Véronique Sanson, traumatisée par la rupture avec son premier amour, elle se confie
Parmi toutes les chanteuses françaises, Véronique Sanson a une place à part. En effet, ses admirateurs de la première heure sont capables d’identifier sa voix en une fraction de seconde. De plus, ses tubes n’ont pas pris une ride. Malgré sa santé fragile et les nombreux rebondissements, elle tient à faire le bilan de sa vie sentimentale. Ce qu’elle va raconter à propos du compositeur Michel Berger ne va laisser aucun de leurs fans communs indifférents.
Mélomanes de parents en filles
Une décennie avant le mandat du député René Sanson, son épouse Colette accouche de leur second enfant. À l’instar de Violaine, l’objectif est de lui trouver un prénom qui commence par la lettre V. De fait, durant la Seconde Guerre mondiale, les parents de la future chanteuse ont choisi le camp de la Résistance. Lors d’une énième mission, et malgré sa difficulté, ils ont eu un coup de foudre. Après quelques heures de concertation, ils choisissent d’appeler la petite dernière Véronique.
C’est l’évidence, dévoués à leurs deux progénitures, ils leur transmettent rapidement des valeurs de résilience et de partage. De l’avis de la sœur de Véronique Sanson, leurs parents étaient « extraordinaires, les plus gais, les plus cultivés, les plus drôles de la Terre ». Du côté de leur géniteur, un instinct de protection prend rapidement le dessus. « Pour lui, j’étais sa petite fille. Papa était très Père-la-pudeur. »
Passionnés par la musique, ils décident d’offrir à leurs filles des cours de piano. De son côté, déjà « faussaire » dans l’âme, Véronique Sanson reproduit à la perfection la signature de son père. Sauf qu’elle a oublié deux détails. D’abord, elle était « était horriblement difficile à imitier ». Ensuite, le directeur est un proche de la famille, donc il finit par tirer la sonnette d’alarme. Face à la pression, elle attérit dans un pensionnat en Écosse. Après une fugue, elle parvient à se raisonner et à décrocher un diplôme.
Quels sont les premiers succès de Véronique Sanson ?
Rien de tel que d’intégrer un groupe pour se faire un nom dans la grande famille de la musique ! C’est pourquoi, motivée par son aînée, Véronique Sanson se met au travail. De plus, François Bernheim, le futur mentor de Patricia Kass va les accompagner dans cette belle aventure. Baptisé Roche martin, le trio va attendre la majorité de la benjamine pour sortir un premier 45 tours.
À la fin des années 60, Véronique Sanson prend son envol. Encouragé par son prince charmant, le directeur artistique de sa maison de disque, elle enregistre le titre Amoureuse. Impossible de rester insensible face à la signature vocale de cette artiste. D’autant plus qu’elle ne peut compter sur le soutien de personne. Seule derrière son piano, elle envoûte les âmes.
Preuve de son succès de l’autre côté de l’Atlantique, la chanteuse Kiki Dee va acheter les droits de ce titre. Déjà culte pour toute une génération de romantiques, ses paroles s’inscrivent dans l’air du temps. Évidemment, lorsque le père de Véronique Sanson comprend que sa fille lui échappe, le ton monte. Fort heureusement, elle réussit à trouver les mots pour apaiser ses craintes.
Inspirée comme jamais, Véronique Sanson enchaine avec un second disque. Une fois encore, il va se vendre comme des petits pains. Fleur bleue, elle a su utiliser les partitions afin de faire passer des messages à son cher et tendre compagnon du moment.
Hélas, au printemps 1972, elle a un coup de foudre pour le chanteur Stephen Stills. Présente lors d’un concert à l’Olympia, elle est impressionnée par le charisme leader du groupe Manassas. Dès le lendemain du spectacle, ils se croisent dans leur maison de disque commune. Pendant des mois, et malgré la distance, ils vont avoir une passion secrète. Déterminée à rejoindre son amant, Véronique Sanson va tout quitter du jour au lendemain.
Deux ans plus tard, elle envoie une carte postale musicale à la France. Du reste, en écoutant les pistes de ce troisième album, force est de constater qu’elle a pris un virage. Véronique Sanson a dit temporairement adieu à son instrument fétiche, et se transforme en rockeuse.
