C’est fini pour Gamm Vert : les jardiniers vont être privés de magasin dans ces grandes villes
Depuis des années, le jardinage s’est imposé comme un loisir refuge. On y cherche du calme, un sentiment d’utilité et, parfois, une petite bouffée d’économie domestique grâce au potager. Les enseignes spécialisées ont surfé sur cette vague, proposant plants, semences, outillage, animalerie et déco extérieure. Dans beaucoup de villes, ces grands espaces verts sous verrière font partie du paysage commercial du week-end.
Pourtant, derrière les allées de plants de saison, la réalité est plus fragile qu’elle n’en a l’air. Les marges dépendent fortement des saisons, de la météo et des coûts logistiques. Le moindre faux pas se paie cash à l’échelle d’une chaîne nationale.
Pourquoi le modèle se tend
Plusieurs vents contraires se cumulent. Les coûts de transport et d’énergie ont renchéri la mise en rayon des végétaux. Les carnets de commandes des pépiniéristes sont devenus plus volatils au gré des printemps capricieux. Et côté clients, l’arbitrage se durcit entre le plaisir d’un balcon fleuri et le pouvoir d’achat serré. Dans ce contexte, certaines surfaces spécialisées n’atteignent plus le trafic nécessaire pour rester rentables.
S’ajoute la concurrence des hypermarchés et bricolage qui ont musclé leurs rayons jardin pour capter les achats impulsifs. En période de tension budgétaire, beaucoup de ménages privilégient l’achat « au passage » plutôt que la visite dédiée.
Les conséquences immédiates pour les clients
La fermeture d’un point de vente ne supprime pas l’envie de plantes, mais elle modifie les habitudes. On reporte ses achats vers une autre jardinerie plus éloignée, un site en ligne, un marché de producteurs ou la pépinière locale. Les grandes enseignes savent que perdre la proximité, c’est prendre le risque de perdre le panier complet, du terreau aux pots en passant par la déco.
À court terme, on observe souvent des opérations de déstockage, intéressantes pour les consommateurs vigilants. À moyen terme, les choix de gamme se resserrent dans la zone de chalandise, avec des références plus « cœur de marché » et moins d’exotisme botanique.
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Ce que cela révèle du secteur
Le marché reste dynamique, mais il s’oriente vers un mix plus flexible : moins de mètres carrés structurellement coûteux, davantage d’événementiel saisonnier, et un digital mieux huilé pour les réservations de plants et de bulbes. Les enseignes qui performent sont celles qui articulent conseil, qualité perçue et logistique rapide, plutôt que la simple course au volume.
Par ailleurs, l’attrait grandissant pour les variétés locales et les filières courtes pousse les acteurs à revaloriser l’offre régionale. C’est un levier d’image… et un moyen de réduire les risques liés au transport des végétaux délicats.
Les salariés au cœur de la tourmente
Derrière les rideaux qui se baissent, il y a des équipes. Conseillers, horticulteurs, vendeurs animalerie, caissiers : tout un savoir-faire rare, précieux au printemps, et qui peut se retrouver sur la sellette en cas de réorganisation. Les enseignes privilégient souvent des reclassements lorsqu’un autre magasin existe à distance raisonnable, mais cela n’est pas toujours possible. Pour les territoires concernés, la perte d’un employeur local pèse aussi symboliquement.
Et pour votre budget jardin, quelles alternatives concrètes ?
Même sans l’enseigne d’à côté, on peut maintenir un panier jardin raisonnable. Les marchés locaux permettent de dénicher des jeunes plants vigoureux à prix doux, souvent adaptés au climat. Les pépinières indépendantes, parfois un peu excentrées, misent sur la qualité et le conseil. Enfin, planifier ses achats par périodes de plantation et mutualiser les gros volumes de terreau avec des voisins limitent la note.
Pour l’outillage, le réflexe seconde main fait des merveilles. Et côté déco, quelques plantes vivaces bien choisies remplacent avantageusement une rotation coûteuse de fleurs annuelles.
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Ce qui se joue vraiment derrière un rideau baissé
Quand une grande enseigne ajuste son maillage, ce n’est pas seulement un arbitrage comptable. C’est l’aveu d’un modèle qui cherche une nouvelle cadence, plus sobre en m², plus précis en prévisions météo, plus agile entre le magasin, le drive et la livraison. Le secteur ne rétrécit pas, il se recompose. Les acteurs capables de se spécialiser, de raconter le bien-être lié aux plantes et d’orchestrer un parcours d’achat sans friction conserveront l’avantage.
Le numérique comme roue de secours… à condition d’être bien exécuté
La fermeture d’un magasin bouscule les habitudes, mais le click-and-collect et la commande en ligne peuvent amortir le choc si l’exécution suit. Un bon site doit afficher les stocks en temps réel, indiquer la fraîcheur des plants et proposer des créneaux de retrait adaptés aux pics du samedi. Sans ces garanties, le client hésite et reporte ses achats au printemps suivant.
Le parcours idéal combine conseils d’experts en visio, fiches variétales claires, et livraison maîtrisée pour les végétaux fragiles. Quand le numérique fluidifie l’expérience, l’enseigne garde le panier complet, du terreau aux pots, plutôt que de voir filer les achats vers les hypermarchés et le bricolage.
Producteurs locaux, météo et nouveaux calendriers de plantation
La recomposition du secteur ouvre un espace aux pépinières locales et aux marchés de producteurs. Avec des variétés adaptées au microclimat, ils sécurisent mieux les saisons chahutées. Les clients apprennent à décaler leurs achats, à privilégier des vivaces sobres en eau et à fractionner les plantations selon les fenêtres météo, plutôt que de tout miser sur deux week-ends de printemps.
Pour les territoires concernés, c’est l’occasion de tisser des partenariats courts entre horticulteurs et communes, composteries et écoles. Quand la météo fait la loi, la planification fine et la proximité remplacent l’abondance de rayon. Résultat : un jardinage plus résilient, piloté par la réalité du climat et le pouvoir d’achat réel des ménages.
Ce que l’enseigne visée a décidé… et où
Pendant des semaines, la rumeur a enflé. Les équipes ont été informées, les élus locaux alertés, les clients interloqués devant les rayons qui se vidaient plus vite que d’habitude. Et la décision est désormais actée : trois magasins ferment leurs portes, avec un impact sur l’emploi local et les habitudes d’achat.
Révélation : les fermetures concernent les sites de Sainte-Suzanne, Saint-André et Sainte-Rose, sur l’île de La Réunion, avec un arrêt fixé au début du mois de novembre 2025. Des représentants locaux ont évoqué une dizaine de postes supprimés et un projet de vente de stocks avant fermeture, dans un contexte de rentabilité insuffisante.