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Scandale Perrier : Vers la fin de la commercialisation de la célèbre eau gazeuse ?

Publié par Elodie GD le 25 Sep 2025 à 6:26

Dénoncées par UFC-Que Choisir et contrôlées à tour bras par les administrations sanitaires, les usines Nestlé du Gard continuent pourtant de produire et commercialiser l’eau Perrier.

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« Eau minérale naturelle » : Une appellation erronée

Bientôt la fin du Perrier-citron ? Si pour les consommateurs, l’arrêt de la commercialisation, voire la production de Perrier ne tient (presque) qu’à cela, le combat d’UFC-Que Choisir est plus complexe. Au cours des dernières années, les eaux de la multinationale suisse Nestlé ont été pointées du doigt à diverses reprises, notamment son produit phare : l’eau Perrier. La raison ? Des manquements aux règles sanitaires en vigueur et des tromperies supposées concernant la qualité réelle de l’eau.

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De fait, l’association de consommateurs demande le retrait temporaire des bouteilles Perrier actuellement commercialisées, leur rappel, ainsi que la suspension de l’appellation « eau minérale naturelle ». Une mention qui n’aurait rien d’exacte si l’on se fie aux trouvailles des cellules d’investigation du Monde et de Radio France.

Fortes de preuves solides qui remettent en cause la qualité de l’eau, elles sont parvenues à des conclusions qui ont poussé la préfecture du Gard à ne pas renouveler la nouvelle autorisation d’exploiter, déposée le 4 juillet dernier. Satisfait de cette décision, Alexis Macchetto, l’avocat d’UFC-Que Choisir évoque une « fraude massive mais également à de possibles risques sanitaires ».

Des contaminations bactériologiques détectées sur les sites de productions

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Bien décidée à sauver l’une de ses marques phares, Nestlé conteste les différentes accusations et affirme que l’eau est toujours « pure à la source », comme l’impose la règlementation. Or, de multiples expertises remettent en cause ces affirmations. Déjà en octobre 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) évoquait une « contamination régulière des eaux brutes » et un « niveau de confiance insuffisant » dans la qualité sanitaire des produits. Selon France Bleu, elle indiquait alors que les contaminations bactériologiques détectées sur les sites de production d’eau minérale naturelle du groupe « ne devraient plus conduire à la production d’eaux embouteillées ».

Un avis qu’approuvent des hydrogéologues agréés par le ministère de la Santé et dépêchés sur les lieux par l’agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie. Après analyses, ils concluent que les puits exploités par le groupe Nestlé et situés sur le site de Vergèze (Gard) ont perdu leur pureté originelle.

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Ils évoquent une « vulnérabilité avérée » des captages, avec des contaminations microbiologiques « régulièrement détectées » sur les dix années de données examinées. Autant d’éléments qui soutiennent la requête d’UFC-Que Choisir.

Le problème de la microfiltration

Autre zone d’ombre : la présence de microfiltration dans l’usine. Nestlé affirme toutefois que le dispositif n’a « en aucun cas pour objet de corriger une insuffisance de qualité initiale ». L’eau minérale devant être « pure », la règlementation exclut tout traitement de désinfection… Or, cette fois encore, les constats des autorités sanitaires sont sans équivoque. « La pureté originelle de la ressource n’a pas été préservée », déplore Jérôme Bonet, le préfet du Gard.

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Même face aux preuves, Nestlé tient bon et remet en doute l’honnêteté de l’association de consommateurs. « L’action de l’UFC-Que Choisir n’a aujourd’hui plus rien à voir avec son assignation : celle-ci concernait la technologie de microfiltration à 0,2 µm alors que le débat porte désormais sur une autre technologie dite à 0,45 µm », écrit-elle.

Ce à quoi Me Alexis Macchetto répond : « Nestlé essaie de détourner l’attention : le problème ne tient pas à la taille des filtres, mais à leur usage. Ils servent à désinfecter une eau brute polluée, ce qui est strictement interdit. Résultat : les consommateurs achètent aujourd’hui des bouteilles de Perrier présentées comme des eaux minérales naturelles, alors qu’elles ne répondent plus à cette définition. L’entreprise n’a jamais prouvé que ces traitements étaient conformes à la réglementation, et n’a d’ailleurs jamais obtenu l’autorisation préfectorale pour les mettre en œuvre ».

Vers la fin des eaux Nestlé ?
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Malgré tout, la multinationale refuse d’aller dans le sens d’UFC-Que Choisir et affirme que l’association ne dispose « d’aucune preuve ni d’aucun élément concret pour étayer » un quelconque « dommage imminent pour les consommateurs ». Nestlé refuse de répondre aux demandes persistantes et indique « qu’aucune administration spécialisée ou autorité n’a jamais considéré qu’il existait le moindre risque avec les produits Perrier ni, a fortiori, qu’il faudrait arrêter la commercialisation des produits Perrier, comme l’UFC-Que choisir le réclame aujourd’hui ».

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Des consommateurs laissés dans l’ignorance

Malgré tout, les contaminations persistent, quand bien même la multinationale soutient que « de janvier à avril 2025, aucune bactérie pathogène n’a été identifiée, confortant la sécurité sanitaire et la pureté des eaux concernées ». Un fait contredit par une récente information de Radio France : en mai dernier, près de 300 000 bouteilles ont dû être détruites après une contamination par des bactéries pathogènes de l’intestin. Un incident que l’entreprise prend, contre toute attente, en exemple pour prouver que « les contrôles fonctionnent »

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Par ailleurs, elle indique avoir retiré de ses usines des filtres à charbon et des lampes UV pour les remplacer par un système de microfiltration, qu’elle estime être une solution conforme. En 2022, la cellule d’investigation constatait que la microfiltration venait en complément d’autres traitements.

À ce sujet, Me Alexis Macchetto précise : « Le retrait du charbon actif et des UV en 2023 n’a pas renforcé la sécurité sanitaire : il l’a au contraire affaiblie, en diminuant la capacité de protection de l’eau. Et au début du mois de juillet dernier, Nestlé a remplacé, sans y être d’ailleurs autorisée par une décision préfectorale, la microfiltration à 0,2 µm par des filtres moins efficaces encore à 0,45 µm. La sécurisation de la qualité des eaux s’est donc naturellement encore dégradée ».

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Contrainte de faire le point sur la situation des usines avec les consommateurs, Nestlé a lancé « un plan d’information » élaboré avec la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Ce plan a abouti à la publication de messages dans la presse nationale et dans plus de 6 000 points de vente précisant que les bouteilles d’eau Perrier « comportent la dénomination Eau minérale naturelle alors qu’elles sont susceptibles de ne pas en constituer ».

Une communication peu suffisante, selon UFC-Que Choisir, que chaque consommateur n’ait pas été informé, alors même que « 78 millions de bouteilles sont actuellement en circulation, et que l’on décompte en France plus de 100.000 commerces au détail alimentaires sans compter les hôtels, restaurants, cafés ». « L’existence d’un risque sanitaire a été souligné par de nombreuses administrations. Nous ne devons pas attendre une affaire Perrier comparable à celle survenue en Espagne en 2016, où plus de 4 000 personnes avaient été rendues malades par une eau en bouteille contaminée », conclut Me Alexis Macchetto.

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