Laurent Baffie étrille Thierry Ardisson comme jamais, ça pique !
Lorsque Laurent Baffie est sur un plateau, l’équilibre des invités vacille. En effet, ils ne sont pas à l’abri d’entendre une plaisanterie les concernant. Durant toute sa carrière à la télévision, il est parvenu à trouver leur petit défaut et à les épingler à ce sujet. Certes, ses punchlines et caméras cachées sont devenues cultes pour plusieurs générations. Cependant, à l’heure du bilan, il semble amèrement regretter d’avoir collaboré avec un certain Thierry Ardisson.
Laurent Baffie marqué au fer rouge par ce drame
Aussi loin qu’il s’en souvienne, Laurent Baffie n’a jamais aimé aller à l’école. C’est pourquoi, dès la quatrième, l’équipe pédadogique lui suggère d’interrompe le cursus classique et de entamer des études de comptabilité. Aussi, lorsque Léa Salamé lui demande de résumer son passé, il persiste et signe. « Pour des raisons que je n’ai pas envie de développer, j’ai eu une enfance de m/rde, et voilà. »
On le sait à présent, sa mère a subi la violence physique et verbale de son compagnon. Dans son contexte, il pointe du doigt ce curieux paradoxe. « J’ai connu ça, moi, enfant… Les femmes qui ne pouvaient pas aller porter plainte. Et aujourd’hui, au commissariat, ils n’ont pas le temps, il n’y a pas de preuve » », a expliqué l’humoriste.
En plus d’être le roi de la vanne, Laurent Baffie utilise les mots pour décrire les maux et les incohérences de la société post #metoo. Dans sa pièce Soupe Miso, il en profite pour mettre les choses au point. « En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint (…) Je pensais que les choses allaient changer. Cinquante ans après, ça n’a pas beaucoup évolué »
L’écriture, la première passion de Laurent Baffie
Pour son frère de cœur
Au milieu des années 80, Laurent Baffie croise la route de Jean-Marie Bigard. A l’époque, ils sont les premiers à intégrer l’aventure de l’émission La Classe par Guy Lux et Fabrice en personne. Sauf qu’à ce moment-là, Laurent Baffie préfère rester dans l’ombre. En plus de recueillir son ami sans le sou, il va l’aider à écrire au moins 4 sketches par semaine. Malgré un ton volontairement potache, voir grossier, la magie opère. « Parfois, il avait honte, il hésitait. Moi, je le poussais et quand il se faisait défoncer, j’étais mort de rire.» Plus qu’un soutien de tous les instants, cette collaboration marque à jamais l’esprit des deux compères.
Pour une troupe
Au début du second millénaire, Laurent Baffie décortique les coulisses de la télévision. C’est pourquoi, avec S/xe, magouilles et culture générale, il s’amuse à façonner un faux jeu de culture générale où la tricherie et les stupéfiants règnent. Pour l’aider à amuser la galerie, il peut compter sur le soutien de ses amis Daniel Russo, de Pascal Sellem mais également de la mère de Patrick Dewaere, Mado Maurin.
Quatre ans plus tard, Laurent Baffie aborde un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, les troubles obsessions compulsifs. Après avoir avoué qu’il en avait petit, il fait un constat glaçant. « À l’époque, on ne communiquait pas là-dessus. » Se sentant investi d’une mission, il explique son double objectif. « Traiter cette thématique difficile avec délicatesse sans se moquer des malades. J’ai élaboré six personnages, chacun avec un toc spécifique, ce qui m’offrait six possibilités. »
On l’a compris, doué pour voir les failles de monsieur et madame tout le monde, Laurent Baffie remet ça avec Un point c’est tout. Cette fois, sa galerie de personnages va devoir se focaliser sur la sécurité routière. Et pour cette intellectuelle, cette rappeuse, cette naine, ce camionneur, ces jumelles, cette motarde, cette presque centenaire et ce travesti, rien ne va se dérouler comme prévu.
Une critique de la société
Comme l’atteste cette affiche, les trois singes de la sagesse sont mis à l’honneur dans cette pièce. Pendant une heure, les téléspectateurs vont être les témoins des péripéties de ces trois hommes.
