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Livret A en chute libre : « décollecte » record et ruée vers l’assurance vie depuis la baisse à 1,7 %

Publié par Killian Ravon le 23 Oct 2025 à 23:41

Les chiffres publiés ce mardi 21 octobre par la Caisse des dépôts sonnent comme un avertissement : en septembre, les Français ont retiré près de 2 milliards d’euros de plus qu’ils n’ont déposé sur leurs Livrets A. En cause, la rémunération passée à 1,7 % au 1ᵉʳ août après deux baisses successives cette année.

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Livret A rouge sur un bureau, à côté d’un contrat d’assurance vie, d’une calculatrice et d’un stylo, illustrant 2025.

Résultat : l’assurance vie capte l’attention, et surtout l’épargne, avec des rendements moyens autour de 2,6 % sur les fonds en euros, selon l’ACPR.

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Façade historique de la Caisse des dépôts, quai Anatole-France à Paris, bâtiment central de la gestion du Livret A et des fonds réglementés.
Siège parisien de la Caisse des dépôts, cœur des dépôts du Livret A.
Crédit : Dinkum / CC0.
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Une « décollecte » qui tranche avec la routine des dépôts

En septembre, la Caisse des dépôts observe une décollecte nette de 1,95 milliard d’euros sur le Livret A. Concrètement, les retraits ont dépassé les dépôts, phénomène déjà aperçu en juillet mais dans des proportions bien moindres : 70 millions d’euros à l’époque. Ce décrochage s’inscrit dans une séquence très lisible : un taux de 3 % encore en début d’année 2025, ramené à 2,4 % au 1ᵉʳ février, puis à 1,7 % au 1ᵉʳ août. Avec ce rendement diminué, le Livret A a perdu de son attrait immédiat, notamment pour les ménages qui y plaçaient une épargne de précaution « qui rapporte ».

L’effet n’épargne pas le LDDS. Aux caractéristiques proches du Livret A, il subit lui aussi des retraits supérieurs aux dépôts, à hauteur de 760 millions d’euros en septembre. Au total, l’encours cumulé Livret A + LDDS ressort à 606,8 milliards d’euros fin septembre, contre 609,5 milliards un mois plus tôt. Un repli qui rappelle que les arbitrages des épargnants peuvent être rapides quand la rémunération fléchit.

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Le cadre bouleversé par le prélèvement à la source… et par les taux

La Caisse des dépôts souligne qu’il s’agit du recul le plus marqué depuis la mise en œuvre du prélèvement à la source en 2019, réforme qui avait déjà modifié la saisonnalité des dépôts. À l’époque, les versements sur livrets avaient changé de rythme au fil des mois ; aujourd’hui, c’est le niveau du taux de 1,7 % qui rebat les cartes.

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On l’oublie souvent, mais la mécanique du Livret A est simple : une rémunération nette d’impôts, encadrée par l’État, indexée sur des paramètres macroéconomiques. Quand ces paramètres reculent, le rendement suit. Mais saviez-vous que cette baisse peut provoquer des effets en chaîne très visibles sur les flux mensuels ? Les ménages qui se satisfaisaient des 3 % basculent plus vite vers d’autres enveloppes lorsque le rendement s’érode. Le glissement à 2,4 %, puis 1,7 %, a ainsi accéléré des arbitrages qui, en d’autres temps, auraient peut-être été plus progressifs.

Agence de la Banque de France place de la Bastille, un repère institutionnel pour la régulation monétaire et les taux d’épargne.
Une agence de la Banque de France place de la Bastille.
Crédit : Boubloub / CC0.

Assurance vie : les fonds en euros redeviennent la valeur refuge

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Face à ce Livret A en net retrait, l’assurance vie retrouve de l’élan. Les fonds en euros affichent un taux moyen de 2,6 % depuis janvier, selon l’ACPR (adossée à la Banque de France). Le détail n’est pas anodin : contrairement au Livret A, ce rendement n’est pas net d’impôts. Il est soumis à la fiscalité propre à l’assurance vie, qui dépend notamment de l’ancienneté du contrat et des options choisies. Cela n’empêche pas l’épargne d’y affluer, signe qu’un différentiel de rémunération, même « brut », peut suffire à déclencher le mouvement.

Ce retour en grâce s’explique aussi par le caractère protecteur des fonds en euros : capital garanti par l’assureur et rendement servi chaque année. En période de taux plus apaisés et d’inflation modérée, beaucoup d’épargnants voient dans l’assurance vie une solution équilibrée pour replacer une partie de leur trésorerie. Ce détail que peu de gens connaissent : même lorsque le Livret A est en haut de cycle, le total placé en assurance vie pèse bien davantage dans le patrimoine financier des Français. Fin septembre, les livrets réglementés cumulaient 606,8 milliards d’euros d’encours, quand l’assurance vie reste au-delà de 2 000 milliards d’euros.

