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Alzheimer : un test éclair pour repérer la maladie bien avant les premiers symptômes

Publié par Killian Ravon le 16 Nov 2025 à 13:25

Les chercheurs britanniques annoncent un test cérébral ultra-rapide, totalement indolore, capable d’identifier un risque d’Alzheimer bien avant l’apparition de troubles visibles.

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Homme âgé équipé d’un casque d’EEG en clinique, technicienne réglant les électrodes, moniteur montrant des tracés.
En quelques minutes, l’EEG révèle la réponse du cerveau à des images déjà vues.

L’outil, baptisé Fastball, s’appuie sur un simple EEG et vient de franchir une étape clinique jugée prometteuse. À la clé, l’espoir d’un dépistage précoce et accessible, au moment où les traitements en développement sont les plus efficaces.

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Un dépistage qui manque la première décennie de déclin

Pendant longtemps, la maladie d’Alzheimer a avancé en silence. Les premières altérations de la mémoire se glissent dans les interstices du quotidien, trop discrètes pour alerter. Lorsqu’un diagnostic tombe, des années se sont parfois écoulées.

Les chercheurs à l’origine de Fastball partent d’un constat simple : les outils habituels, souvent lourds et tardifs, laissent échapper les 10 à 20 premières années de déclin cognitif. C’est précisément cette fenêtre que vise leur méthode, pour capter les tout premiers signaux, alors même que la vie semble « normale ».

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Dans ce contexte, l’attrait d’un test court, non invasif et reproductible devient évident. D’autant que les nouvelles molécules, comme les anticorps anti-amyloïdes évoqués dans l’actualité scientifique, montrent surtout un bénéfice lorsque l’intervention est très précoce. Plus on sait tôt, plus on peut agir.

Enregistrement EEG avec électrodes sur le cuir chevelu pendant une tâche visuelle rapide destinée à mesurer la reconnaissance implicite d’images.
Un EEG capte la réponse automatique du cerveau à des images déjà vues.
Crédit : Pixabay — NomeVisualizzato

Fastball : comment un EEG révèle la mémoire implicite

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Concrètement, Fastball n’exige ni injection ni bilan complexe. Le participant est équipé d’un électroencéphalogramme qui enregistre l’activité électrique cérébrale pendant qu’il regarde un flux d’images. Au début, huit visuels sont présentés et mémorisés.

Plus tard, ces mêmes images réapparaissent, mêlées à des centaines d’autres. Là, le cerveau trahit un réflexe bien connu des neurosciences : la reconnaissance automatique. Même sans effort conscient, l’EEG détecte une réponse particulière quand une image déjà vue resurgit.

Chez des adultes en bonne santé, cette signature est nette. Chez des patients présentant un trouble cognitif léger de type amnésique, réputé plus à risque d’évoluer vers Alzheimer, la réponse se révèle atténuée. C’est ce contraste, mesuré en quelques minutes, qui fait tout l’intérêt du dispositif.

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On n’évalue pas ici la performance à un questionnaire, mais une dynamique cérébrale souvent inaccessible aux tests papier-crayon.

Autre détail qui compte : la procédure est simple, standardisable, et peut être menée à domicile dans des conditions maîtrisées. Moins de stress, moins de barrières logistiques, plus de chances d’atteindre des publics éloignés des consultations spécialisées. Ce point, souvent sous-estimé, change beaucoup de choses pour le repérage précoce.

Patient allongé dans un tunnel d’IRM lors d’un examen de routine pour imagerie cérébrale en milieu hospitalier.
L’IRM reste un pilier de l’exploration cérébrale, mais n’est pas nécessaire à chaque étape du repérage.
Crédit : Pixabay — Mitrey
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Ce que montre l’essai clinique

Dans l’étude rapportée, 54 adultes en bonne santé et 52 patients souffrant de troubles cognitifs légers ont passé le test. L’équipe a observé que la signature EEG associée à la reconnaissance d’images diminuait chez les profils amnésiques.

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Dit autrement, un cerveau susceptible d’entrer dans une trajectoire Alzheimer répond moins fortement à la répétition discrète d’un stimulus visuel.

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Il ne s’agit pas de poser un diagnostic définitif, ni d’affirmer que toute réponse faible mène à la démence. L’ambition est plus pragmatique : proposer un indicateur simple, fiable et rapide qui stratifie le risque et invite, le cas échéant, à des explorations complémentaires.

En quelques minutes, un praticien obtient un signal utile pour décider d’un suivi renforcé, d’examens supplémentaires ou d’une surveillance régulière. Et si vous vous demandez pourquoi l’image plutôt que des mots, c’est que la mémoire visuelle implicite se prête particulièrement bien à la mesure automatique via l’EEG.

Illustration macro de fibres neuronales interconnectées symbolisant la transmission des signaux dans le cerveau humain.
La mémoire implicite se révèle dans des schémas d’activité très spécifiques.
Crédit : Pixabay — geralt
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Des espoirs nombreux, des garde-fous nécessaires

Les spécialistes saluent une première étape solide, tout en rappelant les exigences de la pratique clinique. Prédire l’évolution individuelle, distinguer les trajectoires lentement déclinantes des formes plus agressives, mesurer la précision du test dans la durée : autant de chantiers qui restent ouverts.

