Temu réplique après l’opération d’un ado ayant avalé une centaine d’aimants : « nos produits sont conformes »
Deux jours après la révélation d’un cas d’ingestion massive d’aimants par un adolescent de 13 ans en Nouvelle-Zélande. Temu affirme que les références proposées sur sa plateforme de vente en ligne respectent la réglementation locale.
S’appuyant sur une enquête interne. Le groupe dit n’avoir « pas été en mesure » d’attester que les aimants en cause avaient été achetés chez lui. Mais saviez-vous que le type d’aimants évoqué par la revue NZMJ fait l’objet d’une interdiction en Nouvelle-Zélande ?
Ce que dit Temu après l’alerte médicale
Interpellé après la publication d’un compte rendu clinique par le New Zealand Medical Journal (NZMJ), Temu a transmis une position ferme. Les aimants présentement disponibles sur le site sont « conformes à la réglementation néo-zélandaise ». Dans la foulée, la plateforme a indiqué avoir « comparé la photo parue dans le journal ». Avec des fiches produits similaires hébergées sur son marketplace. Ce détail que peu de gens connaissent. Au-delà de la conformité affichée, la marque souligne aussi que des références comparables sont vendues « par d’autres acteurs en ligne et en magasin ». Une manière de replacer cet article de boutique dans un paysage plus large de distribution.
L’entreprise, propriété du groupe chinois PDD Holdings, martèle cependant un message de prudence. Ces produits, bien qu’autorisés à la vente, « peuvent présenter un danger en cas d’ingestion ». Une précaution rhétorique qui s’impose au regard du cas clinique mis en lumière. Et qui rappelle qu’un article conforme sur l’étagère peut devenir problématique selon l’usage… ou l’âge de l’utilisateur.
Crédit : Visitor7 / CC BY-SA 3.0.
Que s’est-il passé pour l’ado de 13 ans ?
Les faits ont été rapportés par la revue NZMJ. Un adolescent de 13 ans a été hospitalisé puis opéré après avoir avalé. Une semaine plus tôt, entre 80 et 100 aimants. Publiée vendredi, l’observation clinique précise la nature des objets ingérés : des aimants puissants au néodyme d’environ 5×2 mm. Au bloc, des parties nécrosées des intestins ont dû être retirées. Un geste chirurgical rendu nécessaire par l’assemblage interne de ces minuscules pièces qui peuvent s’attirer et pincer les tissus. Après l’intervention, l’adolescent a pu regagner son domicile, selon la même source.
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Dans ce contexte, Temu indique avoir ouvert une enquête interne et contacté la revue médicale. Sans parvenir, à ce stade, à « vérifier » l’achat des aimants sur sa plateforme de vente en ligne. La plateforme rappelle toutefois qu’elle exige le respect des normes locales pour les produits vendus. Une ligne rouge qu’elle dit faire appliquer à ses marchands.
:contentReference[oaicite:11]{index=11}Un produit autorisé… mais à risque en cas d’ingestion
C’est l’un des paradoxes de ce dossier : des aimants aussi petits que 5×2 mm peuvent être en circulation. Tout en étant susceptibles de causer des dégâts considérables en cas d’ingestion. Temu l’admet dans son communiqué : le produit est réglementairement autorisé, mais potentiellement dangereux. Cette double réalité invite à distinguer la conformité légale et l’innocuité pratique, surtout lorsque l’objet se retrouve à portée d’un adolescent de 13 ans.
Mais saviez-vous que ces aimants au néodyme, souvent présentés sous forme de billes ou de petites pastilles, sont appréciés pour leur puissance au regard de leur taille ? C’est précisément cette force d’attraction qui, dans un organisme, peut devenir problématique lorsque plusieurs unités se retrouvent à différents endroits du tube digestif. Sans extrapoler les faits médicaux rapportés, l’affaire souligne à quel point la manipulation de tels objets exige une vigilance familiale, indépendamment du canal d’achat.
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Crédit : Zchill / CC BY-SA 3.0.
L’enquête interne et la question de la traçabilité
Dans sa réponse, Temu revendique avoir comparé « la photo des aimants » publiée par la revue à des références disponibles sur son site. La marque insiste : faute d’éléments, elle n’a pas pu confirmer que l’achat provenait de chez elle. Au passage, la plateforme met en avant l’existence de produits « similaires » proposés par d’autres circuits, ce qui renvoie à une interrogation récurrente pour les marketplaces : la traçabilité fine d’un achat, surtout lorsque l’information initiale provient d’un tiers et non d’un reçu client.
Sur ce terrain, Temu tient un discours de conformité – réglementation respectée, normes suivies, enquête interne ouverte – tout en avertissant sur les risques d’usage. La marque, enfin, rappelle sa place dans un écosystème de vente plus large. Il reste que cette affaire, en raison du nombre d’aimants évoqué – entre 80 et 100 – et de la nécessité d’une opération avec ablation de parties nécrosées, frappe les esprits. D’où la sensibilité médiatique, d’autant que le cas a été consigné dans une revue scientifique.
Crédit : Eviatar Bach / CC0
Un débat relancé sur les plateformes et la sécurité des produits
Sans charger la barque, une critique – soft et discrète – émerge : l’argument de conformité, aussi indispensable soit-il pour un marketplace, ne répond pas entièrement aux interrogations du public quand survient un incident aussi marquant. Temu rappelle à raison qu’il n’est pas établi que l’achat ait eu lieu sur son site et que des produits comparables existent ailleurs. Pour autant, l’épisode rouvre le débat sur la pédagogie autour de la sécurité des objets aimantés et sur la place des avertissements d’usage, notamment lorsque l’article est attractif pour un public jeune.
Sans spéculer, on peut noter que le message « autorisé à la vente mais dangereux en cas d’ingestion » place le curseur sur l’utilisateur, tandis que la communication grand public pourrait, à l’avenir, insister davantage sur le risque spécifique lié au néodyme. Un accent qui ne remet pas en cause la réglementation, mais qui peut contribuer à limiter les accidents domestiques. C’est, au fond, l’équilibre délicat que les plateformes comme Temu doivent ajuster : garantir la conformité tout en rendant le risque compréhensible, concret et visible, notamment lorsque l’objet tient dans la paume d’une main.
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Crédit : Fabian perez / CC BY-SA 3.0.
La révélation principale, passée (presque) inaperçue
Dans la note publiée par la revue NZMJ, un point retient l’attention : l’adolescent aurait indiqué que les aimants en question – un type interdit en Nouvelle-Zélande depuis janvier 2013 – provenaient de Temu. La plateforme, elle, dit ne pas pouvoir le vérifier. C’est là toute la tension du dossier : un patient évoque un achat, un site répond sur la traçabilité et la conformité, et le public découvre qu’un type d’aimants est proscrit en Nouvelle-Zélande depuis 2013 alors que des références voisines, conformes aux normes, restent disponibles sur le marché. Une contradiction apparente qui explique, à elle seule, la sensibilité du sujet.