Icône menu hamburger Icône loupe de recherche
  1. TDN >
  2. Actualité

Vers la fin de l’IVG en Italie ?

Publié par Anissa Duport-Levanti le 06 Juin 2013 à 14:10
Partagez ce contenu sur Facebook
Partagez ce contenu sur Whatsapp
Partagez ce contenu sur Twitter
Partagez ce contenu par mail

85% des gynécologues italiens refusent de pratiquer l’avortement, sous couvert de « clause de conscience ». Et 91% des médecins se disent objecteurs de conscience dans la région de Rome ! Coincées entre ces médecins refusant d’appliquer la loi, et le délai légal de 90 jours, nombre de femmes sont obligées de passer la frontière pour trouver la possibilité de faire un IVG. Mais ça n’est pas tout. Les médecins italiens culpabilisent les femmes souhaitant avorter, et vont jusqu’à émettre délibérément des diagnostics pré-nataux très tard afin de dépasser le délai légal et d’empêcher l’IVG ! Et comme si cela ne suffisait pas, pour celles qui parviennent à se faire avorter en Italie, la prise en charge est minime, et la plupart du temps sans anesthésie. « Les thérapies alternatives dépendent des médecins. Certains utilisent seulement des décontractants musculaires. Et puis, nous sommes en retard par rapport à d’autres pays, la loi sur les thérapies antidouleur a été adoptée seulement en 2010 » explique un objecteur de conscience.

« Dans la région de Rome, dix hôpitaux sur trente et un pratiquent des IVG et seulement quatre des avortements thérapeutiques. Selon la loi pourtant, toutes les structures hospitalières sont obligées de garantir le droit à l’avortement« , observe Silvana Agatone, gynécologue et présidente de Laiga (Association Libre des Gynécologues Italiens pour la Réalisation de la loi 194, loi sur le droit à l’avortement ndlr).

h-4-1058947-1240502171

À cela s’ajoute le fait que l’éducation sexuelle est quasi-inexistante en Italie. La plupart des femmes ignorent tout de la contraception d’urgence. Pour 35% d’entre-elles, l’acétate d’Ulipristal (pilule du lendemain) sera une gélule pour maigrir, et 18,6% pensent qu’il s’agit d’un traitement pour prévenir les douleurs menstruelles. Les pouvoirs publics ne mettent rien en oeuvre, ou si peu, pour informer sur ce sujet, et toutes ces questions sont laissées à l’appréciation du cadre familial.

LA VIDEO DU JOUR A NE PAS MANQUER

Le droit à l’avortement avait même été remis en cause en juin 2012, et avait failli être supprimé de la législation italienne, mais un soutien sans précédent avait eu lieu, notamment sur les réseaux sociaux, interrompant cette initiative. Dès cette victoire, voilà se qu’écrivait Giovanna Marsico dans le Huffington Post : « Parce que dans une Europe traversée par des soubresauts nationalistes, par des intérêts corporatistes, par la défiance des citoyens face aux systèmes politiques, les principes fondamentaux se doivent d’être affirmés avec force et conviction. Alors oui, si le hashtag #save194 a été la mobilisation de ce printemps, le hashtag #apply194 devient la lutte pour le droit des femmes. Un droit non plus constitutionnel et théorique mais un droit appliqué et non discriminatoire.« 

"L'avortement n'est pas un crime" 1978

« L’avortement n’est pas un crime » 1978

Malheureusement cette aspiration est restée lettre morte compte tenu des faits alarmants qui remettent en cause un droit fondamental de la femme et une liberté qui n’est pourtant plus contestée en Europe. 

Ceci peut résulter de l’influence d’une église catholique qui s’extrémise et retombe dans une logique obscurantiste, comme on le voyait déjà en 2009, lorsque un de ses émissaires avait lâché que « le viol est moins grave que l’avortement« . Cette déclaration faisait suite à l’excommunication d’une mère de famille et de plusieurs médecins ayant pratiqué au Brésil l’avortement d’une fillette de 9 ans enceinte de jumeaux après avoir été violée par son beau père (qui lui faisait subir ces sévices depuis l’âge de 6 ans, ainsi qu’à sa soeur handicapée de 14 ans). Ce dernier n’avait lui pas été inquiété par les ecclésiastiques. Le cardinal Giovanni Battista Re avait même renchéri «  Il faut toujours protéger la vie, l’attaque contre l’Eglise brésilienne est injustifiée, et l’excommunication pour ceux qui ont provoqué l’avortement est juste » suivit de près par le cardinal brésilien Sobrinho, qui a prononcé l’excommunication, affirmant que « certes, ce qu’il a fait est horrible, mais il y a tant de péchés graves, et le plus grave est l’élimination d’une vie innocente« .

Abonnez vous à la Newsletter TDN

En France, il y a seulement 3 ans…