Attaque d’un fourgon pénitentiaire : où en est la traque de Mohamed Amra ?
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Le mardi 14 mai, un commando armé a attaqué un fourgon pénitentiaire dans l’Eure. Deux agents ont été tués dans l’attaque et trois autres blessés. Cet assaut a permis l’évasion de Mohamed Amra qui est depuis recherché. Mais où en est la traque du fugitif ?
L’attaque d’un fourgon pénitentiaire intégralement filmée
Le mardi 14 mai, un fourgon pénitentiaire a été attaqué lors du transfert d’un détenu. L’intégralité de l’assaut a été filmée par une caméra de surveillance du péage d’Incarville. Dans cette vidéo de plus d’une minute, on y voit une Peugeot 5008 noire arrivait à contre-sens sur l’autoroute 154 et s’encastrait brutalement dans le premier fourgon pénitentiaire.
Le deuxième véhicule pénitentiaire situé derrière le fourgon est contraint de s’immobiliser à son tour. Un homme cagoulé sort alors du véhicule Peugeot côté conducteur et un deuxième individu apparaît. Ce dernier pointe son arme en direction de la portière ouverte, côté passager, du fourgon pénitentiaire.
L’homme tire à plusieurs reprises alors que d’autres braqueurs apparaissent avec leurs armées pointées sur les véhicules. Autour d’eux, les camions et voitures passent le péage sans s’approcher de l’attaque dans laquelle au moins deux des cinq agents pénitentiaires ont perdu la vie.
Dans la suite de la vidéo, on voit un des assaillants faire glisser la porte coulissante du fourgon. Une silhouette noire s’extrait alors du véhicule, il s’agit du détenu Mohamed Amra. Pendant ce temps, les braqueurs surveillent les alentours, braquant leurs armes dans différentes positions.
Deux agents tués et un détenu en fuite
Qui sont les deux victimes ?
Un hommage national va avoir lieu ce mercredi après-midi en l’honneur des deux agents tués dans l’attaque. C’est ce qu’a annoncé le président de la République Emmanuel Macron ce dimanche 19 mai. Le chef de l’État rendra hommage au capitaine pénitentiaire Fabrice Moello et au surveillant brigadier Arnaud Garcia.
Fabrice Moello, 52 ans, était pacsé et père de deux jumeaux qui allaient fêter leur 21e anniversaire deux jours après l’attaque. Celui qui avait le grade de capitaine avait intégré l’administration pénitentiaire en 1996. L’autre agent tué s’appelait Arnaud Garcia et avait 34 ans.
Le trentenaire était surveillant brigadier depuis novembre 2009. Il attendait la naissance d’un enfant. Le jeune homme a laissé derrière lui une femme enceinte de cinq mois. Fervent supporter de l’équipe de football de Lens, allait devenir papa après des difficultés à procréer. Malheureusement, son enfant ne verra jamais son père, qui a tout fait pour lui donner la vie.
Son père a pris la parole et son témoignage est bouleversant. Passionné et engagé dans son métier, l’agent « adorait son métier », d’après son père. Désormais, son père attend ainsi « des réponses fermes de la part du gouvernement ». Choqué par la disparition de son fils, le papa demande justice. « Cet acte ne doit pas rester impuni« , lit-on chez RTL.
Le profil glaçant de Mohamed Amra
Le détenu qui s’est évadé est Mohamed Amra, surnommé « La Mouche ». L’individu âgé de 30 ans a été condamné à 18 mois de prison ferme pour des vols aggravés. Des vols qui auraient été commis dans des commerces et des supermarchés d’Evreux en 2019. L’individu avait déjà plusieurs condamnations criminelles à son actif.
Il avait été mis en examen pour tentative d’homicide, mais aussi pour un homicide volontaire dans le cadre d’une affaire de stupéfiants. Mohamed Amra, dont la mère est sortie du silence, a été incarcéré dans plusieurs prisons ces dernières années : les Beaumettes à Marseille, la Santé à Paris et dernièrement Évreux. Le fugitif serait à la tête d’un réseau de stupéfiants.
Malgré un casier judiciaire bien rempli et de nombreuses condamnations, Mohamed Amra n’a pas le profil d’un parrain du crime. Son avocat est d’ailleurs étonné de cette évasion. Invité sur le plateau de BFMTV le soir du drame, Me Hugues Vigier se dit « abasourdi ». « J’ai peine à imaginer que ce garçon puisse être impliqué », indique-t-il.
Que faire si vous croisez le fugitif ?
