« Il m’a répondu que je pouvais dormir sur le canapé » : Georgette, 78 ans, voit son logement squatté depuis 20 ans
Épuisée, Georgette n’aspire plus qu’à une chose : vendre la maison qu’elle n’aura jamais habitée et laisser derrière elle ce chapitre angoissant.
Squatteurs : un phénomène visible qui prend de l’ampleur
Un cauchemar administratif et juridique. La problématique des squatteurs est désormais connue de tous. Pointés du doigt pour leur attitude véhémente, ils s’introduisent dans la vie des propriétaires sans crier gare et refusent d’en sortir, même sous la menace des forces de l’ordre et de la justice. Épuisés par les démarches et désespérés face au manque d’action des autorités, certains propriétaires en arrivent à se faire justice eux-mêmes. Une décision qui leur coûte cher, puisque les squatteurs effrontés se retournent contre eux et n’hésitent pas à déposer plainte.
Quand certains se battent quelques mois, d’autres en subissent les conséquences durant plusieurs années. Une bataille moralement usante, qui impacte la qualité de vie et même la santé des propriétaires.
C’est le cas de Georgette. Aujourd’hui âgée de 78 ans, elle voit enfin le bout d’un calvaire qui a débuté aux alentours de 2003. Fin des années 1990, Georgette travaille alors en région parisienne, mais prépare sa retraite. Songeant à investir dans son Ariège natale, elle porte son choix sur une ravissante maison de pierres de 90 m² avec garage.
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Le cauchemar de Georgette
Si l’acquisition se fait sans encombres, la maison nécessite quelques travaux de rénovation. En 2003, elle fait donc appel à un artisan local qui lui propose de contacter les professionnels et de se charger de la gestion locative une fois les travaux terminés. Soulagée de se débarrasser de ces tâches supplémentaires, Georgette accepte avec joie…
Elle perçoit les loyers comme convenu… jusqu’à ce que l’artisan s’installe dans progressivement dans la maison, sans avoir obtenu son accord. Georgette, qui ne perçoit alors plus de loyers et obtient des réponses de plus en plus espacées, décide de se rendre sur place. Elle découvre que sa maison lui est devenue inaccessible et que l’artisan si aimable s’y est installé. « Quand je lui ai dit que je voulais récupérer ma maison, il m’a répondu qu’il y était bien… Mais que je pouvais dormir sur le canapé », se souvient-elle dans les colonnes de La Dépêche.
Sans attendre, Georgette et son mari entament une procédure judiciaire contre l’artisan. S’ils ont espoir de récupérer leur maison au plus vite, ils vont vite déchanter et se heurter à la lenteur judiciaire et aux démarches interminables. Les mois, puis les années passent sans que rien ne bouge pour Georgette, qui vit désormais dans un logement social pour supporter les coûts de la procédure.
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L’expulsion repoussée par la trêve hivernale
Partagé entre désespoir et frustration, le couple devient presque obsédé par cette histoire sans fin. « On a eu quatre reports. À chaque fois, on nous demande de fournir de nouvelles pièces », confie l’homme. Il faudra attendre septembre 2025, soit près de vingt ans plus tard, pour que le tribunal statue en leur faveur. Verdict : « l’occupant est condamné à rembourser les loyers et dettes accumulées, soit environ 70 000 euros, et à verser 3 000 euros de dommages et intérêts au couple ».
Une bonne nouvelle pour Georgette, qui se heurte à un élément de taille, la trêve hivernale.
Celle-ci débute le 1ᵉʳ novembre et repousse donc l’acquisition définitive de la maison au printemps 2026. Une perspective déprimante, d’autant que l’artisan ne se prive pas pour les menacer. Il a en effet déclaré qu’il « brûlerait la maison avant de la quitter ». Des déclarations rapportées aux forces de l’ordre qui ne l’ont pas convoqué jusqu’ici. Par ailleurs, la maison présenterait de nombreux dégâts et ne serait plus assurée depuis vingt ans.
Si le cauchemar s’achève au printemps, Georgette envisage simplement de vendre la maison et ne plus y remettre les pieds. Seulement, là encore, le squatteur fait barrage et refuse de laisser entrer le diagnostiqueur chargé du DPE. Résultat, la vente est bloquée et le logement toujours occupé par l’homme qui leur a gâché la vie pas moins de vingt années. « On veut simplement tourner la page, vendre et vivre tranquillement », a glissé le mari de Georgette.