Aux Maldives, une excursion pour nager avec les requins tourne à la frayeur
Une sortie en mer idyllique aux Maldives a pris une tournure bien plus inquiétante qu’attendu pour une jeune voyageuse venue nager avec les squales. L’incident, survenu début décembre. Cela relance le débat sur ces expériences très populaires et sur la manière dont certains vacanciers approchent la faune marine.
Alors que la haute saison bat son plein dans l’archipel. Cette histoire pose une question simple mais essentielle. Jusqu’où peut-on aller pour rapporter des images spectaculaires sans mettre en danger ni les animaux, ni soi-même ?
Une sortie rêvée aux Maldives qui dérape
Lors de cette excursion en groupe. La touriste de 26 ans participait à une activité devenue presque incontournable pour de nombreux touristes aux Maldives. Nager au milieu des requins nourrices. Ces grands poissons, capables de mesurer près de trois mètres, se déplacent dans des zones peu profondes. Ce qui les rend facilement observables par les plongeurs débutants comme par les amateurs de snorkeling.
Réputés plutôt placides et peu agressifs. Ces requins sont depuis des années mis en avant par les opérateurs locaux comme une attraction « sûre ». Pour vivre des sensations fortes sans trop de risques apparents. Les bateaux se succèdent ainsi sur certains sites très fréquentés. Où les squales ont pris l’habitude de croiser régulièrement des humains.
C’est dans ce cadre que l’accident s’est produit. Selon les premiers témoignages relayés par les médias chinois. La jeune femme, originaire de Chine, profitait de la sortie. Quand elle a décidé de s’éloigner du groupe. Pour se rapprocher davantage d’un animal. Ce geste, en apparence anodin pour un vacancier peu informé, va pourtant suffire à faire basculer la séance de sorties snorkeling en véritable frayeur.
Quand le besoin d’images spectaculaires pousse à l’erreur
La victime n’était pas une touriste tout à fait comme les autres. Présentée comme une influenceuse chinoise, elle voulait profiter de cette rencontre avec les requins pour alimenter ses comptes sur les réseaux sociaux. Les témoins expliquent qu’elle aurait tenté de se rapprocher d’un squale au point de vouloir « jouer avec lui », dans l’espoir d’obtenir des images particulièrement impressionnantes.
Ce rapprochement forcé va déclencher une réaction brutale. L’animal saisit soudainement son poignet entre ses mâchoires, laissant des entailles profondes et de larges ecchymoses. Une vidéo relaye la scène et montre la gravité des blessures, qui auraient pu être bien plus dramatiques si la morsure avait touché une artère ou brisé un os.
Fait surprenant, la jeune femme a raconté avoir gardé son sang-froid malgré la douleur. Elle explique avoir évalué elle-même sa blessure et estimé qu’aucun vaisseau sanguin important ni articulation vitale n’avaient été atteints. Là où d’autres seraient sortis immédiatement de l’eau, elle décide de poursuivre l’activité, alors que plusieurs personnes présentes la pressent de remonter à bord.
Elle confie même, avec un fatalisme désarmant, que « si son membre devait être amputé, pleurer ne servirait à rien ». Une attitude qui interpelle autant qu’elle questionne la pression ressentie par certains créateurs de contenus, prêts à minimiser un danger pour continuer à filmer. Ce détail que peu de gens connaissent, c’est justement à quel point cette quête d’images extrêmes peut peser sur leurs décisions en pleine situation à risque.
Pour les spécialistes interrogés après l’incident, ce scénario rappelle que même les espèces réputées calmes peuvent réagir de manière défensive lorsqu’un humain s’approche trop près, surtout dans des zones où les animaux sont habitués à la nourriture et au contact humain répétés.
À lire aussi
Des requins devenus produits d’appel du tourisme marin
Aux Maldives comme aux Bahamas, les activités touristiques centrées sur les requins nourrices se sont multipliées ces dernières années. Sur les brochures et les réseaux, les photos de groupes entourés de squales allongés sur le fond sableux sont devenues un argument marketing à part entière.
Pour garantir des rencontres spectaculaires, certains opérateurs n’hésitent pas à nourrir les animaux, afin de les faire venir au plus près des bateaux. Or les biologistes rappellent qu’une telle pratique modifie le comportement des requins. Habitués à recevoir de la nourriture dans des contextes précis, ils associent progressivement la présence humaine à une source potentielle de nourriture.
Cette transformation d’un prédateur sauvage en « attraction » pose plusieurs problèmes. D’abord pour la sécurité des baignades, car un animal conditionné à venir chercher de la nourriture près des touristes peut réagir plus vivement à un geste brusque ou à une main tendue. Ensuite pour les requins eux-mêmes, qui perturbent leurs habitudes naturelles de chasse et deviennent dépendants de ces apports artificiels.
Les biologistes marins interrogés insistent sur ce point : le risque ne vient pas d’une prétendue agressivité soudaine de l’animal, mais bien de la façon dont l’homme modifie son environnement et ses réflexes. Plus le public croit avoir affaire à un « gros poisson gentil », plus il a tendance à se permettre des comportements familiers qui ne seraient jamais envisagés avec d’autres espèces sauvages.
