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Cette plante adorée par les Français devient strictement interdite dans toute l’Europe

Publié par Killian Ravon le 24 Sep 2025 à 6:15

La scène paraît anodine, presque bucolique. Des tiges translucides, des fleurs rose violacé en forme de petite gueule entrouverte, un parfum discret le long d’un ruisseau à l’ombre des arbres. Sauf que cette jolie plante, chérie des jardiniers depuis des années, a un revers inquiétant. En silence, elle colonise berges, fossés et zones humides, puis étouffe tout ce qui l’entoure.

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Balsamine de l’Himalaya colonisant une berge : tapis rose-violet dense le long d’un ruisseau, la végétation locale disparaît.

Son nom revient désormais partout, assorti d’un mot qui change tout : interdiction. Et si vous la reconnaissez dans votre jardin, il y a des gestes précis à adopter pour rester dans les clous tout en protégeant la biodiversité.

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Pourquoi cette star des massifs a basculé du côté des espèces à bannir

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À première vue, la balsamine de l’Himalaya (Impatiens glandulifera) coche toutes les cases qui séduisent le grand public. Sa croissance rapide, sa floraison spectaculaire et sa facilité d’adaptation en ont fait une valeur sûre des massifs ombragés. Pourtant, son succès cache un mécanisme simple et redoutable : plus elle s’installe, plus elle monopolise la lumière, l’eau et les nutriments, jusqu’à pousser la flore indigène vers la sortie.

Cette plante envahissante est devenue un symbole du dilemme moderne du jardinage : l’esthétique contre l’écologie. À mesure que les scientifiques documentent ses effets, l’alerte s’est transformée en consensus : laisser filer la balsamine, c’est accepter un déséquilibre profond des milieux. Et ce déséquilibre ne s’arrête pas aux fleurs. Il se propage à toute la chaîne alimentaire, des insectes aux oiseaux qui, privés de leurs plantes hôtes, s’éloignent ou disparaissent.

Balsamine de l’Himalaya dominant une berge de rivière : un paysage séduisant qui masque un désastre écologique.
Impatiens glandulifera colonisant une berge. Crédit : Gilles San Martin (CC BY-SA 2.0).
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Comment la balsamine prend l’avantage sur tout le monde

Chaque printemps, la dynamique est la même. En quelques semaines, les tiges s’élancent, les feuilles forment des parterres denses, la floraison attire le regard. Sous cette carte postale, la mécanique est implacable. Les systèmes racinaires forment des nappes serrées qui empêchent toute reprise des espèces locales. Au fil des pluies d’été, les gousses se tendent puis éjectent leurs graines à plusieurs mètres, parfois sur des berges entières. Le moindre remous, la plus petite averse, et la plante gagne du terrain.

C’est dans les rivières, zones humides et forêts méditerranéennes que sa progression est la plus visible. Là où la lumière filtre doucement, la balsamine s’installe et domine, jusqu’à former des monocultures. De loin, on distingue des tapis rose-violet qui trahissent cette emprise. De près, on constate surtout ce qui n’est plus là : une diversité végétale réduite, des insectes qui se raréfient, des oiseaux qui changent de site de nidification. Le cycle naturel se dérègle et laisse parfois la place à d’autres espèces invasives qui profitent de l’espace libéré.

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@lessentiersdemma

balsamine de l’Himalaya est une plante annuelle très dynamique qui produit de petites graines bien adaptées à la dispersion par l’eau. Elle envahit principalement les berges des cours d’eau.#natureamusante #foryou #nature #funny #pourtoi #fyp #saviezvous #balsaminedelhimalaya

♬ son original – Les sentiers d’Emma

Les signes qui doivent vous alerter dans votre jardin

Dans un coin ombragé autrefois vivant, vous voyez apparaître, d’un printemps à l’autre, des tiges translucides, hautes et souples, ponctuées de fleurs rose à violacé au profil de gueule-de-loup renversée. Vous remarquez aussi qu’à l’automne, au moindre frottement, les capsules explosent et projettent des graines tout autour. Si, en plus, les jeunes plants semblent repousser partout après une pluie orageuse, il y a fort à parier que la balsamine de l’Himalaya a pris pied chez vous.

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Autre signe révélateur : la disparition progressive de vos vivaces locales qui géraient jusque-là l’ombre sans difficulté. Là où cohabitaient fougères, lamiers, luzules ou campanules, vous ne voyez plus qu’une seule silhouette. C’est le symptôme typique d’une monoculture qui s’installe aux dépens de la faune et de la flore du jardin.

Fleurs de balsamine de l’Himalaya en lisière d’un cours d’eau.
La balsamine se plaît le long des cours d’eau, où elle s’étend en continu. Crédit : Geograph/GeographBot (CC BY-SA 2.0).

Ventes en ligne, jardineries, échanges : pourquoi tout le circuit est concerné

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À l’heure du e-commerce, il ne suffit plus de surveiller les bords de rivière. Pour freiner la dissémination, c’est toute la chaîne qui doit s’adapter. Les jardineries, pépinières et plateformes de vente ont dû retirer la balsamine de leurs catalogues. Cette mesure vise autant les achats volontaires que les échanges entre particuliers qui, sans mauvaise intention, entretiennent la propagation. La logique est simple : tant que l’on peut se procurer une plante envahissante, on prolonge le problème.

Conséquence directe, les stocks restants doivent être détruits. Même offrir un plant ou échanger des graines compte désormais comme une infraction. Le message destiné aux passionnés de jardin est clair : on ne joue plus avec des espèces dont l’impact sur les écosystèmes est établi.

