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Enfoui sous 2 kilomètres de glace en Antarctique, des scientifiques découvrent un monde perdu vieux de 34 millions d’années

Publié par Gabrielle Nourry le 05 Juin 2025 à 6:34

Préservé sous le poids écrasant de la calotte glaciaire, ce territoire est resté intact depuis bien avant la glaciation.

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Sous l’épaisse couche de glace de l’Antarctique oriental se cache un monde invisible – intact depuis plus de 34 millions d’années. Cette étendue gelée, de plus de 10 millions de kilomètres carrés, dissimule un paysage oublié depuis des millénaires. Aujourd’hui, grâce à des technologies satellitaires de pointe, des chercheurs lèvent le voile sur une époque où l’Antarctique regorgeait de vie.

À la découverte des secrets d’une terre cachée

Une équipe dirigée par Stewart Jamieson, de l’université de Durham, a réalisé cette découverte avec l’aide de RADARSAT, un système satellitaire canadien. Cette technologie leur a permis de détecter de minuscules variations à la surface de la glace, révélant ainsi les contours du sol enfoui. Ce qu’ils ont trouvé est extraordinaire : un paysage ancien, sculpté par des rivières, de la taille du Pays de Galles, enfoui sous près de deux kilomètres de glace.

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monde perdu

« C’est comme ouvrir une capsule temporelle », a déclaré Jamieson. L’état parfaitement préservé du paysage témoigne de son extrême ancienneté. Protégé sous le poids de la calotte glaciaire, ce territoire est resté figé bien avant que les premières glaces n’apparaissent.

Ce monde perdu remonte à une époque où l’Antarctique n’était pas encore ce désert glacé. À cette époque, le continent faisait partie du supercontinent Gondwana – partagé avec l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Australie. On y trouvait des rivières sinueuses, des forêts denses et même des dinosaures, dont les traces continuent d’être découvertes, comme ces œufs fossilisés vieux de 100 millions d’années retrouvés récemment en Amérique du Nord, témoins saisissants de la vie préhistorique.

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Mais tout a changé il y a environ 20 millions d’années, lorsque les glaciers ont pris le dessus, figeant le paysage sous une couche massive de glace. Aujourd’hui, cette découverte aide les chercheurs à comprendre comment l’Antarctique a évolué, mais aussi comment la calotte glaciaire pourrait réagir aux températures mondiales croissantes.

De Gondwana à la glaciation

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La calotte glaciaire de l’Antarctique oriental (EAIS) a commencé à se former lors de la transition Éocène-Oligocène, il y a environ 34 millions d’années, quand le climat mondial s’est brusquement refroidi. Des régions en altitude, comme les montagnes subglaciaires de Gamburtsev, sont devenues les premiers foyers de formation glaciaire.

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Au fil des millénaires, les glaciers se sont étendus, formant cette immense masse de glace que l’on observe aujourd’hui. L’EAIS n’a pourtant pas toujours été stable : au cours du Miocène, elle a connu des phases d’expansion et de retrait liées aux fluctuations climatiques.

Des indices marins montrent même des reculs significatifs lors de périodes plus chaudes, comme au Pliocène moyen ou durant les interglaciaires du Pléistocène. Ces transformations ont laissé des marques sur le relief subglaciaire, que les scientifiques peuvent aujourd’hui cartographier avec une précision étonnante.

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Satellites et relevés géophysiques : des outils de révélation

C’est grâce à la constellation RADARSAT que les chercheurs ont pu détecter des caractéristiques topographiques invisibles. En analysant la pente de la surface de la glace, ils ont pu reconstituer la topographie du sol.

L’équipe de Jamieson a complété ces données avec des relevés radio-écho (RES) issus du projet ICECAP, permettant de révéler des formations anciennes et inattendues, sans rapport avec les mouvements actuels de la glace. Cela montre que la région a été modelée par l’eau, bien avant la formation des glaciers.

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Ils ont également utilisé la modélisation de flexion pour savoir si des plateaux aujourd’hui fragmentés formaient autrefois une seule surface, érodée sélectivement au fil du temps. Ces analyses révèlent un passé dynamique où les rivières sculptaient la roche – un passé que la glace a figé, mais pas effacé.

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Une leçon précieuse pour la science du climat

Comprendre l’évolution de l’EAIS est crucial pour anticiper son comportement futur. Elle est particulièrement vulnérable dans les bassins marins comme ceux d’Aurora et de Wilkes, zones sensibles à un retrait accéléré en cas de réchauffement.

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Jamieson et son équipe, dans une étude publiée dans Nature Communications, insistent sur l’importance de reconstituer les dynamiques passées pour prévoir l’avenir. « Il est crucial de comprendre comment cette masse de glace va réagir au changement climatique provoqué par l’homme », explique-t-il.

La découverte est d’autant plus importante que la région antarctique fait partie des zones les plus surveillées de la planète, tout comme certaines zones océaniques critiques récemment explorées par des scientifiques, qui ont mis au jour une découverte terrifiante dans les profondeurs de la mer Rouge, soulignant à quel point notre planète regorge encore de mystères inexplorés.

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Ce que l’histoire enseigne à notre futur

La révélation de réseaux fluviaux fossiles en Antarctique prouve que la technologie peut littéralement déchiffrer le passé géologique. En combinant relevés topographiques et archives naturelles, les chercheurs relient les ères et mettent en lumière l’influence du climat sur l’évolution des reliefs terrestres.

Ces avancées ne se limitent pas à l’Antarctique. D’autres régions de la planète, comme l’est de l’Afrique, révèlent elles aussi des changements tectoniques majeurs, à l’image de cette fracture gigantesque annonçant la naissance rapide d’un nouvel océan, preuve que notre Terre est toujours en mouvement.

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Ces découvertes sont essentielles : elles montrent que passé, présent et futur sont intimement liés. L’empreinte des paysages anciens nous offre des outils précieux pour comprendre les bouleversements actuels et anticiper les défis à venir.

Alors que l’humanité doit s’adapter à un monde en mutation, les glaces profondes de l’Antarctique deviennent une source inestimable de connaissances. Elles nous rappellent que notre planète est vivante, et que chaque couche de glace ou de roche recèle un message à décrypter pour mieux affronter demain.

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