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Retraite complémentaire : ce que prévoit vraiment l’Agirc-Arrco face à l’inflation

Publié par Killian Ravon le 17 Oct 2025 à 16:57

Chaque automne, la même question tombe : la revalorisation des pensions complémentaires de l’Agirc-Arrco va-t-elle coller à l’inflation ressentie par les retraités ? Dans les foyers, on ne parle pas de pourcentages mais d’euros qui rentrent vraiment sur le compte. D’un côté, des prix de l’énergie, de l’alimentation et des soins qui pèsent. De l’autre, une augmentation annuelle des points Agirc-Arrco, décidée par les partenaires sociaux, qui ne suit pas automatiquement la hausse des prix au centime près.

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Couple de retraités à leur table de cuisine, concentrés sur un relevé Agirc-Arrco pendant que l’homme utilise une calculatrice, en lumière du matin.

Il faut donc rappeler une règle souvent méconnue : dans ce régime, l’indexation n’est pas un simple « copier-coller » de l’inflation. Elle dépend d’une formule encadrée, avec une petite sous-indexation possible et une marge d’ajustement. Comprendre cette mécanique, c’est la meilleure façon d’anticiper ce que vous verrez — ou non — sur votre virement de pension complémentaire.

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Comment est fixée la hausse des pensions Agirc-Arrco

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L’Agirc-Arrco fonctionne par points. Pendant la carrière salariée, on acquiert des points via les cotisations. À la retraite, ces points sont convertis en pension grâce à une valeur de service du point, qui, elle, est revalorisée chaque année au 1er novembre.

La règle officielle s’appuie d’abord sur l’évolution des prix à la consommation hors tabac estimée par l’Insee pour l’année en cours. À cette inflation de référence, le régime applique en principe un –0,4 point. C’est la sous-indexation prévue, destinée à contribuer à l’équilibre du système. Ensuite, le conseil d’administration peut ajuster à la marge, dans une fourchette de ±0,4 point. En clair, même si l’inflation est de 1 %, la hausse théorique se positionne autour de 0,6 %, avec la possibilité d’aller jusqu’à 1 % si une fraction de la marge est utilisée à la hausse.

C’est là l’essentiel : l’Agirc-Arrco n’est pas automatique à 100 % de l’inflation, et la décision finale reflète un arbitrage économique et financier. L’objectif est de préserver le pouvoir d’achat des retraités sans creuser de déficit durable.

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Gros plan d’une calculatrice financière HP-12C affichant des chiffres, posée à plat.
Outil emblématique de calculs financiers, la HP-12C illustre la vérification d’une pension complémentaire. (Crédit : Mze, domaine public / Wikimedia Commons)

Ce que cela change concrètement sur votre virement

Si votre pension complémentaire mensuelle est de 1 000 €, une hausse de 0,6 % représente environ +6 € par mois, tandis qu’une hausse de 1 % équivaut à +10 € par mois. C’est modeste, surtout si l’on compare aux revalorisations plus marquées des années de forte inflation. En revanche, cela reste une progression qui s’additionne à l’évolution de la pension de base, elle, revalorisée à un autre moment de l’année et selon d’autres règles.

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Il faut aussi tenir compte des prélèvements sociaux (CSG, CRDS, CASA) qui modulent le montant net que vous percevez. Une modification de taux peut annuler en partie la revalorisation, ou au contraire l’accentuer chez certains foyers. Voilà pourquoi la première paye qui suit une revalorisation ou une régularisation sociale peut surprendre à la hausse comme à la baisse.

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Pourquoi l’Agirc-Arrco garde une marge et une sous-indexation

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La sous-indexation de 0,4 point et la marge de manœuvre répondent à un impératif : maintenir la solidité financière du régime complémentaire du privé sur la durée. Le système par répartition, soumis au vieillissement démographique et aux à-coups de conjoncture, doit piloter sa trajectoire. Quand l’inflation est élevée, appliquer l’intégralité du pourcentage aux pensions peut coûter très cher aux caisses. Quand elle ralentit, la règle ménage un peu d’oxygène budgétaire tout en laissant la porte ouverte à un coup de pouce.

Concrètement, cette gouvernance évite les montagnes russes. La valeur du point évolue chaque année, mais selon une boussole qui combine prix, équilibre et capacité d’ajustement. Pour le retraité, ce n’est pas spectaculaire, mais c’est prévisible. Et cela limite les mauvaises surprises, même si la perception de l’inflation réelle — celle du caddie et des factures — reste parfois en décalage.

