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À 88 ans, Claude Lelouch s’installe à Trouville et ouvre son « Ciné-Bistrot » : une nouvelle vie face à la mer

Publié par Killian Ravon le 03 Nov 2025 à 22:30

À l’occasion de ses 88 ans, Claude Lelouch a tourné une page très personnelle. Le cinéaste s’éloigne de Paris pour vivre plus souvent en Normandie, à Trouville-sur-Mer, où il vient d’inaugurer un Ciné-Bistrot à son nom. Un lieu hybride, cosy et intimiste. Pensé comme un salon avec une trentaine de places et une carte simple, où l’on dîne et l’on regarde des films culte, en présence d’invités.

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Claude Lelouch souriant à la Cinémathèque française, plan poitrine, novembre 2024, éclairage d’intérieur en soirée.
Simon Lelouch, Michel Boujenah et Claude Lelouch 2024. ManoSolo13241324 / Wikimedia Commons (CC0)

Le 30 octobre, pour son anniversaire, il a coupé le ruban de ce nouvel écrin entouré de Jean Dujardin et Elsa Zylberstein, parrains de l’établissement. Entre une santé mieux préservée par le climat normand et un rêve de gosse enfin concrétisé, le réalisateur d’« Un homme et une femme » se donne un nouveau terrain de jeu… et promet de passer souvent « une tête ».

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Un anniversaire en forme de première : le « Ciné-Bistrot » ouvre ses portes

Ce 30 octobre, date symbolique, Claude Lelouch a célébré son anniversaire en dévoilant un lieu dont il rêvait « depuis toujours ». Sur son compte Instagram, il évoque un espace « à la fois restaurant et salle de cinéma intimiste », imaginé pour rire, s’émouvoir et redécouvrir les plus beaux films du monde autour d’un verre. L’esprit est volontairement chaleureux, presque domestique, à quelques mètres de la digue de Trouville immortalisée en 1966 par Un homme et une femme. Le clin d’œil n’est pas fortuit : ici, on traverse la ville mais aussi une part de sa filmographie. L’inauguration a pris des airs de réunion de famille, menée par deux complices de « Un + Une », Jean Dujardin et Elsa Zylberstein, qui accompagnent le projet comme parrains.

L’ambiance de ce « salon de poche » s’est rapidement imposée. Le directeur, Alexis Chermant, parle d’un des plus petits cinémas de France, environ trente places, des sièges pivotants, un écran et un son dernier cri : le confort d’un salon, la précision d’une cabine pro. Une promesse qui séduit déjà les curieux et réveille un certain romantisme du cinéma de proximité. Mais saviez-vous que l’idée couvait depuis des années ? Lelouch a repéré le bâtiment abandonné bien avant sa métamorphose et s’est porté acquéreur face à d’autres candidats, avant d’agrandir et d’isoler le lieu pour le transformer en studio-refuge.

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La grande plage de Trouville avec promeneurs et cabines, large horizon sur la Manche et façades du front de mer en lumière d’hiver.
La plage de Trouville, décor cher au réalisateur.
Crédit : Barnay — Wikimedia Commons

« J’essaie de partager mon amour du cinéma » : un programme maison et des avant-premières

Dès l’ouverture, le ton est donné : pendant les deux premiers jours, la salle programme des titres phares de Claude Lelouch, dont Itinéraire d’un enfant gâté et L’aventure c’est l’aventure. Une manière de poser la signature, puis d’ouvrir très vite la porte à d’autres œuvres. Le maître de maison l’assure : les nouvelles technologies ont permis de remastériser les grands classiques, et ce patrimoine mérite d’être vu dans les meilleures conditions. Dans son esprit, l’histoire du cinéma a retenu environ 1 300 films ; l’objectif est d’en faire circuler la magie ici, en alternant chefs-d’œuvre et « films de demain ».

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Le lieu veut aussi fonctionner comme un laboratoire. Des metteurs en scène seront invités à venir présenter un coup de cœur ou une avant-première, une fois par mois au moins, avec la participation du public. On imagine déjà ces soirées conversationnelles, où l’on prolonge la séance jusqu’au bar pour refaire le film. Ce détail que peu de gens connaissent : le soir de l’ouverture, Lelouch a montré huit minutes de son prochain long-métrage – « un brouillon », prévient-il, où musique et images restent « provisoires ». Le geste dit tout : partager un travail en cours comme on confie un secret d’atelier.ù

Les Planches de Deauville sous ciel clair, perspective sur le front de mer et les cabines emblématiques baignées de lumière.
: Les Planches, à deux pas de Trouville.
Crédit : nigelb — Wikimedia Commons

Une salle qui devient studio : l’endroit où Lelouch veut travailler

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Le « Ciné-Bistrot » n’est pas qu’une vitrine. Techniquement, le lieu est insonorisé « comme un studio ». Lelouch y voit son nouveau bureau : monter, mixer, expérimenter au calme, loin du tumulte parisien. L’idée lui ressemble : retrouver la pulsation de l’artisanat en gardant la proximité avec le public. C’est cette dialectique – laboratoire et salle – qui fait le charme du projet. Elle renvoie à la manière de filmer du cinéaste, souvent au plus près des visages, dans un geste mobile, qui tolère l’imprévu pour attraper la vérité d’un instant.

