Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Science

Un visiteur venu d’ailleurs s’invite dans le ciel d’hiver : les astronomes braquent déjà leurs télescopes

Publié par Killian Ravon le 19 Déc 2025 à 0:32

À quelques jours d’un rendez-vous rare, un petit corps venu d’un autre système stellaire intrigue autant qu’il enthousiasme.

La suite après cette publicité
Comète à deux queues dans un ciel d’hiver au-dessus d’un observatoire, captée en longue pose
Une longue pose révèle un visiteur interstellaire, discret à l’œil nu mais spectaculaire en image.

Dans le ciel d’hiver, les instruments se préparent à suivre un objet encore mystérieux, dont les dernières images ont déjà révélé une activité surprenante.

La vidéo du jour à ne pas manquer
Comète interstellaire 2I/Borisov suivie par le VLT, étoiles filées en arrière-plan pendant le suivi
Les télescopes au sol verrouillent leur suivi pour capter les détails d’un objet qui traverse à toute vitesse.
Crédit : ESO/O. Hainaut (CC BY 4.0)
La suite après cette publicité

Un intrus discret, repéré loin de chez nous

Dans l’immensité du ciel nocturne, tout ne se laisse pas voir au premier regard. Pourtant, ces derniers mois, un nom s’est installé dans les discussions des passionnés comme des laboratoires : 3I/Atlas. L’objet est discret, peu spectaculaire à l’œil nu, et pourtant il occupe une place à part.

La raison tient en quelques mots : c’est un visiteur interstellaire. Autrement dit, il ne fait pas partie de la grande famille habituelle de notre Système solaire. Il est arrivé depuis un système lointain, a été repéré durant l’été, puis suivi de plus en plus attentivement à mesure que sa trajectoire se précisait.

La suite après cette publicité

Depuis sa détection, l’intérêt n’a fait que grimper. D’abord parce que ces passages sont rares, ensuite parce que chaque observation est une occasion d’apprendre. Mais saviez-vous que, même quand on a un « simple » point lumineux sur une image, les astronomes peuvent déjà récolter des indices sur la nature du corps, sa façon de réagir à la chaleur et les matériaux qu’il libère ?

Une mobilisation d’instruments, de la Terre à l’espace

La suite après cette publicité

Ce qui frappe autour de ce passage, c’est l’ampleur du suivi. Des télescopes au sol ont participé aux observations, tout comme des observatoires en orbite. Le télescope Hubble s’y est intéressé, au même titre que d’autres yeux tournés vers le cosmos, dont James-Webb.

Même certaines sondes et missions ont été mises à contribution. L’objet a ainsi été suivi par plusieurs instruments, y compris des sondes martiennes et la mission Juice, preuve que l’intérêt dépasse largement le cadre d’une simple curiosité de saison.

Ce n’est pas seulement l’idée d’un corps « venu d’ailleurs » qui attire. C’est aussi le fait qu’il ne s’agit que du troisième visiteur de ce type clairement identifié, après deux précédents qui avaient déjà déclenché de vives discussions : Oumuamua et Borisov.

La suite après cette publicité

Et c’est là que le calendrier compte. Plus l’objet se rapproche, plus la qualité des images et des mesures peut s’améliorer. Les équipes cherchent donc à exploiter chaque fenêtre d’observation, parfois étroite, parfois dépendante de la météo au sol, souvent contrainte par l’agenda déjà chargé des grands instruments spatiaux.

Comète interstellaire 2I/Borisov devant une galaxie spirale lointaine, image Hubble au fond étoilé
Quand Hubble suit la comète, l’arrière-plan se transforme… et l’objet ressort comme une signature.
Crédit : NASA/ESA, D. Jewitt (UCLA) via ESA/Hubble (CC BY 2.0)

Quand la chaleur réveille une comète

La suite après cette publicité

L’histoire récente de l’objet rappelle un mécanisme bien connu des astronomes : lorsqu’une comète s’approche du Soleil, la température monte, et l’activité cométaire peut grimper d’un coup. Fin octobre, 3I/Atlas est passé relativement près du Soleil, ce qui a déclenché une hausse d’activité liée à la chaleur.

Dans ces moments-là, des gaz s’échappent du cœur, et de la matière est projetée dans l’espace. C’est un comportement courant chez les comètes, mais il n’est jamais « banal » pour ceux qui l’étudient. Car ce que l’objet libère devient un indice, une sorte d’empreinte chimique et physique de ce qu’il transporte.