Calculatrice scientifique Casio FX-82 sur fond vert, vue en diagonale.
Une calculatrice simple pour suivre l’inflation et la revalorisation Agirc-Arrco. (Crédit : Joost J. Bakker IJmuiden / CC-BY 2.0 / Wikimedia Commons)
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Ce qui s’est passé récemment et pourquoi c’est important

Ces dernières années, on a connu plusieurs cas de figure. Après une période de forte inflation, la revalorisation complémentaire a été significative, avant de ralentir quand les prix se sont tassés. Cette alternance illustre bien l’avantage d’une règle écrite : elle lisse les variations et ancre les attentes. Mais elle rappelle aussi une évidence un peu frustrante : à moins que le conseil d’administration n’aille au maximum de sa marge, la hausse ne colle pas totalement à l’inflation.

Dans le débat public, ce point est souvent sous-estimé. Beaucoup pensent que « l’indexation » est automatique. Elle ne l’est pas. Elle est encadrée. C’est précisément ce cadre qui explique pourquoi les écarts entre inflation et pensions peuvent persister, surtout si la hausse des prix est concentrée sur des dépenses incontournables des seniors, comme l’alimentation, l’énergie ou certains services de santé.

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Calculatrice et stylo posés sur des documents financiers.
Faire ses comptes : confronter la valeur du point et les dépenses réelles. (Crédit : stevepb / Pixabay License)

Ce que vous pouvez anticiper chez vous, poste par poste

Pour prendre la mesure de l’impact, regardez vos dépenses courantes. Si votre budget énergie a reculé, la pression s’atténue. Si l’alimentaire demeure votre premier poste, une hausse de 0,6 % à 1 % sur la pension complémentaire ne suffira pas à effacer les hausses cumulées des deux dernières années. À l’inverse, si vous avez peu de charges fixes et une pension de base qui progresse au 1er juillet, l’addition des deux revalorisations peut jouer un rôle réel sur votre trésorerie.

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N’oubliez pas la fiscalité et les prélèvements sociaux. Un changement de tranche de CSG ou une régularisation peut absorber une partie du gain. Surveillez aussi les calendriers de versement, qui peuvent décaler l’affichage de la hausse d’un mois à l’autre.

Le calendrier : pourquoi la hausse ne se voit pas toujours tout de suite

La revalorisation Agirc-Arrco intervient au 1er novembre, mais l’effet visible dépend de la date de virement et de votre banque. Si vous ne constatez rien au début du mois, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’augmentation. Elle peut s’afficher avec un léger décalage. Ce détail technique crée souvent des incompréhensions, d’autant que d’autres prestations sociales — APL, par exemple — suivent des calendriers différents et s’affichent avec un mois de retard.

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Sur un plan pratique, la bonne méthode consiste à comparer vos relevés de pension complémentaire entre octobre et décembre. Vous verrez la variation brute, puis l’effet net après prélèvements.

Piles de pièces près d’une horloge de table.
Pouvoir d’achat dans le temps : l’indexation ne rattrape pas toujours les prix. (Crédit : nattanan23 / Pixabay License)

Et si l’inflation repartait plus fort ?

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Le cadre de revalorisation est révisable chaque année par décision des partenaires sociaux, mais il ne change pas au gré des humeurs. Si l’inflation accélère franchement, la marge de ±0,4 point peut être utilisée, mais ne transforme pas magiquement une hausse modeste en rattrapage intégral. En cas de choc durable sur les prix, ce sont d’autres leviers qui compteraient : politiques publiques sur l’énergie, mesures ciblées pour les ménages modestes, ou, plus globalement, évolution des règles lors d’une future négociation.

Pour l’heure, le scénario central reste celui d’une inflation modérée, avec une revalorisation qui s’échelonne à un niveau contenu.

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Le point à retenir, chiffré et sans détour

Le cœur du sujet tient en une fourchette très simple à comprendre pour les retraités du privé : pour une inflation hors tabac estimée autour de 1 %, la règle Agirc-Arrco aboutit à une hausse de 0,6 % en référence, avec la possibilité d’aller jusqu’à 1 % si le conseil d’administration utilise sa marge du bon côté. Pour 1 500 € de pension complémentaire, on parle donc d’environ +9 € par mois avec 0,6 %, et +15 € avec 1 %. C’est peu spectaculaire, mais c’est la logique d’un régime qui privilégie la stabilité.

Colonnes de pièces empilées alignées sur un bureau.
Une hausse modeste, mais tangible sur la pension complémentaire chaque mois. (Crédit : nattanan23 / Pixabay License)
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La révélation que vous attendiez

En clair, non, votre pension complémentaire Agirc-Arrco ne suivra pas automatiquement l’inflation à 100 %. Elle devrait se situer **entre 0,6 % et 1 % dans un scénario d’inflation proche de 1 %, la décision finale dépendant de l’usage de la marge d’ajustement. La revalorisation restera donc positive, mais légèrement sous l’inflation si la marge n’est pas pleinement mobilisée — et c’est précisément ce qui explique pourquoi le ressenti peut rester en retrait face aux prix du quotidien.

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