À lire aussi
Dans Sans filtre, Laurent Baffie s’amuse avec les tabous de la société. En privé, cet homme est à cheval sur certains principes. Aussi, devant son public, il est hors de question pour lui d’en éluder. De cette façon, pour ceux qui ont eu l’honneur de le voir sur scène, le résumé est simple. « Il incarne le Baffie que l’on a l’habitude de voir sur les plateaux télévisés : franc, méchant, vulgaire et donc très clivant. »
Ce n’est pas un hasard si Laurent Baffie a choisi d’appeler sa pièce, ainsi que ses protagonistes, de cette manière. En effet, lorsque ce veuf en piteux état croise ce cocu déprimé, la tension monte d’un cran dans ce bar à whisky.
Pour lui-même
Une décennie après sa première pièce, Laurent Baffie se lance un défi de haute voltige. Amuser son public, mais sans l’intervention d’autres comédiens ou des caméras. Lors des séances de promotion, ce « sale gosse » résume ainsi son leitmotiv. :« Faire rire, réfléchir, et pourquoi pas jouir ! »
Quand Laurent Baffie était sur les ondes
Au début des années 90, la direction de Fun Radio engage Laurent Baffie. Pendant une saison, il va enchainer les pitreries afin de faire rigoler ses auditeurs. Même s’il existe très peu d’archive audio, l’émission lui a surtout permis de rencontrer son futur patron et ami, Thierry Ardisson.
Une fois embauché par Skyrock, Laurent Baffie va être plus impertinent que jamais. Volontairement corrosif, il n’épargne rien…ni personne !
Sans conteste, Europe 1 demeure son contrat le plus long. Pendant 4 ans, avec son amie Julie, il fixe à rendez-vous à ses admirateurs tous les dimanches. Au programme, canulars téléphoniques, jingles hilarants et autres rubriques loufoques. De quoi décompresser après une semaine épuisante !
La télévision, l’immense terrain de jeu de Laurent Baffie
À peine majeur, Laurent Baffie fait sa première télévision. Timide et angoissé, le jeune homme enchaine les jobs de figurant. Et notamment dans les émissions de variété des Carpentier. Par contre, cette séquence hilarante est devenue culte car il est sous hypnose. Donc, il ne semble pas contrôler ses mouvements ni ses paroles !
France Télévision
En se rendant sur Fun Radio, le publicitaire et animateur Thierry Ardisson a tout de suite détecté le talent de Laurent Baffie. D’abord, engagé comme faux cadreur, il va intervenir régulièrement dans l’émission Double Jeu. Peu à peu, l’homme en noir lui confie des responsabilités. Or, une à priori anodine caméra cachée avec Dorothée va particulièrement provoquer le chaos sur le plateau. En découvrant les images, elle se lève. Au lieu de quitter le plateau, elle décide de verser un seau d’eau glacée sur la tête de ce jeune homme. Des années plus tard, les téléspectateurs et le concerné s’en souviennent encore !
À lire aussi
Lorsque Thierry Ardisson lui attribue le rôle de « sniper« , il hésite un peu, mais accepte cette mission périlleuse. Néamoins, presque vingt ans après cette aventure, il remet les pendules à l’heure. « Je détestais ce terme parce qu’ils tirent dans le dos, et pas moi. ‘Vanneur de plateau’» lui semble plus approprié.
Dès qu’elle en a l’occasion, Lara Fabian évoque son passage dans l’émission. Dire qu’elle en a gardé des séquelles est une triste évidence. Souhaitant soulager sa conscience, Laurent Baffie déclare. « on n’était pas très fins parfois. C’était le reflet d’une époque où on se permettait des choses et on était plus sexiste, machiste et con » Navré d’avoir blessé la chanteuse, il tente de se rattraper. « Je suis désolé d’avoir fait de la peine aux gens. Et Lara, si tu nous regardes, je m’excuse sincèrement et même plus, je t’aime»
Canal+
Dans son camion jaune, Laurent Baffie a 7 minutes (et pas une de plus) pour revisiter à sa façon les classiques de la publicité. En somme, il vérifie les arguments des marques. De quoi provoquer les fous rires des abonnés de la chaine cryptée !
Ravi par sa prestation, la chaine de Pierre Lescure lui propose de co-animer Nulle part ailleurs. Or, Laurent Baffie déçoit les téléspectateurs et ne parvient pas à en placer une. Avec le recul, il révèle n’avoir pas été à la hauteur pour deux raisons. « C’était une période où j’allais très mal. J’étais en train de perdre mon père. En plus, une fois sur le plateau, Philippe Gildas posait sa main sur ma cuisse pour me faire taire.»
