Psychologie positive : ces deux gestes simples qui changent vos conversations
En cette fin d’année 2025, un expert en psychologie positive rappelle que la manière dont nous parlons aux autres peut transformer notre quotidien.
En repartant d’une vieille règle attribuée à Confucius, il détaille trois principes concrets pour créer des relations plus profondes. Le plus puissant, pourtant, reste souvent négligé dans nos échanges du quotidien… et ne tient qu’à un détail apparemment banal.
Crédit : Alexis Brown / Unsplash via Wikimedia Commons.
Une règle d’or vieille de plusieurs siècles, appliquée à nos conversations
Confucius aurait formulé sa fameuse règle d’or dans un contexte de corruption et de crise morale : « Traite les autres comme tu aimerais qu’ils te traitent ». Cette phrase simple, répétée depuis des siècles, sert aujourd’hui de fil rouge à de nombreux spécialistes de la communication et du développement personnel.
Víctor Küppers, formateur et auteur spécialisé dans la psychologie positive, s’en inspire pour parler de la façon dont nous nous comportons avec les autres. Son idée est claire : ce principe ancien ne vaut pas seulement pour les grandes décisions de la vie, mais surtout pour les petits gestes qui rythment nos journées.
Pour lui, apprendre à mieux communiquer, c’est accepter que notre façon de regarder, de parler et surtout d’écouter l’autre a un impact direct sur la qualité de nos liens. Ce ne sont pas forcément de grandes théories, mais une série de micro-attentions qui finissent par dessiner des relations plus authentiques.
Dans cette perspective, le bonheur ne repose pas seulement sur ce que l’on possède ou sur nos réussites, mais sur la qualité de nos relations. C’est lorsqu’on se sent compris, respecté, bien accueilli dans le regard d’autrui, que l’on se sent réellement vivant. C’est là que les trois principes de Küppers entrent en scène.
Crédit : Vorspiel-Berlin / Wikimedia Commons.
Pourquoi notre cerveau préfère les visages ouverts
Le premier principe est d’une simplicité déconcertante : montrer un sourire. Küppers remarque que certains ont, de nature, un visage plutôt ouvert et chaleureux, presque toujours détendu. D’autres portent au contraire une expression plus fermée, sans même s’en rendre compte, comme si leurs traits s’étaient figés au fil des années.
Pour ceux-là, l’effort est réel : il faut apprendre à détendre le visage, à relever légèrement les commissures des lèvres, à faire l’inverse du fameux « visage renfrogné » que personne n’a envie de croiser. Ce n’est pas une question de se forcer à être joyeux en permanence, mais d’envoyer un signal de disponibilité et de bien-être.
Des travaux récents confirment ce que beaucoup ressentent intuitivement. Une étude scientifique menée par Yota Obayashi en 2024 a observé des conversations en face à face entre quarante personnes. Plus l’auditeur souriait, plus la personne qui parlait se mettait elle aussi à sourire. Le sourire se synchronise, presque comme un réflexe.
Cette synchronisation augmente la sympathie ressentie et le plaisir à interagir. D’autres recherches, publiées dans le Journal of Social Psychology, montrent que les personnes souriantes sont perçues comme plus agréables, chaleureuses et même plus intelligentes que celles qui gardent un visage fermé. En somme, l’expression faciale influence profondément la façon dont on est jugé en une fraction de seconde.
On comprend alors pourquoi Küppers considère le sourire comme un élément central de la communication. Un visage ouvert donne envie d’approcher, transmet des émotions positives, crée une atmosphère de confiance et réduit la tension. Dans un cadre professionnel, un sourire apaise les échanges, même dans les réunions tendues. Dans la sphère personnelle, il rend les rencontres plus légères et invite l’autre à se dévoiler un peu plus.
À lire aussi
Crédit : CCPE Rosario / Wikimedia Commons.
L’honnêteté, ce langage qui rassure sans en avoir l’air
Le deuxième pilier mis en avant par l’expert est moins visible, mais tout aussi déterminant : l’honnêteté. Là encore, l’idée paraît évidente. Pourtant, dans la pratique, être vraiment sincère dans ce qu’on dit et ce qu’on montre n’a rien d’automatique.
Pour Küppers, communiquer, c’est d’abord transmettre qui nous sommes. Si notre discours n’est pas aligné avec ce que nous pensons ou ressentons, les autres finissent par le percevoir. Nous avons tous une sensibilité aux incohérences : une parole aimable prononcée avec un ton froid, un compliment qui sonne faux, une promesse faite à la légère. Ce décalage mine peu à peu la confiance.
À l’inverse, l’honnêteté crée un sentiment de sécurité. Quand on sent qu’une personne est authentique, on se détend. On ose poser des questions, parler de ses doutes, exprimer aussi ses désaccords sans craindre d’être manipulé. Ce climat de sécurité émotionnelle est fondamental, aussi bien dans un couple qu’au travail ou dans une relation commerciale.
Ce détail que peu de gens remarquent, c’est que l’honnêteté ne se limite pas à dire la vérité factuelle. Elle implique aussi de reconnaître ses limites, d’admettre qu’on ne sait pas tout, de faire part de ses erreurs. Cette transparence, même imparfaite, nourrit un sentiment de respect mutuel et renforce l’estime de soi de chacun, car personne n’a besoin de jouer un rôle.
Évidemment, être honnête n’est pas toujours confortable. Il est plus simple parfois de contourner un sujet, de rester vague ou de dire ce que l’on pense que l’autre veut entendre. Pourtant, Küppers insiste : à long terme, cette sincérité paye toujours en matière de relations. Elle réduit le risque de malentendus, de rancœurs silencieuses et de blessures difficiles à réparer.