Vue d’ensemble du site de la Caisse des dépôts quai Anatole-France, façade haussmannienne et drapeaux tricolores.
Le site emblématique de la CDC sur la rive gauche.
Crédit : Celette / CC BY-SA 4.0.
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LEP : un coussin qui résiste… mais qui s’amenuise

Dans ce paysage, le Livret d’épargne populaire (LEP) joue son rôle de produit protecteur pour les ménages modestes. En septembre, son encours a gonflé de 110 millions d’euros, pour atteindre 80,7 milliards. Le nombre de LEP, lui, a franchi la barre des 12 millions avant de refluer à 11,8 millions fin juillet, les fermetures au printemps ayant été nombreuses pour des détenteurs ayant dépassé le plafond de ressources.

Ce reflux mécanique pèse désormais sur l’encours : depuis le 31 décembre 2024, le LEP accuse une baisse d’environ 1,5 milliard d’euros. Les livrets clôturés n’ont pas été entièrement remplacés par de nouvelles ouvertures, et encore moins avec des montants équivalents. Ici, la nuance est importante : le LEP demeure un placement performant pour son public cible, mais ses volumes peuvent évoluer à la baisse indépendamment de son taux si les critères d’éligibilité resserrent l’accès.

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Pourquoi la baisse à 1,7 % change vraiment la donne

En apparence, une rémunération de 1,7 % peut sembler encore acceptable pour une épargne disponible à tout moment. Pourtant, c’est bien la tendance qui compte : partir de 3 % en début d’année 2025, descendre à 2,4 %, puis s’établir à 1,7 % en plein été, c’est rompre un cycle de confiance qui faisait du Livret A un réflexe quasi-automatique. Avec un horizon de fin d’année, la comparaison avec une assurance vie à 2,6 % sur des fonds en euros devient décisive, même en tenant compte de la fiscalité.

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Ce mouvement est d’autant plus marqué que l’encours Livret A + LDDS restait massif il y a encore quelques mois. Les épargnants qui détiennent les deux produits peuvent être tentés d’opérer des arbitrages simples : conserver un matelas de sécurité minimal sur le Livret A et transférer le surplus sur une enveloppe jugée plus rentable, sans pour autant s’exposer aux marchés. On comprend mieux, dès lors, comment septembre a pu se solder par 1,95 milliard d’euros de retraits nets.

Détail de la grille et des façades de la Banque de France, carrefour Raspail/Sèvres à Paris.
Détail de façade : la Banque de France au cœur de Paris.
Crédit : Polymagou / CC BY-SA 4.0.
Immeuble de la Caisse des dépôts rue du Bac, inscrit aux monuments historiques, dans le 7ᵉ arrondissement de Paris.
Rue du Bac : l’autre visage de la Caisse des dépôts.
Crédit : Thesupermat / CC BY-SA 3.0.
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Ce que disent les chiffres… et ce qu’ils suggèrent pour la suite

Un point clé ressort : les masses financières en jeu restent considérables. 606,8 milliards d’euros sur Livret A + LDDS, 80,7 milliards sur le LEP, plus de 2 000 milliards du côté de l’assurance vie. Cela signifie que chaque ajustement de taux déclenche des mouvements à la fois rapides et visibles. La Banque de France et l’ACPR suivent d’ailleurs de près ces bascules, car elles impactent la structure d’ensemble de l’épargne des ménages.

Pour l’heure, l’information essentielle tient en quelques repères : un taux de 1,7 % sur le Livret A depuis le 1ᵉʳ août, une décollecte inédite depuis 2019 selon la Caisse des dépôts, un LDDS dans le même sillage, un LEP qui progresse en septembre mais dont l’encours s’érode depuis les fermetures du printemps, et des fonds en euros d’assurance vie qui affichent 2,6 % en moyenne. En septembre, au cœur de la rentrée, ces marqueurs suffisent à expliquer l’arbitrage massif. La période de fin d’année pourrait prolonger ces tendances, avec des ménages qui finalisent leurs placements avant le virage fiscal de janvier.

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Et la révélation principale ? Derrière le coup d’arrêt du Livret A et le retour en grâce de l’assurance vie, c’est le LEP qui raconte la bascule la plus silencieuse : malgré une hausse d’encours de 110 millions d’euros en septembre, il a perdu 1,5 milliard d’euros depuis le 31 décembre 2024 du fait des nombreuses fermetures du printemps — un paradoxe discret que peu d’observateurs soulignent.

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