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La grippe a muté : ce que l’on sait du virus qui inquiète les médecins pour l’hiver

Publié par Killian Ravon le 26 Nov 2025 à 14:55

Cet automne, la grippe s’installe doucement en France. Sur fond de vague de froid brutale et de premiers nez qui coulent. Derrière cette apparente accalmie, les médecins gardent pourtant un œil très attentif sur une souche de virus mutant repérée à l’étranger.

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Une soignante masquée injecte un vaccin contre la grippe à une femme inquiète dans une salle d’hôpital bondée en plein hiver.
Dans un service déjà rempli, chaque injection de vaccin compte pour alléger l’hiver des soignants et des patients.

Un virus qui a déjà beaucoup changé en quelques mois. Et qui pourrait bien compliquer l’hiver des plus fragiles. Malgré la campagne de vaccination en cours.

La vidéo du jour à ne pas manquer
Vue d’une glacière médicale bleue remplie de pains de glace et de boîtes de vaccins, illustrant la chaîne du froid nécessaire au transport des doses.
La chaîne du froid, maillon invisible mais essentiel pour garder les vaccins efficaces tout au long de l’hiver.
Crédit : GiveWell / Wikimedia Commons
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Une saison de grippe qui commence timidement en France

Pour l’instant, la situation ne ressemble pas à un scénario catastrophe. Selon les derniers bulletins de surveillance. Les indicateurs de la grippe restent au niveau de base dans toutes les régions métropolitaines. Aucune flambée de cas n’est observée, à l’exception de Mayotte. Qui est déjà entrée en phase pré-épidémique depuis la fin octobre.

Dans les cabinets, les médecins voient bien revenir les premiers syndromes grippaux, mais sans afflux massif de patients. La plupart des consultations restent liées à d’autres infections respiratoires ou aux simples coups de froid. Le contraste est d’ailleurs saisissant avec la météo. Alors qu’une vague de froid précoce s’abat sur le pays. Et donne l’impression que l’hiver s’est installé en quelques jours.

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Cette accalmie apparente ne doit toutefois pas faire oublier que la grippe peut, chaque année, se transformer en véritable casse-tête sanitaire. Les autorités rappellent régulièrement que le virus circule souvent en décalé. Avec des épidémies qui peuvent démarrer tardivement. Parfois après les fêtes de fin d’année. D’où l’importance d’observer de près ce qu’il se passe déjà dans d’autres pays de l’hémisphère nord.

Flacon de vaccin VARIVAX posé sur une surface grise avec trois seringues préremplies alignées à côté, prêtes pour une séance de vaccination.
Avant chaque campagne, les doses de vaccin s’alignent dans les plateaux des soignants, prêtes à être utilisées.
Crédit : Whispyhistory / Wikimedia Commons

Une maladie hivernale loin d’être « bénigne »

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On a parfois tendance à la confondre avec un gros rhume, mais la grippe reste une infection potentiellement grave. L’hiver précédent, elle a été impliquée dans environ 17 600 décès liés à la grippe toutes causes confondues.

Dans le même temps, près de 30 000 hospitalisations ont été enregistrées. Souvent après un passage aux urgences pour des détresses respiratoires ou des complications.

Au total, plus de trois millions de Français ont consulté un médecin pour un syndrome grippal. Derrière ces chiffres, ce sont des arrêts de travail, des services d’urgences saturés. Et des services hospitaliers qui doivent s’adapter en urgence.

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La charge est particulièrement lourde pour les personnes âgées, les malades chroniques, les femmes enceintes. Ou les personnes souffrant d’obésité. Chez qui la grippe décompense souvent un état déjà fragile.

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Ce rappel chiffré explique pourquoi, année après année, les autorités encouragent la population à ne pas banaliser ce virus.

Car si la plupart des malades guérissent en quelques jours, une fraction non négligeable développe des formes sévères, parfois mortelles. Et c’est précisément cette proportion de formes graves que la vaccination cherche à réduire.

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Gros plan sur une seringue préremplie de vaccin contre la grippe, étiquette influenza vaccine bien lisible sur un fond blanc lumineux.
Une petite dose dans la seringue, mais un impact majeur sur le risque de forme grave de la grippe.
Crédit : Pete / Wikimedia Commons

Un virus H3N2 qui change très vite de visage

Ce qui attire aujourd’hui l’attention des infectiologues, ce n’est pas seulement le retour habituel de la grippe, mais la trajectoire d’un virus H3N2 observé au Royaume-Uni.

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D’après des données publiées dans une revue médicale, les taux de grippe y augmentent nettement, en particulier chez les jeunes adultes et les enfants d’âge scolaire. Ces groupes d’âge, très actifs socialement, sont souvent au cœur de la dynamique de transmission d’un virus respiratoire.

Cette souche appartient au type A (H3N2), déjà bien connu des virologues, mais elle présente une particularité : elle a accumulé des mutations successives au cours de l’été. Les analyses génétiques montrent qu’elle a acquis sept nouvelles mutations en quelques mois seulement.

