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Temu : il pensait faire une bonne affaire, sa commande lui coûte finalement 600 €

Publié par Killian Ravon le 06 Oct 2025 à 22:03

Depuis quelques années, Temu s’est imposé dans le paysage du e-commerce européen avec une promesse simple. Des prix mini et un choix XXL. La recette est connue, inspirée d’AliExpress ou de Shein : promotions agressives, codes de réduction permanents, frais de port attractifs, campagnes publicitaires massives. Pour beaucoup d’acheteurs, l’expérience se résume à ce plaisir immédiat de remplir son panier. Et d’attendre que les petits colis arrivent. Pour d’autres, elle se heurte à la réalité des transports, des retards, des retours… et des douanes.

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Notification « Customs » affichée sur un smartphone devant un colis Temu, posés sur une table en bois.

La France, de son côté, tente de reprendre la main. La loi “anti-fast fashion” veut encadrer la communication et la volumétrie d’articles mis en vente par ces géants du low-cost, en pointant l’impact environnemental et la question de la qualité. Dans les faits, les habitudes des consommateurs évoluent plus vite que les textes. Les plateformes, elles, continuent d’attirer par l’argument prix, sans toujours mettre en lumière ce qui se passe une fois le produit en route vers l’Europe.

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Quand la livraison se transforme en parcours du combattant

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Au départ, l’histoire est banale. Un panier de bric et de broc, exactement comme en promettent les applications de vente à bas prix : des ballons décoratifs, des éponges de cuisine, un maillot de bain, un t-shirt, une pince à cheveux. Total : un peu plus de quarante euros. La commande est validée, l’acheteur patiente. On lui annonce un délai de quelques semaines, ce qui ne surprend plus personne pour des colis expédiés depuis l’Asie. Les notifications rassurent, le suivi bouge à peine, puis tout finit par se figer dans un flou logistique.

C’est souvent à ce moment que la frustration commence. On guette le facteur, on rafraîchit l’application, on contacte le support. On s’accroche au fil chronologique affiché sur l’écran du smartphone. Et quand le colis semble enfin approcher. D’autres acteurs entrent en scène : service postal national, sous-traitants du dernier kilomètre, services de déclarations. Surtout, un maillon crucial du trajet est encore devant soi : le contrôle douanier.

Le rôle des douanes, trop souvent sous-estimé

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Dès que des marchandises entrent sur le territoire européen, leurs caractéristiques peuvent entraîner des vérifications. Emballage, nature du produit, propriété intellectuelle, conformité aux normes, signalement par un ayant droit… autant de critères qui peuvent déclencher une inspection. Les contrôles se font par sondage, par ciblage, par information transmise, ou parce qu’un lot ressemble à un précédent déjà saisi. Contrairement à une croyance tenace, “petit prix” ne signifie pas “petite vigilance”.

Les agents ne s’intéressent pas uniquement aux colis commerciaux de grande valeur. Les petits paquets cumulent, au contraire, beaucoup de signaux faibles : multiples expéditeurs, étiquetage minimal, descriptions génériques, valeurs déclarées très basses. À l’échelle d’un continent, c’est un océan de micro-envois qui submerge les centres de tri. Et dans cet océan, une partie des produits imitent des marques, des personnages ou des modèles déposés.

Smartphone affichant un panier d’achat, symbole d’achat en ligne.
Le réflexe du clic facile : e-commerce et achats impulsifs. Crédit : Pixabay (libre).
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Le piège de la contrefaçon… même quand on ne “cherche” pas à frauder

Nombre d’acheteurs ne pensent pas tomber dans la contrefaçon lorsqu’ils commandent un t-shirt “inspiré de” ou une pince à cheveux décorée avec un personnage “qui y ressemble”. Pourtant, le droit est clair : si un objet reprend des éléments protégés par le droit d’auteur ou par un marque déposée, il peut être considéré comme contrefait. L’argument “je ne savais pas” n’efface pas l’infraction. Et l’acheteur n’est pas seulement un consommateur : d’un point de vue douanier, il devient importateur lorsqu’il fait venir un produit sur le territoire.

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Dans ce contexte, les plateformes ne sont pas toujours un rempart. Elles retirent des fiches produits signalées, elles coopèrent parfois avec les autorités, mais elles ne contrôlent pas systématiquement l’ensemble des vendeurs. Elles mettent aussi en avant des visuels attractifs qui brouillent la frontière entre l’hommage et la copie. Résultat : l’acheteur achète en confiance, et découvre trop tard que les articles ne sont pas ce qu’ils prétendent être.

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La facture cachée du low-cost

Les coûts “cachés” du low-cost ne se limitent pas aux retours compliqués ou aux retards. Ils incluent des éléments bien plus pénibles : saisie des marchandises, détruction, amendes, voire procédures judiciaires en cas de volumes importants. Plusieurs pays européens rappellent que la responsabilité de l’importateur, même particulier, est engagée dès l’instant où il introduit un produit contrefait dans le pays.