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Qu’on se le dise, devenue maman, Véronique Sanson est à la croisée des chemins. En effet, après quelques années d’amour fou, son histoire avec le chanteur américain vacille. Victime de violence, souvent sous emprise de stupéfiants, elle n’est pas aussi heureuse qu’elle le voudrait. Aussi, dans Vancouver, elle tombe le masque et exprime des regrets. « J’appelle la chance qui n’est jamais venue / Et c’est difficile le choix d’une vie / Je rêve de choses dont j’ai réellement envie »
QUID du retour en France de Véronique Sanson
Dix ans après son départ dans le pays de l’Oncle Sam, elle rebrousse chemin. Échaudée par son divorce, elle ne trouve pas l’inspiration. Cette perfectionniste jusqu’au bout des ongles se justifie ainsi. « Je n’ai pas de mélodie en réserve et ne compose jamais mes chansons trop longtemps à l’avance. Sinon à l’heure de rentrer en studio, je les trouve vieilles et je n’ai plus envie de les enregistrer. » Sans titre officiel, cet album enregistré uniquement en Français va avoir beaucoup de succès.
À la fin des années 80, elle renoue avec son ex et enregistre ce disque. Or, une chanson va provoquer la polémique puisque la chanteuse dresse un constat sans appel. Traumatisée par les crimes commis en son nom, elle diffuse un message fort. « Allah/À quoi te sert d’avoir un nom/Pourquoi ce feu, ce tonnerre (…). Si j’étais toi, je serais pas fière (…). Au nom de quoi fais-tu la guerre/À quoi te sert d’avoir un nom/C’est pour souiller le désert/Avec le sang versé pour Allah.» Hélas, le répit va être de courte durée. Forcée de se censurer en concert, mais également de s’expliquer, elle déclare. « Je l’ai écrite comme une prière à Allah lui-même. Vraiment pas comme une insulte. C’est contre l’intolérance, le fanatisme.. »
Un quart de siècle après ses débuts, Véronique Sanson reçoit (enfin) une récompense de ses pairs. Pour fêter ça, elle va organiser une tournée dans toute la France pendant trois longues années.
Sorti à la fin des années 90, cet opus de Véronique Sanson a un titre hautement symbolique. Droite dans ses bottes, et malgré quelques problèmes de santé, elle semble « indestructible » et prête à tout pour vivre de sa passion.
Le second millénaire a-t-il porté chance à Véronique Sanson ?
À la rentrée 2005, cet album est salué par la critique. De l’avis de son compositeur fétiche, lors de la tournée qui suivra, « son public est là, présent. Le lien qui les unit n’a jamais été aussi fort »
Parmi les chansons de cet opus, il y en a une inédite qu’elle gardait au chaud depuis 30 ans ainsi qu’une autre écrite par sa chère Violaine. De quoi titiller la curiosité des fans.
Même si certains pensent qu’elle devrait raccrocher, Véronique Sanson s’accroche à sa bonne étoile. En effet, avec cet album, elle est nommée à deux reprises aux Victoires de la musique.
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L’alcool
Au début de l’année 2023, Véronique Sanson est totalement transparente avec les téléspectateurs. « Boire fait disparaître la tristesse, le désespoir, le doute. C’est très désinhibant. J’aimais beaucoup ça » Hélas, plus le temps passe, plus déplore s’être enfoncée de son plein gré dans un terrible engrenage.
Aussi, lors d’un moment de lucidité, elle s’inscrit aux AA. Malgré ses efforts pour éliminer ce problème, Véronique Sanson persiste et signe. « On n’est jamais à l’abri. Je n’ai pas gagné. D’ailleurs, on ne parle jamais ’d’ex-alcoolique’, ça ne se dit pas. Quand on l’est, c’est pour la vie.»
