Un oncologue alerte sur un signe de cancer lié à l’alcool (et trois autres symptômes méconnus)
En cette fin d’année 2025, un oncologue américain rappelle qu’un simple malaise ne signifie pas forcément cancer, mais que certains signaux rares méritent d’être pris au sérieux. Parmi eux, un phénomène très surprenant lié à la consommation d’alcool, que beaucoup ignorent encore. Autour de ce signe mystérieux, trois autres symptômes inhabituels se détachent et invitent à redoubler de vigilance sans céder à la panique.
Si de nombreux signes de cancer sont désormais bien connus du grand public, d’autres passent totalement sous le radar. Le docteur Mikkael A. Sekeres, hématologue et professeur à l’Université de Miami, l’a rappelé dans les colonnes du Washington Post.
La plupart des petits maux du quotidien n’ont aucun lien avec une tumeur, mais certains changements inhabituels dans le corps ne doivent pas être ignorés, surtout lorsqu’ils s’installent ou se répètent. C’est dans ce contexte qu’il met en avant quatre signaux rares, dont un très particulier, qui apparaît… après avoir bu de l’alcool.
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Quand un « petit bobo » ne ressemble plus à ce que l’on connaît
Au premier abord, il est tentant de relier la moindre douleur à un cancer, surtout lorsqu’elle survient sans raison apparente. Le docteur Sekeres rappelle pourtant que ce réflexe d’auto-diagnostic peut être trompeur. Un mal de dos passager, une gêne dans la poitrine ou une fatigue persistante ont bien plus souvent une cause bénigne qu’une origine tumorale. C’est la durée, la répétition et le caractère inhabituel du signal qui doivent retenir l’attention.
Ce que souligne le spécialiste, c’est la notion de « changement » : un corps que l’on connaît bien envoie parfois des alertes différentes de d’habitude. Un symptôme qui apparaît brutalement chez une personne qui ne s’en plaignait jamais auparavant, ou qui ne ressemble pas à ses douleurs habituelles, mérite plus d’attention. Surtout s’il s’accompagne d’autres manifestations étranges, ou s’il ne disparaît pas malgré le temps qui passe.
Il insiste aussi sur un point que peu de gens gardent en tête : ces signaux restent rares. Ils ne sont pas là pour faire peur à tout prix, mais pour rappeler qu’il existe des tableaux cliniques atypiques, qu’un médecin peut aider à décoder. Autrement dit, le message n’est pas de voir un cancer derrière chaque malaise, mais de ne pas banaliser un symptôme qui persiste sans explication.
Un spécialiste du sang habitué aux signaux faibles
En tant qu’hématologue, Mikkael A. Sekeres suit des patients atteints de cancers du sang ou du système lymphatique, souvent diagnostiqués après des signes discrets. Il voit donc régulièrement des personnes qui ont d’abord attribué leurs symptômes à la fatigue, au stress ou à l’âge, avant de découvrir une maladie plus sérieuse. C’est cette expérience de terrain qui l’amène à détailler ces signaux méconnus.
Il rappelle par exemple que la frontière entre symptôme banal et alerte réelle est parfois très fine. Beaucoup de patients racontent, après coup, avoir remarqué un détail qui « n’était pas comme d’habitude », sans pour autant oser en parler tout de suite. Par pudeur, par peur d’ennuyer leur médecin ou simplement parce qu’ils pensaient que « ça passerait ». Ce petit décalage, répété semaine après semaine, finit parfois par dessiner le début d’une histoire médicale.
Dans son témoignage, le spécialiste insiste également sur la temporalité. Un symptôme qui apparaît puis disparaît rapidement est rarement inquiétant. En revanche, celui qui reste, qui revient ou qui se renforce doit faire l’objet d’une vraie conversation avec un professionnel de santé. C’est autour de cette idée qu’il détaille quatre signaux étonnants, dont un que l’on ne songe pas spontanément à relier à l’alcool.
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Quand une fracture survient après un choc presque anodin
Parmi ces signaux méconnus, le docteur Sekeres évoque la fracture pathologique, une fracture qui survient après un traumatisme minime, voire sans cause évidente. Une simple chute de faible hauteur, un faux mouvement ou un geste quotidien qui n’aurait jamais dû casser un os peuvent, dans de rares situations, révéler une fragilisation profonde de la structure osseuse.
Cette fragilité peut être liée à des métastases osseuses, lorsque des cellules cancéreuses issues d’un autre organe viennent se fixer sur l’os. Les cancers du sein, du poumon, de la thyroïde, du rein ou de la prostate peuvent, dans certains cas, se propager de cette manière. Le spécialiste rappelle qu’environ 5 % des cancers touchent les os, et qu’au sein de ce groupe, 8 % des patients présentent ce type de fracture.
Il souligne toutefois que ces cas restent rares, surtout chez des personnes jeunes, actives et apparemment en bonne santé. C’est justement ce décalage qui doit alerter : lorsqu’un os casse « trop facilement » chez quelqu’un qui n’a ni ostéoporose connue, ni traumatisme majeur, la situation mérite des examens complémentaires. Là encore, il ne s’agit pas de voir une tumeur derrière toute fracture, mais de ne pas sous-estimer un événement qui ne colle pas au contexte.
