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Comment de la viande de requin potentiellement toxique s’est glissée dans nos assiettes

Publié par Killian Ravon le 16 Oct 2025 à 16:03

Dans les rayons comme chez certains restaurateurs, des morceaux présentés comme des filets blancs à chair ferme circulent sous des noms courants et rassurants. Le plus connu est la “saumonette”, une appellation générique qui masque souvent de la viande de requin.

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Comptoir de poissonnerie avec filets blancs étiquetés « saumonette » posés sur glace, main de client floue au premier plan.

Pour le consommateur, rien ne distingue à l’œil nu un pavé bien glacé d’un autre. Pourtant, derrière ces étiquettes parfois floues, une question majeure se pose en Suisse comme ailleurs en Europe : que mange-t-on réellement, et à quel risque s’expose-t-on en termes de toxicité ?

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Le vrai problème n’est pas le goût, c’est le méthylmercure

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Les requins occupent le sommet de la chaîne alimentaire. Ils accumulent au fil du temps des contaminants présents dans l’océan, et particulièrement du méthylmercure, une forme organique du mercure. Ce neurotoxique peut poser problème pour la santé humaine en cas d’exposition trop élevée, notamment chez les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les personnes consommant fréquemment de gros poissons prédateurs. Ici, le sujet n’est donc pas gastronomique. Il est sanitaire.

Étals de poissons sur glace en supermarché, vue large des bacs réfrigérés.
Rayon de poissonnerie avec filets et étiquettes, prise de vue en grande distribution. Crédit : Thomon / CC BY-SA 4.0.

Pourquoi on en trouve quand même au menu

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La chaîne d’approvisionnement des produits de la mer est mondiale. Les morceaux de requin bleu, de requin-hâ ou d’autres espèces circulent légalement, parfois transformés, parfois étiquetés de façon peu explicite au détail. Dans certains cas, le nom scientifique n’apparaît pas, l’origine reste approximative, et l’on se retrouve avec un filet dont la traçabilité est difficile à remonter. Résultat : la confiance du consommateur repose sur un étiquetage clair et sur le sérieux des contrôles.

Quand l’étiquette dit peu… le doute grandit

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En boutique ou en restauration, un même morceau peut être présenté sous plusieurs appellations. Le terme “saumonette”, longtemps banal, est emblématique de cette ambiguïté. Il dilue l’information essentielle : l’espèce exacte. Or c’est précisément cette donnée qui conditionne le niveau de risque lié au méthylmercure et, plus largement, à la durabilité de la pêche. Sans espèce, pas de repère fiable pour savoir quoi éviter, quoi limiter, quoi privilégier.

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Comment un consommateur peut se protéger

La première barrière reste la transparence. Demander l’espèce précise, l’origine, le type de pêche ou d’élevage, c’est redonner de la lisibilité à son assiette. En l’absence de réponse claire, mieux vaut reporter son achat. Autre réflexe utile : diversifier ses poissons et réduire la fréquence des espèces en haut de la chaîne alimentaire. Enfin, garder à l’esprit que l’on ne parle pas ici d’un “poisson dangereux par nature”, mais d’un risque d’accumulation qui se gère par la prudence et l’information.

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Comptoir de poissons et fruits de mer sur lit de glace, vue de face.
Comptoir de poisson frais en supermarché, filets et crustacés disposés sur glace. Crédit : Jane023 / CC BY-SA 4.0.

Le paradoxe écologique qui ne dit pas son nom

La présence de requins dans nos assiettes ne pose pas uniquement une question de santé publique. Elle soulève aussi un vrai dilemme écologique. Beaucoup d’espèces sont menacées ou vulnérables. La demande entretient des pêcheries qui, selon les zones et les méthodes, peuvent être controversées. À l’autre bout de la chaîne, le consommateur pense acheter un “poisson blanc” passe-partout. Mais c’est tout un écosystème que l’on met en tension lorsqu’on banalise la viande de requin sous un nom d’emprunt.