Le quotidien n’est pas oublié : on y sert des beignets, des tortillas, des clubs sandwiches, des salades et des planches à partager, de quoi accompagner un verre avant la séance. Une restauration simple et conviviale, en adéquation avec la taille du lieu et sa promesse d’intimité. Le pari n’est pas de rivaliser avec une brasserie, mais d’accorder la table et l’écran pour créer ce moment si particulier où la discussion prolonge le film.

Salle de cinéma contemporaine aux sièges vides face à un grand écran, ambiance bleutée et murs texturés éclairés.
Une salle intime comme au Ciné-Bistrot.
Crédit : Derks24 — Pixabay
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Quitter Paris sans rompre avec elle : la Normandie comme ancrage

« Le climat normand, c’est bon pour ma santé », confie Claude Lelouch, qui dit ne plus vouloir partir loin. Dans les faits, il réorganise son temps : Paris le mardi et le mercredi, le reste à Trouville. Le cinéaste se rapproche de ses plages d’enfance, là où il dit avoir appris à marcher. On y lit un simple aménagement de vie, mais aussi une fidélité : celle d’un artiste qui continue de travailler, d’accueillir, de projeter – tout en s’offrant un air marin plus clément.

Ce n’est ni un adieu à la capitale ni une retraite. Au contraire : le projet témoigne d’une énergie intacte. Lelouch, époux de la romancière Valérie Perrin, revendique cet appétit : « On n’a rien trouvé de mieux pour rêver », glisse-t-il. Et le « Ciné-Bistrot » condense cette appétence du rêve en un lieu concret, identifiable, fréquentable, où l’on respire la mer avant d’éteindre les lumières.

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Rangées de fauteuils rouges dans une salle faiblement éclairée, point de fuite centré vers l’écran, ambiance feutrée.
L’appel de la projection.
Crédit : Elijah Flores — Unsplash via Wikimedia

Des racines à Trouville : une maison, un décor, une mémoire

La côte Fleurie irrigue l’œuvre de Lelouch, et Trouville-Deauville en sont la boussole. La digue, les planches, les cabines : tout un vocabulaire d’images auquel le Ciné-Bistrot répond comme un contrechamp. En s’installant plus durablement ici, le cinéaste relie ses histoires à ses lieux. On comprend mieux pourquoi ce bâtiment repéré « à vendre » il y a des années l’a obsédé. Il fallait réhabiliter, agrandir, aménager. Et revenir.

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Le choix de Trouville-sur-Mer a aussi un sens de transmission. À l’heure où la consommation de films se fait massivement en ligne, ce mini-cinéma rassemble autour d’un écran commun. Remastériser les classiques, inviter des acteurs et réalisateurs à présenter leurs films, programmer des coups de cœur : l’ambition est pédagogique et ludique, sans nostalgie. C’est le goût de la salle qui parle.

Promenade en bois des Planches à Deauville au coucher du soleil, reflets dorés sur les lattes face à la mer et au front de plage.
Coucher de soleil à quelques minutes du Ciné-Bistrot.
Crédit : Philippe Roudaut — Wikimedia (CC BY 4.0).

Ce que promet la programmation : patrimoine, curiosités et coups de cœur

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Si la séquence d’ouverture met en avant son propre cinéma, la vocation est claire : ouvrir. Lelouch évalue à une dizaine le nombre de films par an qui entrent durablement dans l’histoire du cinéma. C’est ce tronc commun de 1 300 œuvres environ qu’il veut faire tourner « ici ». L’équipecinq personnes autour d’Alexis Chermant – prévoit un rythme régulier, rencontres publiques à l’appui. Et dans le confort d’une salle ultra-intime, la conversation est presque garantie à la sortie. On voit déjà le public se prêter au jeu, entre anecdotes de tournage et mémoire des scènes.

La cuisine, l’écran… et le retour à l’envie

Le menu du Ciné-Bistrot dit beaucoup du projet : rien d’ostentatoire, mais des plats simples, efficaces, partageables. Le moment n’est pas au gastro, il est à la bulle que forme la salle quand le générique s’allume. C’est une façon de rappeler que le cinéma, chez Lelouch, est d’abord un art du lien. On vient, on voit, on parle. Et si la carte semble modeste, elle laisse de la place à l’essentiel : l’écran et l’histoire.

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Ce qui frappe, c’est la continuité. À 88 ans, Lelouch n’archive rien : il ajoute un chapitre. Il réinvente un petit cinéma de quartier au pied des vagues, qu’il peut habiter au quotidien. À l’heure des plateformes, cette proposition a quelque chose d’irrésistible. Et ce n’est pas un hasard si l’inauguration s’est terminée par des images inédites : l’avenir est déjà en montage, sur place.

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Que retenir ?

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Au-delà de l’adresse normande et du bistrot chaleureux, la vraie bascule est ailleurs : Claude Lelouch transforme ce Ciné-Bistrot en atelier vivant, son nouveau lieu de travail. C’est là, à Trouville, qu’il montera et mixera ses prochains films… avant, parfois, de les montrer en avant-première au public installé à quelques mètres.

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1 commentaire

  • R
    Regis
    04/11/2025 à 22:57
    Très belle idées, respect Mr Lellouche et bon vent. Cordialement

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