Comble de l’horreur, il est dans le collimateur des auteurs des Guignols de l’info. Dès qu’ils ont le feu vert de la direction, ils ne gênent pas pour l’étriller. Par contre, la réciproque est impossible. Frustré, il ne conserve aucun bon souvenir de cette année dégueulasse. « On m’a bien enterré sur ce coup-là, se souvient-il. J’étais l’homme à fuir. »
Une fois le départ de France 2 officiel, Thierry Ardisson signe un contrat avec le groupe Canal+. Presque tout de suite, il rappelle Laurent Baffie. Or, la venue de la gagnante de la seconde saison de la Star Academy va créer un scandale. Assis à côté d’elle, le trublion va remonter sa jupe sans lui demander son avis. De quoi révolter une partie des téléspectateurs qui tire la sonnette d’alarme auprès des sages du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.
Dans son malheur, il a pu compter sur le soutien de la concernée. Dans la presse, elle déclare que si elle s’était « sentie agressée, [elle se] serai[t] défendue et [lui] aurai[t] donné un coup de coude dans la figure, […] C’est un ami, on se connaît depuis quinze ans »»
Paris Première
Comme son nom l’indique, dans ce show, Laurent Baffie s’invite chez les stars. N’étant pas prêt à recevoir les caméras et répondre aux questions impertinentes de l’animateur vedette, les moments de gène se suivent et ne se ressemblent pas.
Bien des années plus tard, Laurent Baffie va imiter le concept de 93 bd Saint-Honoré. Certes, ce n’est pas son appartement. Par contre, ses réunions au 17ᵉ sans ascenseur vont laisser un souvenir impérissable à ses invités. Au lieu de manger, ils vont faire des jeux rocambolesques. Pour la première d’une longue série, il va recevoir le comédien Philippe Lellouche, sa compagne de l’époque, Vanessa Demouy et le présentateur Jean-Luc Reichmann.
Laurent Baffie, un homme engagé
La cause animale, le combat permanent de Laurent Baffie
Au printemps 2017, il surprend ses fans en annonçant avoir recueilli les 500 signatures pour se présenter à l’élection présidentielle. Or, après le verdict des urnes, il décide de dévoiler les coulisses de sa (fausse) compagne dans un documentaire. Comme toujours, il en profite pour faire un joli pied de nez aux donneurs de leçon !
Deux ans plus tard, il s’investit pleinement, mais sans fonder son propre parti. Qu’on se le dise, ce passionné par les bêtes est un idéaliste, mais aussi un homme sensible. Plus que jamais, il rêve d’un monde meilleur. Dans ces circonstances, il met les points sur les I avec ses détracteurs. « Je n’ai pas le sentiment de soutenir un parti politique mais un parti humaniste […] Si comme moi vous n’aimez pas la politique, allez voter pour les animaux»
Trois ans plus tard, il remet ça mais passe à l’action. Inscrit sur la liste du parti Animaliste de la troisième circonscription de Paris, il espère récolter un maximum de voix. Malgré ses efforts et ses arguments, il arrive en 7e position. Ses 863 voix et 2,18 % des suffrages exprimés n’ont hélas pas réussi à convaincre les riverains du bien fondé de son action. Qu’il se rassure, l’écologie demeure l’une des préoccupations principales de la député élue.
Quelques mois avant la pandémie, Laurent Baffie relaie la majorité des pétitions signées par l’association L214 ainsi que d’autres qui prennent la défense des animaux.
Un constat sans appel
Au cours d’un entretien accordé à nos confrères de Sud Radio, il décrit son investissement quotidien. « Si je n’avais pas été accaparé professionnellement par l’écriture, je pense que j’aurais fait un bon reporter animalier. J’ai juste un tout petit chien qui s’appelle Geneviève, dont Mme de Fontenay est la marraine. Je n’ai pas d’oiseau en cage, mais je leur donne des graines sur ma terrasse. J’ai un distributeur-mangeoire pour écureuils. Cela me permet de les observer sans les enfermer. Quand je vois un hérisson sur la route, je le mets à l’abri. Chaque année, je sauve des centaines de crapauds dans les mêmes conditions. J’ai une vraie relation avec la zoologie de proximité.» Après tout, pour cet homme au lourd passé, qui de mieux que les compagnons à pattes pour apaiser ses tourments de grand enfant ?