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Le dépistage de certains cancers s’effectuerait trop tôt, pouvant entraîner un surdiagnostic, selon plusieurs médecins

Publié par Eugenie le 09 Oct 2019 à 18:30

Pour plusieurs médecins, le dépistage prématuré du cancer serait une mauvaise chose car cela pourrait entraîner un surdiagnostic. En d’autres termes, un cancer peut-être diagnostiqué chez un patient et sera soigné alors que la maladie ne se serait peut-être jamais déclarée.

Le dépistage du cancer se ferait-il trop tôt pour de nombreux patients ? La réponse se penche plutôt vers le « oui » pour plusieurs médecins tels que le Dr Bernard Duperray, spécialiste du cancer du sein, Catherine Hill, épidémiologiste, ou encore le Dr Silvia Franceschi.

Pour le Dr Bernard Duperray, le surdiagnostic renvoie au risque de « diagnostiquer des cancers qui n’auraient pas donné d’inconvénients aux patients qui en sont porteurs s’ils étaient restés ignorés » , rapporte Cnews. En effet, pour certains cas, la maladie ne se serait peut-être jamais développée.

« Si on vous trouve un petit cancer du sein, on va vous faire une mastectomie, une tumorectomie, une reconstruction mammaire, voire une symétrisation, soit un an en traitement pour rien si ce cancer était destiné à ne jamais devenir symptomatique » , explique Catherine Hill, ancienne directrice du Service de biostatistiques et d’épidémiologie de l’Institut Gustave Rouss. Selon elle, le dépistage du cancer du sein ne doit pas être effectué avant 50 ans car il serait inutile avant cet âge là. Près de 75% des femmes auraient déjà fait une mammographie avant leur 50 ans.

« Le dépistage a la potentialité de transformer une personne bien portante en personne malade. D’où l’importance de vérifier qu’il ne nous fasse pas plus de mal que de bien. Il faut toujours mesurer le bénéfice et le risque«  , ajoute-elle.

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Dépistage du cancer de la prostate et de la tyroïde : un risque de surdiagnostic important

Selon Catherine Hill, « si on trouve un cancer de la prostate chez un homme, on va lui faire de la chirurgie. Et la moitié des hommes traités sont impuissants, incontinents, ou les deux. C’est pour ça que le dépistage du cancer de la prostate est déconseillé » .

« Après avoir réalisé des études autopsiques, on a trouvé que 30% de personnes de 30 ans et 80% de celles de 80 ans avaient des cellules cancéreuses dans leur prostate. Et la plupart de ces cancers ne deviennent jamais symptomatiques«  , souligne t-elle.

De même pour le cancer de la tyroïde où Catherine Hill assure que les études autopsiques ont montré que « 11% des gens avaient des cellules cancéreuses, dont la plupart ne deviennent également jamais symptomatiques » .

« La majorité des cancers surdiagnostiqués ont été traités par des ablations complètes de la thyroïde, souvent associées à d’autres traitements nocifs comme l’ablation des ganglions du cou ou la radiothérapie, sans bénéfices prouvés en termes d’amélioration de la survie » , a expliqué le Dr Silvia Franceschi, l’un des auteurs d’une étude effectuée par le Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC/IARC) , rapporte Cnews.

Pour rappel, en 2018, en France métropolitaine, le nombre de nouveaux cas de cancers est estimé à 382 000, d’après l’Institut national du cancer. Parmi ces personnes, près de 54 000 seraient atteintes d’un cancer du sein (Ligue contre le cancer) et environ 50 000 atteintes du cancer de la prostate. Avec près de 157 400 personnes décédées du cancer en 2018, cette maladie reste la première cause de mortalité en France.

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