou spider – adoptant des échappements latéraux n’a donc rien d’absurde. L’intérêt serait triple : libérer de l’espace à l’arrière pour l’aéro, abaisser certaines contraintes de masse, et offrir une signature sonore latéralisée unique sur route.

À lire aussi

Ce détail que peu de gens connaissent : orienter l’évacuation vers le bas sous la porte pourrait contribuer à canaliser les flux et à limiter la projection directe de chaleur vers l’extérieur, tout en évitant l’« effet chalumeau » au niveau du bas de caisse. Sur le papier, la solution marie ainsi ingénierie et mise en scène. Il restera toutefois à voir comment Ferrari gère la protection des piétons, l’homologation acoustique, et la gestion thermique à basse vitesse, autant de points sensibles pour une mise en production.

La suite après cette publicité
Shelby Cobra 427 bleue à bandes blanches, échappements latéraux noirs proéminents en exposition intérieure.
Shelby Cobra : l’une des pionnières dont le souffle brûlant sortait à hauteur de mollets.
Crédit : Sicnag / Wikimedia Commons.
Jaguar XKSS vert bouteille exposée au Louwman Museum, ligne latérale fine et sorties visibles à mi-carrosserie.
Jaguar XKSS : quand l’esthétique des années 1950 intégrait l’échappement au dessin de flanc.
Crédit : Michel Curi / Wikimedia Commons.

Fantasme ou modèle d’exception ? Ce que Ferrari peut en faire

La suite après cette publicité

Rien ne garantit qu’un brevet se traduise en concession. Les constructeurs déposent chaque année des dizaines d’idées qui ne dépassent pas le stade du bureau d’études. Mais le timing interpelle. La marque prépare 20 nouveaux modèles d’ici 2030 et multiplie les pistes, entre séries limitées et réinterprétations de son patrimoine. Dans ce contexte, une GT à moteur avant dotée d’une telle signature visuelle pourrait former un pont entre tradition et innovation, à destination des clients collectionneurs qui apprécient autant la musique d’un V12 que la beauté d’un détail d’ingénierie.

Le pari serait d’autant plus payant si Ferrari parvient à neutraliser les inconvénients historiques des side pipes. Le brevet affirme « ne pas souffrir des inconvénients habituels » des échappements latéraux, un choix de mots ambitieux. Reste la question de l’architecture complète : catalyseurs, filtres à particules, clapets actifs, autant d’organes à caser en respectant les températures et les débits, sans nuire à l’aérodynamique. Une prouesse réalisable si l’ensemble du plancher et des bas de caisse est pensé comme une structure fonctionnelle et non comme un simple habillage.

Un enjeu historique

La suite après cette publicité

Mais l’enjeu est aussi narratif. Ferrari connaît la force des symboles. Entre la Jaguar XKSS et la Shelby Cobra, les sorties latérales racontent une certaine idée de la voiture de sport, brute et viscérale. Les reprendre aujourd’hui, dans une ère d’électrification progressive, aurait valeur de manifeste : tant que le thermique vit, il peut encore surprendre. On se prend alors à rêver d’une 12Cilindri « XX » d’inspiration, ou d’une série spéciale, pourquoi pas à tirage limité, jouant ce parti pris jusqu’au bout.

Et si la vraie révolution se cachait dans le détail ? La sortie orientée vers le bas pourrait aussi atténuer le bruit perçu au-dessus du seuil réglementaire en amortissant une partie des ondes contre le sol, tout en préservant l’identité sonore à l’extérieur de l’auto. De même, le rôle d’absorption du conduit lors d’un choc frontal, en limitant la remontée des roues avant dans l’habitacle, ajoute une corde à l’arc d’un dispositif qui n’est plus seulement un élément de style.

Gros plan sur le bloc de sorties latérales côté passager d’une Mercedes-McLaren SLR argentée.
SLR McLaren : la dernière Mercedes de route à avoir fait des side pipes un marqueur de style.
Crédit : BrokenSphere / Wikimedia Commons.
La suite après cette publicité

Le clin d’œil final… qui en dit long

On le sait : Ferrari dépose parfois des idées qui resteront à l’état de concept. Pourtant, dans un marché où les régulations serrent la vis, c’est souvent dans ces marges que naissent les innovations visibles, celles qui marquent un modèle à vie. Les échappements latéraux ont façonné des silhouettes mythiques. Les revoir, intégrés et structurants, sur une Ferrari de route à moteur avant, serait un signe fort envoyé aux puristes. Une dernière précision, glissée comme une note malicieuse dans le texte : non, cette idée n’a rien à voir avec la Ferrari électrique. La révélation principale tient donc en une ligne : si elle voit le jour, cette innovation au parfum de V12 sera tout sauf silencieuse.

Rejoignez nos 875 726 abonnés en recevant notre newsletter gratuite

N'oubliez pas de cliquer sur l'email de validation pour confirmer votre adresse email. Si vous ne l'avez pas recu vérifiez dans vos spams.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *