Si ce détail s’affiche sur votre téléphone, votre appareil est sans doute infecté par un virus publicitaire
En 2024, des millions de smartphones ont été contaminés par des logiciels malveillants. La plupart ne chiffrent pas vos données et ne bloquent pas l’écran, mais se cachent derrière un détail qui semble anodin : des pubs qui reviennent sans cesse.
Un signe discret qui trahit souvent un virus sur téléphone et qu’il est pourtant possible d’éliminer en quelques minutes, à condition de savoir où regarder.
Les adwares, ces faux « virus » qui verrouillent votre écran de pubs
Toutes les secondes, une attaque informatique est stoppée quelque part dans le monde par l’entreprise Kaspersky, spécialiste de la cybersécurité. Derrière ce flux continu, un type de menace sort du lot : l’adware.
Ce terme désigne un programme qui s’installe sur votre téléphone et qui affiche des publicités intempestives de manière abusive. Jean-Baptiste Boisseau, cofondateur du site Signal Arnaques, le résume comme un logiciel conçu avant tout pour générer de l’argent à chaque affichage ou clic sur une annonce. L’objectif n’est pas immédiatement de détruire l’appareil, mais de le transformer en panneau publicitaire ambulant.
Sur Android, la menace est devenue massive. Selon un rapport de l’entreprise Zscaler, ces programmes publicitaires représentent aujourd’hui 69 % de toutes les détections de logiciels malveillants sur les téléphones fonctionnant avec ce système. Autrement dit, quand un téléphone Android est infecté, il s’agit très souvent d’un adware.
Ce type de logiciel ne se contente pas de spammer l’écran. Il peut aussi collecter des données personnelles : historique de navigation, habitudes d’utilisation du téléphone, voire localisation de l’appareil. Sans forcément le dire, il observe ce que vous faites pour mieux cibler les annonces ou revendre ces informations.
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Des fenêtres qui s’ouvrent toutes seules : le premier signe qui doit vous alerter
Le symptôme le plus visible survient souvent du jour au lendemain. Sans que vous ayez changé vos habitudes, des fenêtres pop-up surgissent d’un coup sur l’écran. Elles apparaissent à n’importe quel moment, parfois toutes les deux ou trois secondes, même lorsque vous ne naviguez sur aucun site en particulier.
Ces fenêtres jouent sur la peur. Elles prétendent détecter un soi-disant virus ou une faille critique, affichent des messages d’alerte en rouge et utilisent parfois le logo d’Android ou de Google pour paraître légitimes. Elles vous incitent à cliquer « pour réparer » ou « analyser le système », alors que ce traitement ne profite qu’au logiciel qui vous bombarde de pubs.
Beaucoup d’utilisateurs pensent d’abord à un bug passager du navigateur. Pourtant, lorsque ces alertes se répètent, se superposent et reviennent après chaque fermeture de page, c’est rarement le hasard. Dans la grande majorité des cas, cela signifie qu’un logiciel indésirable s’est invité sur l’appareil.
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Mais saviez-vous que certains adwares sont capables de rester cachés en se faisant passer pour de simples encarts de pub dans votre navigateur, presque identiques aux autres annonces légitimes ?
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Ralentissements, batterie qui fond : les autres symptômes à surveiller
Les signes d’infection ne se limitent pas à ce que vous voyez à l’écran. Un adware tourne souvent en arrière-plan, même lorsque vous n’utilisez pas le téléphone. Cela se traduit par des ralentissements du smartphone. Les applications mettent plus de temps à s’ouvrir, le clavier réagit moins vite, le passage d’un écran à l’autre devient laborieux.
En parallèle, vous pouvez constater une batterie qui se vide vite, alors même que vous n’avez pas changé vos habitudes. Le téléphone chauffe parfois sans raison, simplement posé sur une table. Cette surconsommation vient des processus publicitaires qui se lancent sans arrêt pour afficher ou préparer des annonces.
Autre détail à noter : des pages web qui redirigent vers des sites sans rapport avec votre recherche, ou des pubs qui reviennent toujours au même endroit, même après avoir vidé le cache du navigateur. Parfois, des applications se ferment inopinément, ou des téléchargements se lancent sans que vous l’ayez demandé.
Pris isolément, chacun de ces signaux pourrait ressembler à un simple bug. En revanche, s’ils apparaissent en même temps que des pubs agressives, la piste de l’adware devient très probable.
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Des applications piégées, même sur le Play Store
On pourrait croire que le danger vient uniquement de sites obscurs ou de fichiers récupérés sur des forums douteux. En réalité, l’infiltration d’applications malveillantes passe souvent par les boutiques officielles elles-mêmes.
En 2024, pas moins de 239 applications infectées ont ainsi été repérées sur le Google Play Store. Avant d’être retirées, elles avaient déjà cumulé environ 42 millions de téléchargements. Autant d’appareils où un adware a pu s’installer sous couvert d’un service anodin.
Le contrôle y reste moins strict que sur l’App Store d’Apple, comme le souligne Jean-Baptiste Boisseau. Certains développeurs profitent de cette marge pour publier de faux jeux ou des outils prétendument miracles, censés « booster » ou « nettoyer votre téléphone ». En façade, tout semble normal. Mais une fois l’application installée, un module publicitaire caché commence à tourner, parfois même après la fermeture complète de l’app.
Ces programmes se donnent des noms rassurants, empruntent des icônes qui ressemblent à celles d’applications populaires et se fondent dans la liste de vos logiciels. C’est ce camouflage qui rend parfois leur détection difficile pour un utilisateur peu averti.
Ce détail que peu de gens remarquent, par exemple une appli « météo », « VPN gratuit » ou « nettoyeur » téléchargée un jour et vite oubliée, peut être la porte d’entrée du problème.
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Comment supprimer un adware de votre téléphone pas à pas
La bonne nouvelle, c’est qu’il est généralement possible de supprimer ces logiciels publicitaires sans avoir de grandes compétences techniques. La première étape consiste à empêcher l’adware de se lancer automatiquement. Pour cela, les spécialistes recommandent de redémarrer le téléphone en mode sans échec en suivant la procédure indiquée par le constructeur.
Dans ce mode, seules les applications de base du système fonctionnent. Les programmes ajoutés, dont les adwares, ne peuvent plus se lancer au démarrage. Le téléphone redevient plus calme, ce qui permet de fouiller tranquillement la liste d’applications installées.
Il faut ensuite se rendre dans les paramètres, puis dans la section dédiée aux applications. Là, il est essentiel de prendre le temps d’examiner chaque nom. Supprimez les programmes que vous ne reconnaissez pas, ceux que vous n’utilisez jamais, ou ceux que vous n’avez pas souvenir d’avoir téléchargés. Certaines applications douteuses se cachent derrière une icône neutre, sans description claire.
Une fois les suspects désinstallés, il est conseillé de redémarrer normalement l’appareil et de vérifier si les publicités intempestives ont disparu. Si c’est le cas, il est probable que l’adware ait été éliminé. Si les symptômes persistent, d’autres programmes malveillants se cachent peut-être encore dans la liste.
Pour renforcer cette première action, l’installation d’une application antivirus reconnue, comme Avast ou Kaspersky, peut aider à scanner la mémoire du téléphone et à repérer les fichiers résiduels. Ces outils, lorsqu’ils sont utilisés depuis les boutiques officielles, restent un complément utile pour sécuriser un appareil déjà infecté.
Certaines applications spécialisées, comme Appwatch, sont capables d’identifier plus précisément quelle app génère des pubs en arrière-plan et de vous aider à la stopper. En cas de doute, mieux vaut désinstaller une application de trop qu’en garder une qui continue d’exploiter vos données.
Le détail à ne jamais ignorer sur l’écran de votre téléphone
Reste la question centrale : comment savoir si ce qui s’affiche sous vos yeux relève d’un simple site un peu agressif ou d’un véritable adware installé sur votre appareil ? La différence tient souvent à un détail.
Si, même après avoir fermé votre navigateur, des messages d’alerte continuent de surgir en plein écran, imitant des notifications officielles, il ne s’agit plus de simples pubs. Lorsque ces fenêtres reprennent le logo d’Android ou de Google, annoncent un « virus critique détecté » et vous poussent à cliquer sur un bouton pour lancer une prétendue analyse, c’est un signal extrêmement fort.
Ce détail précis, celui de fausses alertes de sécurité qui copient l’apparence de messages système et reviennent toutes les deux ou trois secondes, est l’un des signes les plus caractéristiques d’un adware déjà installé sur l’appareil. Il signifie non seulement que le logiciel malveillant tourne en continu, mais aussi qu’il tente de vous faire cliquer pour afficher encore plus de pubs ou vous rediriger vers d’autres arnaques.
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Que retenir ?
En résumé, si votre écran est envahi de fausses alertes utilisant les logos officiels, si votre téléphone se met à ramer, si votre batterie qui se vide vite devient la norme et si vous repérez une application dont vous ne vous souvenez pas, vous avez probablement affaire à un virus sur téléphone de type adware. Le réflexe à adopter est clair : mode sans échec, désinstallation des programmes suspects, puis passage par une application antivirus ou un outil comme Appwatch pour finir le nettoyage.
Ce détail qui clignote sans cesse sur votre écran n’est donc pas qu’un simple agacement : c’est l’indice que votre téléphone a été piraté, et la meilleure alerte pour agir avant que vos données personnelles ne soient exploitées à plus grande échelle.