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Restaurants, traiteurs, cuisine maison : la même vigilance

À la maison, au supermarché, en poissonnerie, chez un traiteur ou au restaurant, les mêmes principes s’appliquent. L’information doit être disponible et compréhensible. Le professionnel doit pouvoir documenter l’espèce, l’origine et, si possible, la méthode de capture. En cuisine, rien ne justifie de choisir de la viande de requin lorsqu’une multitude d’alternatives existent, tout aussi savoureuses et avec un profil de risque souvent plus favorable.

Rougets sur glace au marché, étiquettes visibles.
Rougets alignés sur un étal de poissonnier, exemple de poisson bien identifié. Crédit : Wikimedia Commons / CC.
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Ce que rappelle l’affaire suisse

L’actualité récente en Suisse a mis un coup de projecteur sur un sujet souvent perçu comme lointain. Derrière des appellations génériques, des morceaux de requin se sont invités sur le marché intérieur, alors même que la question du méthylmercure et de la bonne information du public demeure. En clair, ce n’est pas une polémique à la marge. C’est un signal sur la façon dont nous achetons et étiquetons le poisson.

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Le rôle clé des autorités et des distributeurs

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Les autorités sanitaires et les distributeurs ont un levier majeur : clarifier l’étiquetage, renforcer les contrôles et décourager les appellations qui dissimulent l’espèce réelle. Plus la traçabilité est robuste, plus les consommateurs peuvent faire des choix éclairés. À l’inverse, laisser prospérer une opacité commerciale entretient un risque sanitaire et un flou éthique.

Ce que chacun peut faire dès aujourd’hui

Interroger le vendeur, lire les étiquettes au-delà du nom commercial, diversifier son poisson, limiter les espèces prédatrices, s’intéresser aux recommandations pour les publics sensibles. Ces gestes ne sont pas spectaculaires, mais ils réduisent l’exposition et font monter le niveau d’exigence vis-à-vis de l’offre. Plus les consommateurs demandent de la clarté, plus le marché se recalibre.

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Vue générale d’un comptoir de poissons en hypermarché.
Grand comptoir de poissons dans un hypermarché, vue d’ensemble sur les bacs. Crédit : Kolforn / CC BY-SA 4.0.

Ce que révèlent les contrôles et pourquoi ils comptent

Quand des contrôles ciblent la viande de requin, ils ne s’intéressent pas à la fraîcheur seulement. Les analyses portent surtout sur les contaminants comme le méthylmercure. Ces vérifications rappellent que l’étiquetage précis de l’espèce et de l’origine n’est pas un détail administratif, mais une condition pour évaluer le risque réel. Plus l’information est claire, plus il est possible de protéger la santé des publics sensibles et d’éclairer les choix des consommateurs.

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Poissons entiers sur glace, plan serré sur l’étal.
: Poissons sur glace au marché, scène générique pour illustrer l’achat de produits de la mer. Crédit : DenisDoukhan / Pixabay

“Saumonette” au menu : comment s’y retrouver sans se tromper

Face à une appellation générique comme “saumonette”, le meilleur réflexe reste de demander l’espèce exacte et, si possible, le mode de capture. Un professionnel capable d’indiquer un nom scientifique et une zone de pêche crédibilise sa filière et rassure sur la traçabilité. À l’inverse, lorsque les réponses restent floues, la prudence s’impose, d’autant que les requins sont des prédateurs où le mercure peut s’accumuler. Mieux vaut privilégier des poissons clairement identifiés et diversifier ses choix pour réduire l’exposition potentielle.

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Le point à retenir

Dans le cas suisse qui fait parler, la révélation tient en quelques mots : des analyses ont mis en évidence des niveaux de méthylmercure préoccupants dans des échantillons de viande de requin vendus sur le marché, preuve que des morceaux potentiellement toxiques peuvent bel et bien finir dans nos assiettes lorsque l’information n’est pas suffisamment précise et que l’appellation brouille les pistes.

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