Dans ce contexte, l’accident de la jeune influenceuse n’est pas un simple fait divers isolé. Il illustre les dérives d’un tourisme d’adrénaline où la frontière entre observation respectueuse et mise en scène intrusive devient de plus en plus floue.
Menstruations, morsures et idées reçues tenaces
Un élément a toutefois rapidement attiré l’attention de certains médias : la jeune femme a confié qu’elle avait ses règles au moment de l’attaque. La question de l’éventuel lien entre menstruations et requins a donc refait surface, comme souvent dès qu’une morsure survient en mer.
Face à ces spéculations, les experts ont rappelé des faits bien établis. Le Florida Museum of Natural History indique qu’il n’existe à ce jour aucune preuve solide montrant que les menstruations augmentent le risque de attaques de requins. L’institution précise également qu’en milieu aquatique, la pression de l’eau tend à réduire temporairement l’écoulement du sang menstruel, diminuant encore la probabilité qu’une quantité significative se disperse dans l’eau.
Autrement dit, l’idée selon laquelle toute femme ayant ses règles serait particulièrement exposée à une attaque relevait davantage du cliché que d’une réalité scientifique. De nombreux chercheurs insistent d’ailleurs sur la nécessité de déconstruire ces mythes, qui détournent l’attention des véritables facteurs de risque.
À lire aussi
Dans le cas présent, les spécialistes estiment que la cause la plus probable reste la proximité excessive avec l’animal, combinée à une interaction non souhaitée par celui-ci. Le requin n’a pas « chassé » la plongeuse : il a réagi à une intrusion dans sa zone de confort, dans un contexte déjà marqué par la présence régulière de touristes et de nourriture.
Influenceurs, comportements à risque et nécessité de mieux encadrer les sorties
Au-delà de la question des menstruations, cet accident renvoie à un phénomène plus large : la manière dont certains créateurs de contenus façonnent leur image à travers des scènes toujours plus impressionnantes, quitte à adopter des comportements imprudents avec la faune marine.
Les guides et scientifiques le constatent depuis plusieurs années. Certains vacanciers, inspirés par des vidéos virales, cherchent à reproduire des poses spectaculaires en s’approchant au plus près des animaux, voire en les touchant ou en tentant de les manipuler. Les recommandations de base – garder une distance raisonnable, ne pas nourrir, ne pas poursuivre un animal qui s’éloigne – sont parfois éclipsées par l’envie de ramener « la » séquence parfaite.
Des comportements problématiques envers les requins
Une étude récente, évoquée dans les médias, souligne d’ailleurs une hausse de certaines morsures de squales liée à des comportements irrespectueux encouragés par des influenceurs, notamment lorsqu’ils banalisent l’interaction avec les animaux sauvages. Ce n’est pas tant la présence de requins qui change que la manière dont eux, et les touristes, sont mis en scène.
Aux Maldives, où les expériences marines spectaculaires font partie des principaux arguments de vente, plusieurs guides appellent aujourd’hui à renforcer les règles d’observation. Ils plaident pour des consignes plus strictes sur la distance minimale à respecter, sur l’interdiction de caresser ou de retenir un animal, et sur la limitation des pratiques de nourrissage. L’objectif est double : protéger les visiteurs, mais aussi les requins, souvent injustement pointés du doigt lorsque des incidents surviennent.
Dans le cas de cette excursion, le message des spécialistes est clair. Les activités touristiques avec les requins nourrices peuvent se dérouler en toute sécurité à condition que les règles soient expliquées clairement, respectées par les opérateurs… et acceptées par ceux qui y participent. Mais dès que l’on commence à contourner ces consignes pour des raisons d’image ou de sensation, le risque remonte à la surface.
Ce que révèle vraiment cette morsure aux Maldives
Au final, l’histoire de cette jeune femme mordue au poignet ne raconte pas seulement la rencontre tendue entre une plongeuse et un requin. Elle met aussi en lumière une tension bien actuelle entre l’envie d’expériences fortes et la responsabilité de chacun en milieu naturel.
Les experts qui se sont penchés sur l’incident sont unanimes : il n’y a pas de signe que les menstruations aient joué un rôle déterminant dans cette morsure. Tout pointe plutôt vers une approche trop directe d’un animal sauvage, déjà très sollicité par le tourisme et potentiellement conditionné par le nourrissage.
Dans un contexte où les morsures de requin nourrice restent rares, cet épisode agit comme un rappel : ce ne sont pas les requins qui réclament des selfies, ni les animaux qui demandent qu’on « joue » avec eux. Ce sont les pratiques humaines – la mise en scène pour les réseaux sociaux, la course à l’adrénaline et le manque de respect des consignes – qui créent les situations les plus dangereuses.
Et c’est bien là la révélation principale de cette affaire maldivienne : derrière la peur du squale et les fantasmes autour du sang dans l’eau, ce sont d’abord nos comportements vis-à-vis de la nature, et en particulier ceux amplifiés par certains influenceurs, qui augmentent réellement le risque de morsure.