En pratique, cela signifie que le virus qui circule actuellement est déjà assez différent de celui qui avait été sélectionné pour fabriquer le vaccin contre la grippe de cette saison.

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Les spécialistes parlent même d’une souche inédite à propos de ce sous-variant, baptisé K. Ce dernier semble avoir gagné en gravité, avec des formes plus marquées que ce qui était attendu.

Sans provoquer pour l’instant un raz-de-marée mondial, il rappelle à quel point le virus de la grippe est capable de se réinventer d’une année sur l’autre. Mais saviez-vous que cette capacité de transformation rapide est précisément ce qui complique l’adaptation des vaccins saisonniers ?

Illustration d’un soignant en combinaison blanche brandissant une seringue géante face à des particules de virus vertes en suspension sur fond bleu.
Une représentation graphique du combat permanent entre les vaccins et les virus respiratoires.
Crédit : Alexandra_Koch / Pixabay
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Un vaccin imparfait, mais toujours central pour l’hiver 2025-2026

En France, la campagne de vaccination 2025-2026 a débuté le 14 octobre. Elle vise en priorité les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes obèses et plus largement tous ceux qui présentent des facteurs de risque de complications. L’objectif est simple : réduire la probabilité de forme grave, même si le virus du moment ne correspond pas parfaitement à la souche qui se trouve dans la seringue.

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Car face à un virus mutant, la question revient chaque année : le vaccin contre la grippe est-il encore utile si le virus a changé ? D’après les infectiologues, la réponse reste oui. Même quand la correspondance n’est pas parfaite, la vaccination contribue à diminuer les risques de formes sévères, d’hospitalisation ou de décès. Elle joue aussi un rôle dans la réduction de la circulation globale du virus, en limitant la probabilité de transmission chez les personnes protégées.

Le maître de conférences Antonio Ho, spécialiste en maladies infectieuses à l’université de Glasgow, souligne que la souche A (H3N2) incluse dans le vaccin n’est plus identique à celle qui circule aujourd’hui au Royaume-Uni. Le virus a pris un peu d’avance, profitant de l’été pour accumuler des modifications. Mais cela ne signifie pas que la vaccination serait devenue inutile, surtout pour les publics les plus à risque.

Dans ce contexte, les médecins insistent sur un point : se faire vacciner en début de saison reste le meilleur moyen d’aborder l’hiver 2025-2026 avec une protection minimale, en particulier lorsque la météo favorise déjà les coups de froid et les regroupements en intérieur. Plus la couverture vaccinale est élevée, plus le système de soins dispose d’un « coussin de sécurité » pour absorber les vagues épidémiques.

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Ce que les signaux venus du Royaume-Uni laissent présager

Si la France semble pour l’instant relativement épargnée, la situation britannique sert de signal d’alerte. Les données compilées par le British Medical Journal font état d’une hausse significative des cas de grippe, en particulier chez les jeunes adultes et les enfants d’âge scolaire. Des catégories qui, en temps normal, sont parfois moins ciblées par les campagnes de vaccination.

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Outre-Manche, les autorités sanitaires observent attentivement la diffusion du sous-variant K. Ce virus H3N2 très remanié, qui a déjà connu sept mutations successives, inquiète par sa capacité à s’éloigner progressivement de la souche vaccinale. Les médecins redoutent qu’il puisse circuler rapidement dans des populations encore peu immunisées, et se propager ensuite à des personnes plus vulnérables.

Ce jeu de chat et de la souris entre le virus et le vaccin contre la grippe n’a rien de nouveau, mais l’accélération des mutations oblige à réévaluer en permanence le niveau de risque. Pour l’instant, il n’est pas question de nouvelle pandémie, mais plutôt d’une saison de grippe potentiellement lourde, en particulier si d’autres virus respiratoires viennent s’ajouter au tableau.

Mains d’un professionnel de santé tenant un flacon de vaccin Pandemrix et remplissant une seringue transparente en vue d’une injection.
Entre le flacon et le bras du patient, le geste de préparation du vaccin reste millimétré.
Crédit : Grook Da Oger / Wikimedia Commons
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Des hôpitaux déjà sous pression qui craignent l’hiver

Au-delà des chiffres et des graphiques, une autre réalité inquiète les professionnels : la capacité des systèmes de santé à absorber un éventuel surcroît de cas. Les hivers récents ont montré à quel point les services d’urgences peuvent rapidement être saturés lorsque la grippe frappe fort, surtout si d’autres infections circulent en parallèle.

Au Royaume-Uni, le directeur général du système de santé britannique s’est déjà exprimé sur le sujet. Confronté à ce virus mutant, il anticipe des semaines très compliquées pour les équipes hospitalières, entre la gestion des malades, les absences de personnel et le rattrapage des soins non urgents.

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C’est dans ce contexte qu’il a lancé un avertissement particulièrement sombre, appelant à se préparer à un hiver extrêmement difficile pour les hôpitaux. Selon lui, le NHS « s’apprête à affronter l’un des pires hivers jamais enregistrés », tant la pression attendue sur les services de santé s’annonce forte si la nouvelle souche de grippe poursuit sa progression.

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