« Marre des mecs » : ce médecin romancier livre une chronique poignante sur le quotidien des femmes ! (Vidéo)
« Je dois vous dire que ma vision des hommes a changé depuis mon installation, en tant que médecin généraliste » . Baptiste Beaulieu, médecin généraliste, tient la chronique « Alors voilà » sur France Inter. Il raconte les maux de ses patient(e)s et démocratise nos questionnements, doutes et angoisses ! Sa chronique « J’en ai marre des mecs, mais marre, marre, marre... » interpelle. En effet, un homme prend enfin les devants pour dénoncer les douleurs de celles qui prennent à leur charge les problématiques de leurs compagnons, celles qui culpabilisent bien trop souvent, qui encaissent seules. Découvrez cette chronique dans la vidéo ci-dessous :
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« J’en ai marre des mecs, mais marre, marre, marre… »
Alors, c’est venu, peu à peu. Mais, en vrai, je sais pas trop pourquoi je vous dis ça parce que je veux pas parler des hommes là, maintenant, tout de suite.
Hier, c’était la journée internationale des droits des femmes. Vous allez vous dire que cette chronique part dans tous les sens, mais c’est le sens de ma colère alors suivons-la.
Et commençons par évoquer les femmes qui ont croisé ma route de soignant.
Madame G., par exemple, qui vient un jour et qui me dit :
‘Bonjour, mon mari a mal au pénis lors des rapports sexuels et il m’a dit d’aller consulter car il pense que c’est ma faute. D’après lui, j’ai un problème.’
Le mari reste regarder la télé dans son sofa pendant que madame G. patiente 2h en salle d’attente.
Devinez quoi : elle ne présente aucun symptôme alors que son mari urine littéralement (excusez-moi du détail) du pus.
Il y a aussi cette patiente dont je me souviens, là, Madame R. qui pleure car elle n’arrive pas à concevoir de bébé avec son nouveau compagnon et que celui-ci… attendez, tenez vous bien… il lui fait la gueule ! (Mais que voilà une riche idée qui va bien améliorer leur situation et sécher les larmes de ma patiente).
Le pire ? Elle a déjà eu deux enfants avec un autre mec. Vous comprenez ce que ça signifie ? Parce que lui, manifestement, il n’avait pas compris que le problème était plutôt de son côté.
J’en ai marre des mecs, mais marre, marre, marre, si vous saviez comme j’en ai marre de NOUS. De nos petites lâchetés, de nos petites trahisons, de nos petits égos de coq, toujours mal placés, de nos angles morts permanents, et de nos orgueils démesurés.
Et madame L. ? Je vous ai parlé de madame L.? Qui vient pour une interruption volontaire de grossesse, et qui vient seule, et qui pleure, toute seule. Alors elle aimerait bien ne pas être seule hein, mais l’enfant débilissime qui lui sert de compagnon a préféré jouer à la Play Station en fumant des pétards plutôt que d’accompagner sa nana.
Les femmes sont fertiles seulement trois jours par mois, les hommes sont fertiles, sauf infertilité, à chaque rapport sexuel, 364 jours par an mais ce ne sont jamais eux qui pleurent dans mon cabinet parce qu’ils doivent gérer l’annonce d’une grossesse non désirée. Ce ne sont jamais eux. Non. Je leur tends jamais ma petite boîte de mouchoirs. Jamais jamais jamais.
Alors oui, je n’en peux plus des problèmes d’égo des types, là. C’est un puits sans fond. Et je vous le dis, ce matin, les femmes ont raison d’être énervées, de descendre dans la rue, de hurler leur colère.
Je me répète, je sais, mais j’en ai marre de nous, mais d’une force.
Ah et monsieur P. ? Je vous ai parlé de monsieur P. ?
Il vient au cabinet un jour, y a sept ou huit ans. J’étais jeune remplaçant, j’étais encore très naïf sur les choses de l’amour. Il me lance à la fin de la consultation :
« Ma femme est en pleine ménopause. Elle est de mauvaise humeur. J’ai droit à rien, même pas à une petite caresse de dépannage de temps en temps. »
Une caresse de dépannage ? Sérieusement ? Une caresse de dépannage ? Mais je vous jure ! Sa femme se débat littéralement avec les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur, le moral en berne, le maelström hormonal, et lui, en bon gros bébé pourri gâté, il boude parce qu’il n’a même pas « droit à ses caresses de dépannage ». J’ai honte de nous, sérieusement. Le sexe n’est pas un dû. Le sexe n’est pas un dû.
Être une femme hétérosexuelle, c’est quand même devoir choisir parmi un cageot rempli de fruits pourris celui qui vous pèsera le moins sur l’estomac, la plupart du temps. Alors oui, je sais, on va me dire « pas tous les hommes », eh bien je m’en fous : tant qu’il en restera un seul de pourri, il en sera de la responsabilité des autres, de tous les autres, de l’écarter le temps qu’on lui inculque, nous, les hommes, ce qu’il faut de respect et de dignité.
Albert Camus disait : « Un homme, ça s’empêche » Eh bien ça s’éduque aussi.
Et ce n’est plus aux femmes de s’en charger. Elles ont assez donné. Elles ont assez payé. »
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