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Il vole un vélo à 17 ans… 12 ans plus tard, il est toujours en prison et n’est pas prêt d’en sortir

Publié par Nicolas F le 20 Avr 2019 à 14:23
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Certains diront encore que la justice peut parfois faire preuve d’injustice. Comment se fait-il que des meurtriers courent les rues, à cause d’un vice de procédure, mais que des jeunes petits délinquants purgent des peines disproportionnées ? Wayne Bell paie encore aujourd’hui pour un acte commis il y a 12 ans, alors qu’il n’avait que 17 ans. En 2007, il a été condamné à de la prison ferme pour avoir volé un vélo ! Pourquoi ce jeune, encore mineur à l’époque, est-il encore en prison aujourd’hui, totalisant une peine d’emprisonnement plus longue que celle de certains agresseurs ? Regardez la vidéo pour comprendre.

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Il a frappé un homme et lui a volé son vélo

En 2007, Wayne Bell a appris la terrible sentence, il venait d’être condamné à 4 ans de prison. Ce jugement est tombé après son procès pour avoir frappé un jeune et lui avoir volé son vélo. Pas de chance pour lui, un contrôle de police l’a rapidement arrêté et l’a directement envoyé au tribunal. À cette époque, le Royaume-Uni venait de créer un nouveau type de condamnation, mise en place par le ministre de l’Intérieur David Blunkett. Les juges, les magistrats et tout le système judiciaire britannique, essayaient encore d’appréhender les IPP (les peines d’emprisonnement pour la protection publique) au moment où Wayne a été jugé. Le but de ce nouveau type de condamnations était de donner de petites peines d’emprisonnement, permettant d’isoler les personnes dangereuses, qui seraient réévaluées par un comité de probation, qui lui-même déciderait de la suite de la peine. Il s’agit de peines à durées indéterminées, pouvant aller de quelques années à des peines à vie, pour ceux qui n’arriveraient pas à prouver leur bon comportement lors des évaluations.

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Un nouveau type de peines a provoqué le chaos dans le système judiciaire britannique

La Cour de Manchester, qui rodait encore ce système, a condamné Wayne Bell à une peine équivalente à celle d’un IPP pour mineur, d’une durée de 4 ans. Malheureusement, au bout des 4 ans, comme bon nombre de détenus qui se présentaient devant le comité de probation, il ne présentait pas les conditions nécessaires à une remise de peine. Celle-ci a donc été prolongée jusqu’à l’évaluation suivante, soit des années plus tard. C’est ainsi que Wayne Bell, dont le comportement en prison a posé problème, s’est vu doubler puis tripler sa peine. Le cercle vicieux étant déclenché, son comportement s’est empiré, et il a été impliqué dans des bagarres, notamment pour un rouleau de papier toilettes, ce qui n’a pas arrangé son cas. Entre 2005 et 2012, plus de 8 700 peines d’IPP ont été prononcées, ce qui a eu pour effet de faire croitre la population carcérale au Royaume-Uni de façon considérable.

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La Cour européenne fait annuler ce type de peines contraire aux Droits de l’homme

Ces condamnations ont eu pour effet désastreux d’accorder des remises de peine à des violeurs ou des gens dangereux dont le comportement a été jugé comme exemplaire en prison. Et à contrario, des petits voleurs comme Wayne Bell, qui ont été embrigadés dans le cercle vicieux de la délinquance en prison, se voient emprisonnés pour des décennies. Les IPP ont été abolies en 2012, par demande de la Cour européenne qui a jugé ces condamnations comme étant une atteinte grave aux Droits de l’homme. En sept ans, les IPP ont causé beaucoup de tort au système judiciaire britannique. L’abolition de ces condamnations n’a pas d’effet rétroactif, ce qui veut dire que ceux qui ont reçu une condamnation d’IPP doivent toujours purger leur peine. Ils sont encore 2 489 prisonniers au Royaume-Uni à purger une peine d’IPP, c’est-à-dire, qu’ils n’ont toujours pas réussi à convaincre le comité de probation de leur comportement irréprochable. Le cas de Wayne Bell est d’autant plus particulier, qu’il était mineur lors de sa condamnation.

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12 ans plus tard, il est toujours en prison

Lorsqu’il a des contacts avec ses parents, Wayne explique combien il se sent misérable. Il n’a jamais connu l’amour et souhaite lui aussi tomber amoureux. Son père se bat calmement mais perd espoir face à cette administration qui ne veut pas l’entendre. « Wayne a vu des meurtriers et des violeurs entrer et sortir de prison. Il a seulement frappé un homme et pris son vélo. La condamnation ne vaut pas son crime. Il n’a jamais eu de petite amie. Il n’a jamais réellement eu de vie. Tous ses amis sont mariés et ont des enfants maintenant. » Carl se souvient de Wayne, qui jusqu’à ses 14 ans était un garçon sage qui apprenait la trompette et voulait devenir mécanicien. À l’adolescence, il a traversé une période un peu turbulente, a été renvoyé de son école et a intégré un nouvel établissement où il s’est fait de mauvaises connaissances. Ses mauvaises fréquentations l’ont poussé à voler un vélo et aujourd’hui, il en paie encore le prix.

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Crédits : Manchester Evening News, RAVEENDRAN/GETTY, FREDERICK FLORIN/AFP

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