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Effet Matilda : Quel est ce phénomène scandaleux révélé par la mort de Luc Montagnier ?

Publié par Romane TARDY le 11 Fév 2022 à 19:30
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Luc Montagnier est l’un des professeurs de l’Institut Pasteur le plus connu. En effet, il a été prix Nobel de médecine en 2008 pour ses travaux autour de la découverte du VIH. Il vient de s’éteindre à 89 ans. Le médecin Baptiste Beaulieu a toutefois mis en avance un phénomène assez scandaleux lié à l’histoire de ce scientifique : l’effet Matilda. On vous explique tout dans cet article.

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Luc Montagnier, prix Nobel pour la découverte du VIH, est décédé

Le professeur Luc Montagnier est mort ce mardi. Agé de 89 ans, il est connu comme une figure de l’Institut Pasteur entre 1972 et 2000 ayant contribué à isoler un nouveau virus, le VIH. Cette découverte lui a valu le prix Nobel de médecine en 2008.

Le spécialiste a dressé un bilan assez mitigé de cette découverte des années après : « On n’a pas réussi à éradiquer l’épidémie ou même l’infection, puisqu’on ne sait pas guérir quelqu’un qui est infecté » . Si certaines personnes guérissent du Sida, les médicaments ne permettent pas d’éliminer totalement le virus du corps de la personne infectée. La lutte et la recherche continuent.

Luc Montagnier
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Le professeur a aussi récemment fait polémique car il se montrait hostile à la vaccination contre le Covid. Emmanuel Macron lui a rendu hommage après l’annonce de sa disparition en saluant « la contribution majeure de Luc Montagnier à la lutte contre le sida, qui reste l’un des grands défis médicaux et scientifiques du XXIe siècle » .

La femme cachée derrière Luc Montagnier

Toutefois, un autre aspect a attiré l’attention de certains. Le médecin Baptiste Beaulieu a notamment souhaité soulever un point important. En story Instagram, il a voulu mettre en avant une autre figure de la lutte contre le Sida. « Petit rappel que Luc Montagnier n’a pas ‘découvert’ le virus du VIH tout seul. Françoise Barré-Sinoussi a reçu la même année que lui le prix Nobel. Elle est à l’origine de cette découverte » .

Dans la suite de sa story, L’écrivain ajoute qu’il trouve que l’importance de la virologue dans cette découverte est omise : « On ne parle jamais d’elle » . Il explique alors que la scientifique s’est simplement faite discrète : « Elle n’est pas partie dans des délires de soigner Parkinson avec de la papaye fermentée ou la téléportation de l’ADN bactérien. Elle voulait juste éradiquer le Sida et y a consacré sa carrière, discrètement » . Elle est pourtant aujourd’hui la présidente du Sidaction.

L’effet Matilda : l’oubli des femmes scientifiques

Le chroniqueur de France Inter veut aller plus loin : pour lui, cette omission se joue dans le fait que ce soit une femme. Il analyse dans cette histoire ce qu’on appelle « l’effet Matilda » . Il s’agit du « déni ou de la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins » .

Ce phénomène a été détecté en 1993 par Margaret W. Rossiter. En effet, elle a remarqué que l’effet Matthieu, c’est-à-dire le fait que certaines personnes soient reconnues au détriment de leurs collaborateurs, qui sont pourtant à l’origine de la renommée, était décuplé chez les femmes et notamment celles qui travaillent dans le domaine scientifique. Elle a alors nommé sa théorie l’effet Matilda en référence à la militante féministe américaine Matilda Joslyn Gage qui estimait que les hommes s’attribuaient les pensées intellectuelles des femmes.

Comme l’explique Baptiste Beaulieu, ce phénomène ne se limite pas à l’appropriation des travaux de chercheuses par la gent masculine. En cas de découverte simultanée, seul le nom du scientifique est souvent retenu et cela peut se retrouver dans les médias. De nombreux exemples ont déjà été observés : l’astrophysicienne Jocelyn Bell (oubliée dans la découverte du premier pulsar), la pédiatre Marthe Gautier (mise de côté sur la découverte de la trisomie 21), la physico-chimiste Rosalind Franklin (première photo de l’ADN volée à son insu)…

Si les mentalités ont évidemment évolué, des traces semblent encore tangibles de ce phénomène assez scandaleux…

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