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Contender : le plus grand requin blanc du monde, aperçu au nord de l’océan Atlantique

Publié par Killian Ravon le 13 Oct 2025 à 18:10

Au début d’octobre, un grand requin blanc a refait surface bien plus au nord que d’habitude. Surnommé Contender, ce mâle adulte suit une trajectoire qui intrigue autant qu’elle fascine les spécialistes. Depuis quelques jours, ses signaux ont été captés dans le golfe du Saint-Laurent. Au large du Québec, à proximité de Pointe-Parent.

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Grand requin blanc en pleine nage dans les eaux froides du golfe du Saint-Laurent, éclairé par des rais de lumière sous-marine, profil latéral net.

Ce n’est pas une première pour les squales qui remontent la côte atlantique au fil des saisons. Mais l’itinéraire précis de cet individu, sa taille et le timing de ses « pings » en font un cas à part.

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Le mystère de sa longue « coupure » puis sa réapparition

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Durant l’été, Contender avait envoyé ses dernières données au large du Massachusetts, près de Nantucket. Avant de « disparaître » des écrans pendant plusieurs semaines. Début octobre, un nouveau signal surgit subitement près de l’île d’Anticosti. Confirmant sa présence en Atlantique Nord alors que la plupart des observations se concentrent d’ordinaire plus au sud à cette période. Pour les chercheurs qui suivent sa trace. Cette remontée ouvre une fenêtre rare sur les habitudes d’un prédateur parfaitement adapté aux eaux tempérées et froides.

Grand requin blanc photographié à Isla Guadalupe, profil gauche en pleine eau.
Grand requin blanc en nage libre à Isla Guadalupe (Mexique). Crédit : Brocken Inaglory, CC BY-SA 3.0.

Pourquoi le nord attire de plus en plus les grands prédateurs

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Plusieurs facteurs expliquent cette migration. Les eaux du Nord-Ouest Atlantique conservent en automne une température propice aux requins blancs. Et surtout une abondance de phoques et de poissons pélagiques dont ils se nourrissent. Le golfe du Saint-Laurent est devenu un garde-manger. Ce qui pousse certains individus à prolonger leur séjour et à tester de nouveaux territoires. Les équipes d’OCEARCH notent d’ailleurs que la majorité de leurs sujets tagués remonte vers le Canada aux beaux jours. Avant de replonger vers le sud en hiver.

Un suivi scientifique qui change la donne

Le parcours de Contender est connu grâce à un marquage satellite réalisé en janvier 2025 au large de la frontière Floride–Géorgie. Depuis, chaque « ping » raconte un morceau de sa vie : passages près de la Caroline du Nord, de Cape Cod. Puis bond vers le Québec. Ces balises actives sur plusieurs années permettent de croiser routes migratoires, périodes d’alimentation et changements de température. À terme, l’objectif est d’identifier des zones-clés encore mystérieuses, notamment les aires de reproduction du requin blanc dans l’Atlantique. Un puzzle biologique jamais totalement résolu.

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Requin blanc adulte entouré de poissons, vue latérale.
Requin blanc en pleine chasse, banc de « mackerel scads ». Crédit : Terry Goss (Pterantula), CC BY-SA 3.0.

Un indicateur de bonne santé des océans

Voir des requins blancs près des côtes n’est pas forcément un signe d’alerte, rappellent les spécialistes : c’est même l’empreinte d’un écosystème qui se rééquilibre après des décennies de déclin. Les mesures de protection, l’encadrement de la pêche. Et la meilleure gestion des populations de phoques ont favorisé un retour progressif de l’espèce le long de la façade atlantique. Dans les années 1970 et 1980, la situation était critique ; aujourd’hui, les estimations évoquent quelques milliers d’individus dans l’Atlantique Ouest, un chiffre qui reste fragile mais s’améliore.

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Ce que ses allées et venues disent du climat

L’océan se réchauffe de manière hétérogène. Un automne plus doux, des poches d’eaux riches en proies et des courants qui bousculent le calendrier des migrations peuvent expliquer qu’un individu comme Contender s’attarde au nord. Les scientifiques se gardent d’y voir un basculement définitif : les requins adaptent leur route à l’instant, selon la disponibilité alimentaire. Mais l’accumulation de cas documentés par balises aide enfin à distinguer les variations naturelles des tendances de fond.

