Alzheimer : ces signes ignorés qui apparaissent bien avant les pertes de mémoire
Et si la maladie d’Alzheimer commençait bien plus tôt qu’on ne le pense ? Longtemps réduite aux troubles de la mémoire, cette pathologie pourrait en réalité envoyer des signes d’alerte bien avant les premiers oublis. Problème : ces symptômes précoces sont souvent banalisés… voire totalement ignorés. Pourtant, ils pourraient révolutionner la manière dont on anticipe et prend en charge la maladie.
Une maladie encore trop silencieuse
La maladie d’Alzheimer touche près d’un million de personnes en France, et les chiffres continuent de grimper. C’est une des maladies les plus redoutées, car elle affecte peu à peu la mémoire, le langage, le comportement et l’autonomie. Mais ce que l’on sait moins, c’est que la maladie s’installe sournoisement, souvent des années avant le moindre oubli.
Dans l’imaginaire collectif, elle se résume encore à un vieil homme qui cherche ses clés ou une grand-mère qui ne reconnaît plus ses enfants. En réalité, le cerveau commence à être endommagé bien avant que les pertes de mémoire n’apparaissent. Et certains signes étonnants pourraient nous mettre sur la piste, à condition de savoir les repérer.
Des chercheurs britanniques, entre autres de Public Health Wales, s’intéressent de près à ces signaux faibles. Le but : détecter la maladie plus tôt, bien avant qu’elle n’évolue vers des troubles cognitifs graves. Et ce qu’ils ont découvert pourrait bien bouleverser notre compréhension d’Alzheimer.
Avant la mémoire, ce sont vos sens qui se dérèglent
Avant même que les neurones ne montrent des signes de défaillance manifeste, le corps, lui, parle. Pas toujours de façon évidente, mais certains symptômes subtils pourraient être des prémices de la maladie. Le plus étonnant ? Il ne s’agit pas de la mémoire, mais… des sens.
Selon les études récentes, l’odorat, le goût et même l’équilibre pourraient être touchés dans les toutes premières phases de la maladie. Imaginez : vous mangez votre plat préféré, mais il a soudain un goût étrange. Vous entendez un son habituel, mais il semble différent, déformé. Vous avez des vertiges inexpliqués, une démarche un peu hésitante… Ces sensations peuvent sembler anodines, mais dans certains cas, elles ne le sont pas.
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Le cerveau étant impliqué dans la gestion des perceptions sensorielles, les toutes premières lésions de la maladie pourraient perturber ces fonctions bien avant celles liées à la mémoire. Et certains comportements du quotidien peuvent en aggraver le risque, comme la consommation régulière d’une boisson très populaire, même à faible dose, qui aurait un impact significatif sur le cerveau.
Ces symptômes étranges qu’on ne relie jamais à Alzheimer
Dans une grande enquête menée au Royaume-Uni, plusieurs patients diagnostiqués des années plus tard ont rapporté des modifications de leur perception sensorielle, sans jamais faire le lien avec une pathologie neurologique. Certains disaient ne plus reconnaître certaines odeurs, ou avoir du mal à apprécier les saveurs. D’autres avaient perdu confiance en leur équilibre, ressentant une instabilité injustifiée.
Ces changements sont d’autant plus difficiles à détecter qu’ils peuvent être confondus avec les effets « normaux » du vieillissement. Un goût qui change ? Ce doit être l’âge. Des vertiges ? Peut-être un problème d’oreille interne. Pourtant, dans de nombreux cas, ces petites alertes auraient dû faire tilt.
À l’inverse, certaines habitudes alimentaires pourraient avoir un effet protecteur, selon les dernières études. Boire régulièrement une boisson chaude bien précise pourrait, par exemple, contribuer à réduire les risques de développer la maladie. Un geste simple, mais potentiellement lourd de conséquences à long terme.
Dix ans avant la mémoire, la maladie est déjà là
Les chercheurs estiment que ces symptômes précoces peuvent survenir jusqu’à dix ans avant le diagnostic. Autrement dit, la maladie pourrait s’installer dans l’ombre pendant une décennie, modifiant lentement mais sûrement certaines fonctions sensorielles.
Dans certains cas, ces signes précèdent même les troubles de l’orientation, les difficultés à prendre des décisions ou à trouver ses mots. C’est un renversement de perspective. Et une opportunité.
Car plus on détecte tôt la maladie, plus on a de chances de ralentir sa progression. En agissant dès les premiers signes, des traitements, des essais cliniques ou des changements de mode de vie peuvent être envisagés pour retarder les effets irréversibles.
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Pourquoi on ne les remarque (presque) jamais
La difficulté principale, c’est que personne ne pense à Alzheimer lorsqu’il s’agit de ces troubles-là. Un changement de goût ? On pense à un problème dentaire ou à un effet secondaire de médicament. Des problèmes d’équilibre ? À une mauvaise posture ou au manque d’exercice. Or, l’addition de ces petits dysfonctionnements devrait alerter.
Même les médecins généralistes ne font pas toujours le lien, faute de protocoles clairs sur ces signaux sensoriels. Pourtant, selon les experts, c’est précisément là que le dépistage du futur pourrait se jouer : dans ces petits changements que l’on ressent sans vraiment s’en inquiéter.
L’ampleur du phénomène reste difficile à mesurer, d’autant que certains cas exceptionnels bousculent les certitudes : comme ce jeune homme diagnostiqué à seulement 17 ans, une situation rarissime qui questionne la science sur la nature même de la maladie.
Comment détecter Alzheimer plus tôt
Face à ces découvertes, certaines équipes médicales appellent à revoir les outils d’évaluation de la maladie d’Alzheimer. Plutôt que d’attendre les troubles de mémoire, pourquoi ne pas intégrer des tests sensoriels simples ? Une détection plus fine, plus large, permettrait de gagner un temps précieux.
Des solutions émergent déjà. Des applications mobiles sont en développement pour suivre l’évolution de la perception sensorielle chez les seniors. Des campagnes de sensibilisation sont envisagées pour apprendre à reconnaître ces signaux.
Il ne s’agit pas de créer la panique à chaque trouble sensoriel, mais de mieux écouter son corps, surtout lorsqu’il change sans raison apparente.
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