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Mer du Nord : le retour des requins s’accélère et voici ce que cela signifie

Publié par Killian Ravon le 23 Oct 2025 à 18:57

Deux à trois espèces de requins, jadis aperçues plus discrètement, sont désormais observées plus souvent en mer du Nord. Selon des scientifiques flamands, ce regain n’a rien d’inquiétant : il signe plutôt une dynamique marine qui se porte mieux. Et les chercheurs ont, cette année, glissé un discret appel à participation du public… avec une petite récompense à la clé.

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Requin pèlerin en surface dans la mer du Nord, nageoire dorsale bien visible, eau froide grise sous ciel couvert, plan large.

Les observations se multiplient : petite roussette, émissole tachetée et requin pèlerin réapparaissent plus fréquemment en mer du Nord. Pour le VLIZ et l’ILVO, c’est une « bonne nouvelle » : ces espèces, inoffensives pour l’humain, participent à l’équilibre écologique. Grâce à la télémétrie acoustique, 140 requins ont été équipés d’émetteurs en un an pour mieux comprendre leurs trajets, leurs préférences… et protéger les zones sensibles.

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Petite roussette posée sur un fond marin clair, taches brunes visibles, photographie issue de la mer du Nord.
Une petite roussette adulte, espèce côtière tachetée fréquente en mer du Nord.
Crédit : Hans Hillewaert / CC BY-SA.
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Des requins plus nombreux… et c’est plutôt bon signe

Depuis quelques années, les sorties en mer du Nord réservent plus souvent ces silhouettes qui fascinent autant qu’elles impressionnent. En tête, la petite roussette et l’émissole tachetée, deux espèces côtières qui semblent gagner en visibilité. Les observations s’additionnent, les rencontres se racontent, et les scientifiques constatent que ces deux poissons cartilagineux redeviennent familiers des eaux septentrionales. Ce qui pourrait inciter à la prudence chez certains baigneurs est, en réalité, un indicateur positif. C’est en tout cas l’analyse portée par l’Institut flamand de la mer (VLIZ) et l’Institut flamand de recherche en Agriculture et Pêche (ILVO), qui parlent d’une « bonne nouvelle ».

Pourquoi ? Parce que ces requins ne sont pas que des prédateurs spectaculaires : ce sont des espèces structurantes, qui régulent des populations proies et contribuent à éviter certains déséquilibres. En clair, leur présence raconte quelque chose du fonctionnement de l’écosystème marin. Si ces poissons reviennent et circulent, c’est que la chaîne alimentaire conserve une cohérence, et que les conditions se prêtent à leur retour. Mais saviez-vous que cette présence est aussi… rassurante pour l’humain ? Car ces espèces—petite roussette, émissole tachetée, requin pèlerin—sont inoffensives pour nous.

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Émissole tachetée photographiée sur fond neutre, silhouette élancée et motif étoilé bien visible.
L’émissole tachetée, un petit requin élégant qui fréquente les eaux côtières du Nord.
Crédit : Hans Hillewaert / CC BY-SA.

Trois espèces familières des eaux du Nord

Dans le trio le plus cité, chaque espèce a son « portrait robot ». La petite roussette est un petit requin tacheté, discret, nocturne, qui fouille les fonds à la recherche de proies faciles. L’émissole tachetée est un squale élancé, aux nageoires fines, qui fréquente des zones proches du littoral. Quant au requin pèlerin, géant placide de nos eaux saisonnières, il se contente de filtrer le plancton en surface, gueule grande ouverte, sans aucune menace pour les baigneurs. Ces comportements, bien connus des spécialistes, cadrent avec le constat du moment : davantage d’alertes visuelles parce que les individus sont là, au bon endroit, au bon moment.

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Autre point trop souvent oublié : ces requins n’entrent pas dans les clichés. Ils ne chassent pas près des plages comme dans les films, ne fondent pas sur des silhouettes humaines. Leur trajectoire répond à des logiques simples, dictées par la température de l’eau, la nature du fond et la disponibilité de nourriture. Ce détail que peu de gens connaissent : le requin pèlerin, malgré sa taille, se montre d’une timidité exemplaire, et disparaît à la moindre agitation. Revoir ces espèces, c’est donc, pour les scientifiques, l’indice d’un écosystème qui respire encore.

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140 requins équipés d’émetteurs : la « feuille de route » révélée par la télémétrie

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Pour passer de l’intuition à la preuve, les équipes du VLIZ et de l’ILVO ont basculé à grande échelle dans la télémétrie acoustique. En un an, 140 requins ont reçu de petits émetteurs qui dialoguent avec des stations d’écoute sous-marines. Le principe est simple : quand un individu passe à proximité d’un récepteur, un signal est enregistré. Additionnez ces « pings », et voici qu’apparaît une cartographie fine des déplacements : périodes de passage, zones évitées, zones fréquentées, correspondances avec la température, le type de fond ou la ressource alimentaire.