Crédit : PUJADAS211 / Wikimedia Commons.
L’écoute active, ce super-pouvoir relationnel
Le troisième principe, celui sur lequel Víctor Küppers s’attarde le plus, est considéré par lui comme la véritable clé de la communication : l’écoute active.
« Nous aimons tous être écoutés », rappelle-t-il. Lorsque quelqu’un nous prête une attention réelle, notre estime de soi augmente, nous nous sentons compris, importants, reconnus. Ce sentiment est universel, que l’on soit un enfant, un collègue ou un ami de longue date.
L’écoute active va bien au-delà du simple fait de se taire pendant que l’autre parle. Elle consiste à accorder une attention pleine et consciente, à la fois à ce qui est dit et à la manière dont c’est dit. On observe la voix, le regard, la posture. On cherche à comprendre le sens réel du message, pas seulement les mots qui le composent.
Sur le plan psychologique, cette façon d’écouter réduit considérablement les malentendus. Elle évite les réponses automatiques, les jugements hâtifs, les conseils balancés trop vite. Au contraire, elle ouvre un espace où l’autre peut clarifier ce qu’il ressent, parfois même découvrir lui-même ce qu’il veut vraiment dire.
Selon Küppers, plusieurs travaux montrent qu’être entendu et compris diminue notre réaction émotionnelle. Quand on raconte sa tristesse ou sa colère à un ami qui écoute vraiment, le poids se fait plus léger. Il ne s’agit pas d’effacer le problème, mais de ne plus le porter seul. L’empathie reçue agit un peu comme un amortisseur sur le choc émotionnel.
À lire aussi
Des efforts nécessaires
Cette compétence demande pourtant un effort. Écouter activement, c’est mettre son téléphone de côté, suspendre ses propres préoccupations, accepter de ne pas ramener immédiatement la conversation à soi. C’est une forme de générosité : pendant quelques minutes, l’autre devient la priorité. On pose des questions, on reformule, on montre par de petits signes qu’on suit vraiment.
Küppers le résume ainsi : écouter, c’est décider de penser « toi » avant « moi ». Un réflexe loin d’être naturel dans un monde où l’on a souvent l’impression de devoir se mettre en avant pour exister. Pourtant, c’est précisément ce renversement qui fait naître les liens les plus solides.
Quand être écouté apaise les émotions
L’écoute active a aussi un impact direct sur nos émotions. Lorsque quelqu’un accueille ce que nous ressentons sans nous juger, notre tension interne baisse. On respire mieux, on réfléchit plus clairement.
Dans un couple, par exemple, le simple fait de pouvoir exprimer sa frustration devant un partenaire qui écoute vraiment peut désamorcer des conflits plus graves. La personne ne se sent plus agressée ni attaquée, mais accompagnée. Ce mécanisme est le même entre amis, entre collègues ou même entre un client et un professionnel.
D’un point de vue de psychologie positive, cette qualité d’écoute renforce le sentiment de soutien social, un élément clé du bien-être. Savoir qu’on a quelqu’un à qui parler, qui saura entendre sans minimiser, joue un rôle protecteur face au stress et aux moments difficiles.
Là encore, cela peut sembler évident sur le papier, mais dans la pratique, beaucoup de discussions ressemblent plus à deux monologues parallèles qu’à un véritable échange. Chacun attend son tour pour répondre, plutôt que d’essayer de comprendre. C’est précisément ce réflexe que l’écoute active vient bousculer.
Küppers rappelle d’ailleurs que cette posture demande un vrai courage. Être attentif aux difficultés de l’autre, c’est accepter de se laisser toucher, de sortir quelque peu de son confort pour accueillir l’inconfort de quelqu’un d’autre. Mais ce « coût » émotionnel est largement compensé par la profondeur des liens qui se construisent ainsi.
Crédit : U.S. Army NATO / via DVIDS
Deux gestes concrets qui transforment votre façon de communiquer
Au terme de son raisonnement, Víctor Küppers ramène tout à deux gestes très concrets, faciles à retenir, mais exigeants à appliquer au quotidien. Selon lui, il existe deux techniques simples pour mieux communiquer : montrer un sourire, car personne n’aime faire face à un visage fermé, et pratiquer l’écoute active, car se sentir vraiment entendu fait se sentir important et valorisé.
En réunissant ces deux éléments, le message envoyé à l’autre est puissant : « Je suis content d’être avec toi, et ce que tu dis compte pour moi ». Un visage ouvert met en confiance, l’honnêteté assure la cohérence entre ce que l’on montre et ce que l’on pense, et l’écoute active fait de la place à la parole de l’autre. C’est ce trio qui transforme une simple discussion en moment de véritable connexion.
Concrètement, cela peut commencer par de petits changements : relever les yeux de son écran quand quelqu’un entre dans la pièce, accueillir un collègue avec un sourire, laisser une pause avant de répondre pour être sûr d’avoir compris, reconnaître honnêtement lorsqu’on s’est mal exprimé. Ces micro-gestes répétés créent une atmosphère relationnelle totalement différente.
La patience est nécessaire
Küppers insiste : ces efforts ne sont pas anodins. Ils demandent du temps, de l’attention, parfois même une forme de discipline intérieure. Mais ils finissent par revenir vers nous, car en traitant les autres comme nous aimerions l’être, nous augmentons nos chances d’être, à notre tour, bien accueillis, compris et respectés.
En résumé, la promesse de cette approche tient en une formule très simple, à garder en tête chaque jour : un visage souriant, une parole honnête et une écoute active. Ce sont ces deux gestes essentiels – sourire et écouter vraiment – que l’expert considère comme les techniques les plus efficaces pour mieux communiquer et construire des relations plus humaines.