Ce détail que peu de gens connaissent, c’est que l’on ne regarde pas seulement « la comète », on étudie surtout tout ce qu’elle relâche. La lumière réfléchie par les particules, la forme de la chevelure, la manière dont l’activité évolue : tout cela aide à mieux cerner ce qui se passe à sa surface… et parfois sous sa surface.

À lire aussi

La suite après cette publicité
: Comète NEOWISE au-dessus des Trona Pinnacles, paysage désertique et ciel nocturne captés en longue pose
Un paysage brut, un ciel noir, et cette traînée lumineuse qui donne l’impression d’un visiteur de passage.
Crédit : RuggyBearLA / Matthew Dillon (CC BY 2.0)

Volcans de glace, poussières et une signature qui se dessine

La suite après cette publicité

Les observations ont déjà permis d’avancer sur plusieurs points. L’objet serait recouvert en partie de volcans de glace, capables de libérer d’importantes quantités de particules. Ce type de phénomène contribue à nourrir la chevelure et à alimenter les structures visibles autour du noyau.

Les images prises tout au long de son voyage montrent aussi des éléments visuels caractéristiques. On parle notamment de poussières, expulsées puis étirées par le mouvement, et de différentes composantes qui finissent par dessiner des formes parfois très nettes.

Ce qui fascine, c’est que l’objet reste malgré tout « encore mal connu ». On l’observe, on le suit, on compare les images, mais beaucoup d’éléments essentiels restent à préciser. Et plus on approche du moment clé, plus la communauté espère réduire ces zones d’ombre.

La suite après cette publicité
Comète interstellaire 2I/Borisov et sa chevelure diffuse, illustration Hubble pour évoquer sa composition
Un simple halo autour du noyau suffit à lancer une chasse aux indices sur la composition de l’objet.
Crédit : NASA/ESA, K. Meech, D. Jewitt via ESA/Hubble (CC BY 2.0)

Deux queues bien distinctes, et un détail qui intrigue

Parmi les éléments les plus parlants sur les images, il y a la présence de deux queues. La première est constituée de molécules gazeuses éjectées lors du déplacement. La seconde est une queue ionique, faite d’ions chargés en énergie, et qui pointe toujours à l’opposé du Soleil.

La suite après cette publicité

Ce double aspect n’est pas qu’un joli effet photographique. Il raconte quelque chose sur ce qui est libéré, sur la façon dont le vent solaire interagit avec la matière, et sur l’évolution de l’activité au fil de la trajectoire.

Certaines images ont aussi attiré l’attention sur une structure spectaculaire, qualifiée d’anti-queue. Ce genre de détail, visible dans certaines configurations, renforce l’impression que l’objet « se révèle » peu à peu, mais sans livrer une histoire complète.

Et c’est là tout l’enjeu : observer plus, comparer mieux, et espérer que le rapprochement apporte ce que les images lointaines ne permettent pas encore.

La suite après cette publicité
Comète NEOWISE au-dessus d’Odessa à l’aube, longue pose montrant la queue sur un ciel d’été en Ukraine
Le spectacle est fugace, mais une longue pose suffit à révéler la traîne et la finesse du phénomène.
Crédit : Andrey Nikolenko (CC BY-SA 4.0)

Ce que les astronomes espèrent enfin comprendre

Malgré les nombreuses observations, il reste des inconnues très concrètes. Les scientifiques espèrent que le passage près de la Terre apportera des indices sur des caractéristiques essentielles, à commencer par la taille et la forme. La provenance exacte, elle aussi, demeure une question ouverte dans les informations disponibles.

La suite après cette publicité

Chaque image, chaque mesure, chaque série d’observations sert à consolider des hypothèses, mais aussi à écarter des interprétations trop rapides. Dans ce type de dossier, l’enthousiasme du public va souvent plus vite que la science, alors même que l’objet, lui, ne fait que passer.

Enfin, ce passage s’inscrit aussi dans une perspective plus large : l’espoir de détecter, dans un futur proche, bien d’autres visiteurs de ce type. Dans ce domaine, l’observatoire Vera C. Rubin est évoqué comme un allié majeur pour les recherches à venir.

Et si vous vous demandiez quand se joue le moment le plus attendu par les observatoires, c’est précisément là que la date tombe : 3I/Atlas sera au plus proche de la Terre le 19 décembre 2025, à environ 270 millions de kilomètres, un passage trop lointain pour l’œil nu, mais suffisamment proche pour mobiliser une grande partie des observatoires.

La suite après cette publicité