Les stupéfiants
Quand elle vivait avec le père de son fils, Véronique Sanson consomme régulièrement de la c/caine. Et quand la presse aborde problème de dépendance, elle ne prend pas de pincettes. Déterminée à expliquer les coulisses de cette sombre période, elle balaie cette rumeur d’un revers de la main. « On a beaucoup exagéré à ce sujet, car ça me fait mal au nez »
Véronique Sanson hospitalisée à de nombreuses reprises
Question maladies, Véronique Sanson a un carnet de santé bien garni. « Une diverticulite aiguë, une inflammation du gros intestin, une pneumonie aiguë », le moins que l’on puisse, c’est que les pathologies se suivent et ne se ressemblent pas. Face à ce cauchemar sanitaire, la chanteuse préfère rester optimiste. « A chaque fois, je m’en suis remise plus vite qu’on ne pensait »
Qui sont les hommes de sa vie ?
Michel Berger
Comme nous l’avons évoqué tout au long de cette enquête, Véronique Sanson doit une fière chandelle à son ex. D’ailleurs, elle explique qu’ils se connaissent depuis l’enfance. « Papa emmenait Anette, la maman de Michel, danser ensemble dans des bals (…) On s’est perdus de vue, et après, on s’est re-rencontrés » Émue et nostalgique, elle décrit leur relation fusionnelle. « On était des jumeaux, inspirés par les mêmes choses mais très durs l’un envers l’autre »
Des années après la rupture, le producteur remet les pendules à l’heure. « C’était à la fin de l’automne 1972, nous étions allés skier à La Plagne, avec Michel et Véro, et vers 21 heures, nous sommes arrivés sur Paris et ils m’ont déposé chez moi, à Boulogne. À 3 heures du matin, elle m’a téléphoné : ‘J’ai faim, viens me rejoindre à L’Hôtel, rue des Beaux-Arts.’ Je m’y suis rendu et là, elle était au lit avec Stephen Stills (…) A un moment donné, il a sorti un couteau de sa botte, il lui a mis sous la gorge en disant : ‘Demain, tu pars avec moi !’… » Forcé de taire le secret de ce départ imposé et précipité à Michel Berger, le témoin de la scène va provoquer un tsunami. Disputés jusqu’à sa mort en 1992, il regrette profondément de n’avoir pas tiré la sonnette d’alarme.
Steven Stills
Un mois plus tard, installée dans le pays de l’oncle Sam, Véronique Sanson épouse son nouveau chéri et le regrette amèrement. « Finalement, je suis allée à mon mariage par politesse, en me disant : on verra après […] j’ai été obligée alors que je n’étais pas chaude-chaude. Si on m’avait laissée avoir deux hommes, je ne l’aurais jamais fait »
De leur union, va naître leur petit prince Christophe. A l’instant de David Hallyday qui fait le même métier de ses parents, il semble avoir hérité de leur passion. « Quand j’étais enfant, je ne chantais pas fort parce que j’avais peur et que c’était la première fois. Et elle me disait : « Allez plus fort ! Je ne t’entends pas ! » Finalement ça m’a agacé, j’ai crié « D’accord ! » et je suis parti de plus belle. Et elle m’a dit : « Oui voilà, c’est ça ! » Résultat des courses, un demi-siècle plus tard, il n’a pas à rougir de ses sept albums.
De plus en plus, Véronique Sanson sent qu’elle est sous l’emprise de Stephen Stills. Prenant son courage à deux mains et son fils sous le bras, elle fait le trajet retour vers la France. Certes, obtenir la garde exclusive de son enfant a été un terrible parcours du combattant. Aujourd’hui, elle ne regrette rien !
Pierre Palmade
Au milieu des années 90, elle s’engage avec l’humoriste Pierre Palmade. Face aux moqueries, il tient à se justifier. « C’était l’époque où je n’aimais pas être homo et où je ne me reconnaissais pas dans le milieu gay. Quand j’ai compris que cette femme avait des sentiments pour moi, je me suis senti moins seul, heureux. Je voulais être aimé par elle » .
William Sheller
Plus d’un coup de coeur, le chanteur raconte que leur rencontre sur le plateau de Midi première a été un déclic. Leur relation « bien va au-delà de la musique. Seulement, elle est tellement borderline et moi aussi. Entre nous, c’était une histoire impossible.»
Dès lors, auraient-pu fonder un duo ? La réponse devrait faire réfléchir tous les mélomanes. « Longtemps on a pensé inventer un spectacle à deux pianos. Mais il aurait fallu le faire sur une île déserte, sans coke, sans alcool»