Gousses mûres de balsamine prêtes à éclater.
Ses gousses expulsent les graines à distance, accélérant la colonisation. Andrew Tatlow / Geograph (CC BY-SA 2.0).
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« Et maintenant, je plante quoi à la place ? » Les alternatives qui font du bien au jardin

Bonne nouvelle, renoncer à une espèce envahissante ne signifie pas renoncer à la beauté. Les professionnels orientent désormais vers des plantes locales et non invasives qui nourrissent le vivant sans menacer l’équilibre. Dans les espaces ensoleillés et secs, la lavande se comporte en alliée de choix : robuste, mellifère, elle attire abeilles et papillons tout en supportant les étés chauds. Dans les prairies fleuries et les massifs simples, la marguerite offre une floraison longue et régulière qui fait le bonheur des pollinisateurs. Pour prolonger la couleur jusqu’à l’arrière-saison sans envahir, la sauge rend de fiers services, avec des variétés adaptées à de nombreux sols.

Au-delà de ces valeurs sûres, l’idée directrice consiste à choisir des variétés locales adaptées à votre terroir. Un sol sableux de littoral, une vallée fraîche, une colline calcaire n’appellent pas les mêmes plantes, et c’est tant mieux. En renouant avec ce bon sens, on diversifie les massifs et on réduit le risque d’introduire la prochaine « belle » qui deviendra un problème. Souvenez-vous de l’herbe de la pampa : longtemps populaire, elle a fini sur la liste des espèces à proscrire pour son caractère invasif. L’histoire se répète dès qu’on oublie la cohérence écologique.

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Gousse de la plante. Photo by beasternchen

Hortensias, climat et illusions perdues : quand l’élégance ne suffit plus

Beaucoup de jardiniers le constatent : certaines plantes emblématiques souffrent de la hausse des températures et de la sécheresse répétée. L’hortensia, roi des coins ombragés en climat tempéré, illustre bien ce basculement. Dans de nombreux espaces verts, il a du mal à retrouver sa prestance faute d’eau suffisante et de fraîcheur estivale. Ce n’est pas une espèce invasive, bien sûr, mais ce parallèle rappelle que nos choix au jardin ne peuvent plus ignorer la réalité climatique.

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La leçon est double. D’un côté, il faut écarter les espèces qui perturbent la biodiversité. De l’autre, il faut privilégier des plantes résilientes, compatibles avec nos étés plus chauds. Entre ces deux exigences, une voie existe : penser jardin local, sobre et accueillant pour le vivant.

Ce que cela change pour les particuliers et les pros, très concrètement

Pour les jardiniers amateurs, la marche à suivre devient limpide. Il faut identifier la balsamine, arracher les plants, empêcher la montée en graines et surveiller les repousses. Le geste le plus efficace consiste à intervenir tôt au printemps, puis à revenir après les pluies d’été pour couper court aux nouvelles levées. L’objectif n’est pas de transformer votre terrain en chantier, mais d’éviter qu’un foyer ne s’installe et se propage chez les voisins, le long d’un fossé ou d’un cours d’eau.

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Pour les professionnels, l’effort est plus structurant : suppression des fiches produits, mise à jour des plans de culture, information aux clients, contrôle des arrivages. Cette réorganisation est lourde à court terme, mais elle évite des coûts plus importants liés aux dégâts écologiques et aux opérations d’arrachage à grande échelle dans les collectivités.

Contrôles, sensibilisation et rares dérogations : comment l’interdiction s’applique

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Une interdiction n’a de sens que si elle est comprise et respectée. C’est pourquoi des campagnes de prévention et de surveillance sont prévues dans les espaces naturels sensibles. Le respect de l’embargo suppose une vigilance partagée : communes, gestionnaires d’espaces verts, jardineries, plateformes de vente et particuliers. Il ne s’agit pas de traquer le jardinier du dimanche, mais de couper les voies de dissémination qui alimentent la progression de l’espèce.

Des dérogations très encadrées peuvent être envisagées à des fins scientifiques, afin de mieux comprendre ces plantes envahissantes sans provoquer de nouvelles disséminations. Ces exceptions ne concernent pas les usages d’ornement et ne changent rien pour le grand public : au jardin, la règle est simple et s’applique à tous.

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Fleur de la plante. Photo by macro_shen
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Ce que vous devez retenir, et l’information à ne surtout pas manquer

Après des années d’alertes, l’Union européenne a tranché. La balsamine de l’Himalaya n’a plus sa place dans nos jardins ni dans nos espaces publics. Les ventes sont arrêtées, les échanges proscrits, les stocks voués à la destruction. Et pour ceux qui en possèdent déjà, le mot d’ordre est d’arracher et d’empêcher la fructification. La raison est claire : protéger la biodiversité locale, nos écosystèmes et tout ce qui en dépend. Depuis le 5 août 2025, la directive impose l’interdiction totale d’Impatiens glandulifera dans toute l’Europe, y compris en France. Si vous la croisez chez vous, vous savez désormais quoi faire, et surtout pourquoi.

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1 commentaire

  • B
    Bubu du 2 B
    22/09/2025 à 12:46
    On se demande bien comment la planète a pu perdurer avec toutes ces plantes néfastes, chaque espèce trouve un jour, son maître, demain on nous fera arracher Les Lilas ou les hortensias, les tulipes ou les arums…. Je dis stop , car n’importe quel bon jardinier sait que si une plante s’étale trop il faut la juguler. Commencez donc par éradiquer les espèces comme l’ambroisie, AUCUNE commune ne s’en occupé et les allergies respiratoires continuent ….

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