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Pour l’acheteur, c’est un effet de ciseau : le produit très abordable se transforme en source d’ennuis, alors même qu’il n’a pas profité de la livraison. Et la plateforme, de son côté, peut répondre avoir retiré les références incriminées… sans que cela efface la situation individuelle de celui qui s’est fait contrôler.

Bâtiment de centre de tri de colis.
Des millions de paquets transitent chaque jour par les centres de tri. Crédit : David Dixon, CC BY-SA 2.0.

L’Europe serre la vis

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Sur fond de débats autour de l’empreinte carbone des petits colis et de la concurrence entre modèles économiques, la tendance est au durcissement. La France avance sur l’encadrement des volumes et de la publicité des acteurs de la fast fashion. À l’échelle européenne, on discute de mécanismes pour mieux financer les contrôles et responsabiliser les plateformes, afin que les normes appliquées en magasin s’appliquent aussi à ce qui arrive par la poste.

Pour les consommateurs, le message est double. D’abord, ne pas laisser le prix seul guider l’achat, mais vérifier la nature exacte des produits, les mentions légales, la présence de marques ou de personnages sous licence. Ensuite, anticiper d’éventuels frais d’import et de TVA, même pour des montants modestes, dès que la commande transite hors UE. Ce réflexe évite les mauvaises surprises… mais pas la sanction si un article est bel et bien une copie.

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Panneau routier italien indiquant un contrôle douanier.
Frontières et contrôles : la douane reste l’arbitre final. Crédit : Wikimedia Commons, SVG libre.
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Ce que l’acheteur aurait pu voir venir

Un panier qui compile des articles très bon marché, aux visuels “inspirés”, sans mention officielle de licence, constitue un faisceau d’indices. Les délais qui s’allongent, les notifications qui s’enlisent au statut “traitement douanier”, le suivi qui oscille entre “en transit” et “en attente d’informations” sont autant de signaux. Ce n’est pas systématique, mais dès que la douane immobilise un colis, elle vérifie la conformité et, si nécessaire, notifie l’acheteur.

Dans pareille situation, contester “sur le moment” est rare. Le plus souvent, la facture tombe d’abord, les recours viennent ensuite. Ils consistent à démontrer l’authenticité du produit, à présenter une licence, à prouver une erreur de lot. Autant dire que pour un t-shirt à quelques euros ou une pince décorative, l’équation devient vite défavorable.

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Matériel et zones de tri du courrier.
Le tri, étape clé où se déclenchent des contrôles ciblés. Crédit : Wikimedia Commons, CC.

Ce que les plateformes promettent… et ce qu’elles ne garantissent pas

Les applications mettent en avant la protection des acheteurs, les remboursements en cas de colis non livré, la suppression des annonces douteuses dès qu’elles sont signalées. Mais ces protections ne valent pas dispense de respecter le droit local. Une fois le paquet entre les mains de la douane, la relation commerciale avec la plateforme passe au second plan. On ne parle plus de SAV ou d’expérience client, on parle de respect des droits de propriété industrielle et d’importation régulière.

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C’est là qu’un malentendu persiste : la plupart des utilisateurs pensent que la plateforme “couvre” tout. En réalité, elle couvre parfois la transaction commerciale. Le volet réglementaire et pénal, lui, reste du ressort de l’acheteur dès lors qu’il est destinataire-importateur.

À retenir avant de cliquer

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Avant de valider une commande, il faut se poser trois questions simples. Premièrement : l’objet affiche-t-il une marque connue, un personnage protégé, un design repérable ? Deuxièmement : la fiche mentionne-t-elle une licence officielle ou un fabricant identifié ? Troisièmement : suis-je prêt à assumer des frais ou des sanctions si la réponse aux deux premières est floue ? Ce trépied ne garantit pas zéro risque, mais il réduit nettement la probabilité de se retrouver au mauvais endroit du circuit.

Et si le panier est essentiellement décoratif, festif ou “fun”, mieux vaut privilégier des vendeurs clairement identifiés dans l’UE, des marketplaces qui exigent des justificatifs de droits, ou des boutiques locales où l’on peut vérifier sur place.

Visuels relatifs aux services douaniers italiens.
En Italie, la surveillance s’appuie sur plusieurs corps, dont la Guardia di Finanza. Crédit : Wikimedia Commons
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Ce qui s’est réellement passé dans cette affaire

L’acheteur dont il est question ici n’a jamais reçu ses articles. Après trois mois d’attente, il n’a pas vu arriver un colis, mais un avis de la douane… accompagné d’une amende. Pourquoi ? Parce qu’il avait été considéré comme importateur de marchandises et que le contrôle a révélé des contrefaçons : un t-shirt et une pince à cheveux reprenant des personnages Disney (“Monstres et Cie”, “Vice-Versa”), sans licence. En Italie, l’échelle des sanctions pour ce type de délit va de 300 à 7 000 €. Dans son cas, la note s’est élevée à 618 €, soit près de quinze fois les 42,13 € dépensés au départ. La plateforme a, depuis, indiqué avoir retiré les références incriminées, tout en appelant les acheteurs à la prudence.

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