Un taux de calcium sanguin anormalement élevé
Autre signal évoqué par l’hématologue : un taux de calcium sanguin trop haut, ce que l’on appelle hypercalcémie. Ce déséquilibre peut parfois annoncer certains cancers, notamment du poumon, du sein, du rein, de la vessie, de l’ovaire ou encore un lymphome. Ce n’est pas un symptôme que l’on ressent directement. Mais un résultat de prise de sang qui interpelle le médecin.
Ce dérèglement ne vient pas seul. Il peut s’accompagner de nausées, de constipation, de confusion ou d’une grande fatigue, parfois associée à des douleurs osseuses. Pris séparément, chacun de ces signes pourrait sembler banal : qui n’a jamais eu de troubles digestifs ou un gros coup de mou ? Mais leur association, surtout lorsqu’elle persiste, doit inciter à aller plus loin.
Le docteur Sekeres rappelle aussi que l’hypercalcémie n’est pas toujours liée à un cancer. Des troubles hormonaux, notamment au niveau de la thyroïde, ou certains médicaments peuvent également en être responsables. C’est pourquoi un bilan complet est indispensable pour en identifier l’origine, sans tirer de conclusions hâtives à partir d’un seul chiffre sur une prise de sang.
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Seins rouges, gonflés ou douloureux : un signal à prendre au sérieux
L’un des signaux les plus marquants évoqués par le spécialiste concerne le sein. Chez une personne qui n’allaite pas, des seins gonflés, douloureux, enflés, rouges ou présentant un aspect de peau d’orange peuvent être le signe d’un cancer du sein inflammatoire, une forme rare et agressive de la maladie. Contrairement à l’image classique de la petite boule dure que l’on sent sous les doigts, cette forme se manifeste davantage par une inflammation diffuse.
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Le docteur Sekeres mentionne également l’importance de surveiller tout écoulement du mamelon, en particulier s’il est persistant et ne concerne qu’un seul sein. Là encore, la plupart du temps, ces manifestations restent bénignes : infection, dérèglement hormonal, réaction locale… Mais ce sont précisément ces signes, inhabituels et dérangeants, qui doivent conduire à un examen clinique sans attendre.
Ce détail que peu de gens connaissent, c’est que le cancer du sein inflammatoire peut progresser rapidement. D’où la nécessité d’agir vite dès l’apparition d’une rougeur qui s’étend, d’une sensation de chaleur, d’un changement brutal de taille ou de texture de la peau du sein.
Le message n’est pas de paniquer à chaque douleur mammaire, fréquente et souvent anodine, mais de ne pas banaliser un tableau qui sort de l’ordinaire.
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Ce symptôme très surprenant après avoir bu de l’alcool
Le signe le plus étonnant, celui qui intrigue immédiatement, concerne une douleur après l’alcool. Selon le docteur Sekeres, ressentir une douleur dans la poitrine, le dos ou au niveau des ganglions après la consommation d’alcool peut, dans certains cas, être lié au lymphome de Hodgkin. Environ 5 % des personnes atteintes de ce cancer du système lymphatique rapportent ce phénomène : une réaction inflammatoire dans un ganglion après un verre.
Concrètement, il peut s’agir d’une douleur localisée, qui se manifeste peu de temps après avoir bu, parfois toujours au même endroit. Ce n’est pas la classique brûlure digestive, mais une douleur plus ponctuelle, comme si une zone précise du corps réagissait à l’alcool. Ce symptôme reste rare, au point que beaucoup de patients ne pensent pas à le mentionner immédiatement à leur médecin.
L’oncologue insiste pourtant sur un point essentiel : dans la grande majorité des cas, les douleurs ressenties après avoir bu sont bénignes. Elles sont le plus souvent liées à l’œsophage, à l’estomac ou à une irritation digestive, surtout en cas de consommation rapide ou importante. Le simple fait d’avoir mal après un verre ne signifie donc pas que l’on souffre d’un lymphome de Hodgkin.
Des signes d’alerte importants.
Ce qui doit réellement alerter, c’est la répétition d’une douleur récurrente, toujours au même endroit, qui survient plusieurs fois après la prise d’alcool, voire qui s’accentue avec le temps. Surtout si ce signal s’ajoute à d’autres signes inhabituels : ganglions palpables, sueurs nocturnes, perte de poids involontaire, essoufflement. C’est l’ensemble du tableau qui pousse le médecin à envisager une cause plus sérieuse.
Pour le docteur Sekeres, ce symptôme après un verre d’alcool ne doit jamais être interprété seul. Il s’inscrit dans une démarche globale d’écoute de son corps : repérer ce qui change, noter ce qui dure, et accepter de demander un avis sans attendre.
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Que retenir ?
Son message final est clair : en présence d’un signal étrange, qu’il s’agisse d’une fracture inhabituelle, d’un résultat biologique douteux, de modifications mammaires ou d’une douleur après l’alcool, la meilleure réaction reste toujours la même : prendre rendez-vous pour une consultation médicale, plutôt que de se rassurer ou de s’inquiéter seul devant son écran.