« La télémétrie nous donne littéralement la feuille de route des requins », résume le chercheur Jan Reubens. Cette formule dit bien l’enjeu. Car ces connaissances ne servent pas qu’à la curiosité scientifique : elles permettent de cibler les stades de vie à protéger, de repérer des zones vulnérables, d’ajuster les efforts de conservation là où ils seront les plus utiles. La mer du Nord, densément utilisée, réclame ce niveau de précision : activités humaines, navigation, zones de pêche ou d’extraction… tout s’additionne, et il faut désormais planifier avec la biologie en tête.

Émissole tachetée en aquarium, nage latérale montrant nageoires pectorales et patron tacheté.
Vue latérale d’émissole tachetée, utile pour l’identification grand public.
Crédit : Georges Jansoone / CC BY-SA.
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Au-delà des balises : caméras, ultrasons et ADN pour croiser les indices

La télémétrie n’est pas le seul outil engagé. Les équipes mobilisent aussi les ultrasons, des caméras sous-marines et l’analyse ADN. Croiser ces pistes permet de compenser les angles morts : là où les émetteurs dessinent des trajets, les images documentent des comportements, et l’ADN recueilli dans l’eau confirme une présence même quand l’animal échappe aux regards. Cette complémentarité est devenue la norme de l’ichtyologie moderne : aucun capteur, aucune méthode, ne dit tout ; mais ensemble, elles réduisent l’incertitude et livrent une image plus fidèle du rythme de vie de ces espèces.

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Detail intéressant : certains sites apparaissent peu fréquentés bien qu’en apparence favorables. Pourquoi ? Est-ce la granulométrie du fond, un gradient thermique trop marqué, ou la ressource qui migre ailleurs ? Ces questions guident les campagnes à venir. En affinant les cartes, la télémétrie aidera aussi à anticiper les moments sensibles : reproduction, croissance, ou simples haltes saisonnières. Et si l’on protège une zone clé au mois précis où elle compte, l’impact est maximal, sans immobiliser inutilement d’autres espaces.

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Requin pèlerin en surface, gueule entrouverte filtrant le plancton, scène large en Atlantique.
Le requin pèlerin, géant placide filtreur de plancton, aperçu saisonnièrement près de nos côtes.
Crédit : Green Fire Productions / CC BY 2.0.

Des prédateurs… inoffensifs pour l’humain

Le mot « requin » convoque souvent des images anxiogènes. Ici, le rappel est essentiel : les espèces désormais plus communes en mer du Nord sont inoffensives pour l’être humain. D’abord parce qu’elles ne s’intéressent pas à nous ; ensuite parce que leur régime alimentaire ne les pousse pas vers des interactions conflictuelles. La petite roussette, par exemple, se nourrit de proies benthiques modestes. L’émissole tachetée poursuit des invertébrés et de petits poissons. Le requin pèlerin ne prend que du plancton. Les rencontres, quand elles surviennent, tiennent plus de l’étonnement que du risque.

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Ce regard réaliste a un effet vertueux. Il décorrèle la présence de requins et l’idée de danger, et replace l’accent sur la cohabitation intelligente. Les scientifiques y insistent : la bonne nouvelle, c’est précisément d’observer ces animaux reprendre leur place. Les voir, c’est retrouver un signal écologique positif, un fil qui relie la productivité de la mer, la richesse de son plancton, et l’intérêt qu’y trouvent des prédateurs clés.

Requin pèlerin longeant une baie côtière turquoise, large plan rapproché depuis la surface.
Approche d’un pèlerin dans une baie côtière claire ; scène typique des observations estivales.
Crédit : candiche / CC BY 2.0.
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Un appel au public : si vous trouvez un émetteur, signalez-le

Au fil des mois, une réalité très concrète s’invite sur les plages : certains émetteurs se détachent des animaux et peuvent s’échouer. Ces petits boîtiers renferment des données scientifiques précieuses, fruits d’heures de mer et de suivi. Les équipes du VLIZ et de l’ILVO lancent donc un appel à l’aide : si vous tombez sur un émetteur acoustique en bord de mer, rapporter l’objet à l’institut permettra de sauver les informations. Pour encourager ce réflexe citoyen, une récompense est prévue : 30 € ou un t-shirt offert.

Ce geste, simple et concret, fait entrer le public dans la chaîne de la recherche. Il transforme une promenade en coup de main à la science, et accélère la compréhension d’espèces dont la « feuille de route » se précise. Et c’est justement là, en fin d’histoire, que se glisse la révélation que peu de gens connaissent : rendre un petit boîtier retrouvé sur la plage, c’est contribuer, très directement, à la protection des requins… tout en repartant avec 30 € ou un t-shirt souvenir.

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