Mais comment devez-vous réagir si vous croisez la route de Mohamed Amra ? La gendarmerie appelle à la plus grande vigilance. Et le premier conseil des forces de l’ordre reste d’agir de façon naturelle.
« Ces individus et la Mouche souhaitent passer inaperçus. Il faut agir de manière naturelle pour qu’ils ne s’aperçoivent pas que vous les avez reconnus », a indiqué le porte-parole de la gendarmerie nationale au média actu.fr. Cependant, votre aide peut être précieuse pour faire avancer l’enquête et appréhender les individus.
Mais après avoir aperçu la Mouche et ses complices, quelle est la suite ? Les forces de l’ordre vous conseillent vivement de vous rendre physiquement au commissariat de police le plus proche. « Soyez précis sur l’heure, le lieu, les vêtements, tous les détails qui vont permettre aux agents d’avancer dans l’enquête », souligne le porte-parole de la gendarmerie nationale.
Où en est la traque de Mohamed Amra ?
L’évasion de Mohamed Amara est-elle un enlèvement ?
Une question demeure : « la Mouche » était-il au courant qu’on venait le chercher ? Il y a plusieurs possibilités, selon son avocat. « J’aimerais qu’il ne le sache pas, imaginer qu’il n’est pas le commanditaire, le co-auteur. Ça ne changera rien au drame », explique-t-il avant d’ajouter : « j’en ai connu des évasions, des tentatives d’évasion, où les gens concernés n’étaient pas prévenus pour que par leur comportement ou par leur attitude ils ne manifestent rien qui puisse alerter ».
Mais une autre possibilité est avancée par son avocat : « C’est qu’on soit venu le chercher non pas pour le libérer mais pour l’avoir à disposition et peut-être pour lui faire payer ce qu’on suppose qu’il aurait lui-même commis ».
Est-il possible que Mohamed Amra ne se soit pas évadé ? Il aurait pu être victime d’un enlèvement. C’est la théorie avancée par Frédéric Ploquin, journaliste spécialiste du grand banditisme. Il affirme avoir échangé avec des grands voyous qui ne sont pas convaincus que le détenu se soit évadé.
« On peut effectivement imaginer, dans la mesure où cet homme est a priori dans une guerre avec un certain nombre de concurrents, l’hypothèse selon laquelle on est venu le chercher pour d’autres raisons : le faire parler, lui demander de l’argent… » , détaille-t-il. Cette théorie se confirmera-t-elle ?
Des auditions et des perquisitions réalisées
Près d’une semaine après le drame, Mohamed Amra, le détenu qui était transféré par les agents pénitentiaires, est toujours en fuite. S’il n’a pour l’heure toujours pas été retrouvé, l’enquête avance. Les magistrats et 350 enquêteurs sont entièrement mobilisés.
Le vendredi 17 mai, des proches du fugitif ont été auditionnées, notamment ses parents et son ex-compagne. Plusieurs perquisitions ont également eu lieu chez plusieurs de ses proches, principalement à Rouen.
Les enquêteurs travaillent également sur les éléments recueillis au péage d’Incarville, où a eu lieu l’attaque, et sur les deux voitures qui ont été retrouvés brûlées après les faits. Une attention particulière est aussi portée à l’environnement numérique de Mohamed Amra.
Un téléphone en cours d’analyse
Deux mandats d’arrêt nationaux ont été émis à l’encontre du détenu en fuite et une notice rouge d’Interpol a été diffusée à la demande des autorités françaises. Ce signalement international pourrait permettre de localiser Mohamed Amra au cas où il aurait quitté la France. En effet, tous les pays sont membres d’Interpol, sauf la Corée du Nord, le Sahara occidental et quelques îles du Pacifique.
Il s’agit d’une demande de collaboration internationale afin de retrouver une personne, mais « il appartient à chaque pays membre de décider de donner suite ou non à une notice rouge ». Aujourd’hui 6 791 notices rouges sont émises dont 46 concernent des Français. Les notices rouges contiennent de nombreuses données sur les fugitifs (photo, taille, nationalité…).
Sur cette notice figurent « des informations sur l’infraction pour laquelle cette personne est recherchée, comme un meurtre, un viol, un abus pédosexuel ou encore un vol à main armée ». Dans le cadre de faits graves comme pour Mohamed Amra, les notices sont diffusées publiquement et visibles sur le site d’Interpol.
Au vu des premiers éléments de l’enquête, le fugitif semblait avoir peaufiné son plan. Par ailleurs, un téléphone avait été retrouvé dans la cellule du détenu et est en cours d’analyse. Mohamed Amra avait d’ailleurs commencé à scier les barreaux de sa cellule la veille de son évasion.