Plusieurs voix insistent aussi sur un point crucial : Fastball ne remplace pas les méthodes établies. Les scanners, les tests neuropsychologiques et, demain, les analyses sanguines en routine gardent toute leur place. L’outil s’inscrit comme complément pour un repérage plus rapide et plus inclusif.

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Mais saviez-vous que l’un des obstacles majeurs au diagnostic demeure l’accessibilité ? Entre délais d’attente, appréhensions et manque d’informations, une personne sur trois vivrait sans diagnostic formel.

Un test réalisable hors hôpital, peu coûteux et reproductible pourrait donc changer l’échelle, en particulier dans les zones où les spécialistes manquent. Cette dimension populationnelle est d’ailleurs au cœur des stratégies de santé publique pour les prochaines années.

Casque et schémas liés à l’électroencéphalographie, utilisés pour l’étude de l’activité cérébrale lors d’expériences visuelles.
Les banques ouvertes regorgent de visuels techniques sur l’EEG.
Crédit : Wikimedia Commons
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Pourquoi repérer tôt change tout

Repérer tôt, ce n’est pas seulement prescrire plus vite un traitement. C’est aussi organiser l’environnement, ajuster certains comportements, planifier un accompagnement adapté, et parfois ralentir la pente par des interventions ciblées.

La recherche avance sur les biomarqueurs et sur des thérapies qui modifient modestement l’histoire naturelle de la maladie. Dans ce contexte, chaque mois gagné compte.

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Le temps clinique et le temps biologique ne coïncident pas toujours. Les dépôts amyloïdes et les altérations cérébrales s’installent à bas bruit, des années avant la plainte mnésique.

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L’intérêt d’un signal neurophysiologique précis, capté par EEG, est d’offrir un repère objectif, peu sensible au stress d’un examen, aux biais d’un questionnaire ou au niveau d’étude du patient. C’est l’une des forces de Fastball : mesurer une réponse automatique plutôt que de solliciter un effort conscient.

Image d’un enregistrement EEG en clinique, électrodes posées sur le cuir chevelu, pendant un test visuel court de reconnaissance d’images.
En quelques minutes, un EEG capte la signature cérébrale de la reconnaissance implicite.
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Une méthode pensée pour le réel, pas pour le laboratoire

On aurait pu craindre un protocole sophistiqué réservé aux centres de recherche. C’est l’inverse : des images rapides, une capteurisation légère, une analyse standardisée et, surtout, la possibilité de déployer à domicile.

Dans les faits, cela signifie des passages plus fréquents, des suivis plus souples, des données comparables d’une session à l’autre. Et potentiellement, des algorithmes capables d’affiner la lecture des signaux au fil des essais.

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Au-delà de l’outil, le pari est celui d’un dépistage de masse raisonné : faire émerger précocement les profils à risque, sans saturer le système de soins, en orientant mieux vers les examens lourds.

Une telle stratégie reste à valider à grande échelle, et elle suppose de répondre à des questions très concrètes : qui teste, quand, à quelle fréquence, et que fait-on d’un résultat intermédiaire ? Les prochains travaux devront y répondre.

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Ce que disent les experts

Les réactions de la communauté scientifique sont prudentes mais optimistes. Certains chercheurs saluent une première pierre vers un test cliniquement utile, tout en rappelant que la prédiction individuelle de l’évolution reste à documenter.

D’autres soulignent l’urgence : trop de familles affrontent la démence sans diagnostic. Dans ce paysage, un outil plus rapide, inclusif et facile à déployer offrirait un véritable levier.

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Ce consensus nuancé tient en une phrase : ne pas survendre, mais avancer. Car la période actuelle est singulière : plus de cent médicaments sont en phase avancée d’essais, et l’intérêt clinique de traiter tôt se renforce.

Un test rapide qui améliore l’orientation des patients pourrait devenir déterminant, non pas pour trancher à lui seul, mais pour ouvrir la bonne porte au bon moment.

Et maintenant ?

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Fastball n’est pas un diagnostic à part entière. C’est un accélérateur de décision, un capteur de signaux faibles, une chance de ne plus laisser filer des années silencieuses.

Les prochaines études devront confirmer sa fiabilité, préciser sa sensibilité, et tester son impact sur les parcours de soins. Une chose est sûre : l’idée d’un EEG de quelques minutes qui révèle un déficit mnésique implicite change la façon d’imaginer le dépistage.

Ce détail que peu de gens connaissent : le test a déjà été réalisé au domicile de participants, montrant que la proximité et la simplicité ne sont pas accessoires, mais au cœur de la promesse.

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Et la révélation que vous attendiez ? Si l’essai confirme ses premiers résultats à plus grande échelle, Fastball pourrait devenir le premier test cérébral grand public capable de signaler, en quelques minutes, une vulnérabilité mnésique longtemps invisible.

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