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Gros plan d’un grand requin blanc, gueule entrouverte, en Atlantique.
Portrait d’un requin blanc adulte. Crédit : Elias Levy, CC BY 2.0

Les risques réels pour le public

La présence d’un requin blanc fascine autant qu’elle inquiète, surtout lorsque les signaux GPS se rapprochent d’îles habitées ou de plages. Les autorités rappellent que les interactions restent rarissimes au regard de la fréquentation du littoral. Là où des phoques abondent, il convient simplement de respecter les consignes affichées : éviter les zones de chasse à l’aube et au crépuscule, ne pas approcher les colonies de phoques, surveiller les annonces locales. Le meilleur réflexe reste de suivre les informations des parcs et municipalités, qui s’appuient désormais sur des données en temps quasi réel.

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Un casse-tête scientifique vieux de plusieurs décennies

Si l’on connaît les routes migratoires et les grands lieux d’alimentation, les sites d’accouplement et de mise bas du grand requin blanc demeurent largement inconnus dans l’Atlantique. C’est précisément là que Contender devient précieux : mature, facilement traçable, il pourrait offrir des indices inédits si ses déplacements convergent vers des zones jusqu’ici négligées par la recherche. L’espoir des biologistes ? Relier température, salinité, proies et profils bathymétriques aux moments-clés de la reproduction.

Requin blanc en eaux bleues, vue en légère contre-plongée.
Grand requin blanc photographié en milieu pélagique. Crédit : Elias Levy, CC BY 2.0.
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Cartographie récente : ce que révèlent ses derniers « pings »

Depuis la fin de l’été, les signaux de Contender dessinent une trajectoire en dents de scie, typique d’un requin blanc en phase d’exploration et d’alimentation. Après plusieurs jours sans émission, ses balises ont de nouveau communiqué des données proches de l’île d’Anticosti, dans le golfe du Saint-Laurent. Ce va-et-vient nord-sud, avec des arrêts prolongés sur des zones riches en proies, correspond à un comportement opportuniste où la disponibilité des phoques et des poissons pélagiques pèse plus que la saison calendaire. À cette latitude, les poches d’eau restent suffisamment tempérées pour un grand prédateur endurant, d’autant que la topographie du Saint-Laurent propose des couloirs profonds qui servent de routes naturelles.

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Le portrait d’un géant : âge, morphologie et comportement

Mâle adulte, Contender impose par sa taille et sa masse, signes d’un prédateur au sommet de sa forme. Chez le requin blanc, cette morphologie traduit une capacité à couvrir de longues distances tout en encaissant des écarts de température. Les individus de ce gabarit alternent phases de prospection lente près des concentrations de phoques et accélérations ponctuelles lorsqu’une opportunité se présente. Leur sensibilité aux gradients thermiques et aux reliefs sous-marins explique ces trajectoires parfois déroutantes pour le grand public, mais logiques à l’échelle d’un chasseur qui optimise sans cesse son bilan énergétique le long des côtes du Canada et de l’Atlantique Nord.

Vue aérienne d’Anticosti dans le golfe du Saint-Laurent, manteau de glace hivernal.
: Île d’Anticosti, l’un des repères proches des derniers « pings » de Contender. Crédit : NASA
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Une remontée qui raconte aussi l’histoire d’un record

Le nom de Contender n’est pas dû au hasard. Lors de sa capture-relâche pour pose de balise en janvier 2025, l’équipe d’OCEARCH a enregistré des mesures hors norme : 13,8 pieds de long, soit près de 4,2 mètres, pour un poids estimé à 1 653 livres, environ 750 kg. De quoi en faire le plus grand mâle de requin blanc jamais tagué dans l’Atlantique Nord-Ouest selon l’organisme, un statut record confirmé tout au long de l’année au fil de ses apparitions. Et c’est précisément ce géant, porteur de données précieuses, qui vient d’être détecté début octobre au large du Canada, dans le golfe du Saint-Laurent, à proximité de Pointe-Parent.

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